Nosfell, c’est tout d’abord cet auteur, compositeur, chanteur et conteur atypique, à la croisée des rythmes rock, des percussions et de l’opéra, de la musique et de la danse. Un voyage sensoriel, guidé par cette voix incroyable qui joue avec les graves et flirte avec les aigus. Cette tournée « de poche », plus intime, lui laisse d’ailleurs plus d’espace sur scène : la basse du clavier polyphonique ronronne, une vieille machine de hip-hop et le « finger-drumming » viennent remplacer la batterie. Une jolie performance, où simplicité et envoûtement sont les maîtres mots.
« Amour Massif » est son quatrième album ; un opus autoproduit, après un triptyque qui nous a menés à travers le royaume de Klokochazia (endroit imaginaire aux personnages aussi poétiques que farfelus, raconté en klokobetz). Ce disque est une sorte de « sas de décompression », peint dans la langue de Molière. Se raconter en français ? « Un exercice un peu plus difficile, une manière de se mettre en danger, d’accepter les aspérités de sa langue maternelle, le poids de la culture, sa complexité…». Il y a chez Nosfell, quelque chose de mystique, de divin, d’aussi fascinant qu’inquiétant. L’artiste intrigue, bouscule et essaie désormais de se faire confiance en tant que musicien tout en se demandant si « ça peut suffire pour communiquer avec le public ». Réponse ? Oui, vendredi soir à la MJC Picaud de Cannes, l’audience était calme, attentive, envoûtée, conquise… La tournée pourrait repasser en début d’année prochaine par le Sud de la France, avis aux programmateurs.
Aurélie Mignone