LES NUITS DE ROBINSON : RICHARD BONA

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Le 09/08/2022 au Théâtre Robinson – Mandelieu la Napoule (06).

Les Nuits de Robinson sont des soirées spectacles proposées à Mandelieu la Napoule, dans un quartier moderne au bord du fleuve Siagne à l’endroit où il vient achever sa carrière en se jetant dans la méditerranée. Les spectacles sont donnés tout au long de l’été dans un amphithéâtre très proche de la scène qui donne une belle et chaude intimité entre le public et les artistes. La programmation est éclectique entre humour, théâtre et musique et fait preuve de qualité. Claire Rollando est à la barre de ce navire en tant que responsable de la programmation mais elle est aussi là, à la billetterie, chaque soir pour accueillir avec chaleur et gentillesse les spectateurs. Depuis des années, elle est secondée par Thibault Guillen, le régisseur technique qui a assuré une prestation son et lumière de qualité. 

Richard Bona est déstabilisant, il semble être une sorte d’artiste-musicien ultime, une personne qui aurait travaillé jusqu’au bout du bout tout ce qu’un musicien doit produire pour émerveiller son public, quand je l’écris, « tout » semble être un mot simple mais sa réalité n’est, en fait, rien d’autre qu’un miracle. En Afrique, on parle de Bonattitude pour définir son aura et sa présence. Tout d’abord, c’est l’humilité et la gentillesse du personnage qui étonne, ensuite arrive son humour et sa répartie et si la grâce musicale ne l’avait pas touché, il aurait pu devenir un des grands talents du stand up, ses vannes sont intelligentes et terriblement drôles, et elles le sont toutes ! 

Mais Bona c’est avant tout un musicien, un des plus en vue actuellement et lire sa biographie défie notre entendement, au point de se demander comment un être unique a pu accumuler ce type de maîtrise et d’expérience.  Parti de Douala, la douce capitale économique de l’immense Cameroun, il est passé par l’Allemagne, Joe Zawinul, grand jazzman autrichien, lui ouvre les portes de la scène internationale, il file ensuite en France, qu’il est obligé de quitter pour un titre de séjour non renouvelé (c’est ici un des secrets de notre beau pays ! faire fuir les talents par une politique xénophobe irrationnelle, en l’occurrence et une fois de plus totalement contre productive), pour ensuite parcourir le monde jusqu’à New York et Miami où il réside actuellement. En plus d’être un bassiste virtuose, c’est aussi un compositeur doué qui est un des rares jazzmen capables d’inventer des mélodies évidentes soutenues par un chant qui n’a rien d’accessoire et auxquelles il sait, à la basse, apporter une maîtrise technique époustouflante qui ne vient pas déstructurer la force des morceaux qu’il compose mais leur donner plusieurs niveaux de lecture. 

Ce soir-là, dans le très intime amphithéâtre du festival, n’importe qui aurait pu apprécier ce spectacle. Que ce soit le touriste curieux qui ne connaît la musique qu’à travers la variété radiophonique qui aurait pu danser et se tordre de rire à ses facéties comiques au mélomane absolu que je suis, terrassé par son approche de la musique et son talent multifacettes.

Pour finaliser cet aréopage d’éloges, je dois dire que même si c’est son nom que portent les affiches, Richard Bona partage vraiment sa musique et guide son groupe en laissant à chaque musicien la place pour déployer son talent et exposer son inspiration, son groupe majoritairement français et italien force aussi l’admiration par la bonne humeur, la volonté de partage et la virtuosité individuelle mais aussi commune de ce qui est un vrai ensemble. Bonattitude, l’expression restera pour cet éternel enfant qui tutoie le firmament mais garde cet œil vif et cet esprit curieux.

Emmanuel Truchet

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