Le 19/09/2024 au Conservatoire Pierre Barbizet – Marseille (13).
Pour cette soirée d’ouverture, on retrouve un fidèle du Festival Les Émouvantes, le violoniste Régis Huby, en duo avec le percussionniste italien Michele Rabbia dans un projet nommé ” In Parallel “. En introduction, Claude Tchamitchian avec sa casquette de directeur artistique et Fabrice Martinez (futur codirecteur du festival) avec sa casquette sur la tête, viennent nous présenter cette édition et cette soirée. Place à la musique. Régis Huby s’installe sur son tabouret au milieu d’un cercle de pédales d’effets à faire pleurer un guitariste de heavy metal. De son côté, Michele Rabbia sort quelques baguettes, balais et divers objets qui serviront (ou pas) d’instruments de percussions. Un léger bourdon s’élève du violon que l’archet frôle à peine. Puis, tout aussi imperceptiblement, Michelle Rabbia effleure sa caisse claire avec deux étranges boules blanches qui, de loin, telles des boules de neige, ne semblent pas complètement solides. Le set est lancé. Les séquences s’enchaînent sans que l’on sache vraiment quand l’une finie ou quand l’autre commence. Des séquences improvisées par des musiciens en totale symbiose, au-delà même de la complicité musicale. Le violoniste dépose sur le tabouret son instrument pour agripper un violon ténor, quelques pressions sur diverses pédales, des nouveaux sons traversent la scène, appuyés cette fois ci par des bruits électroniques en provenance d’un MacBook piloté par un tout petit clavier. Le ton monte quand le batteur prend ses balais et frappe ses toms, avec vigueur, pour répondre aux crissements saturés des cordes du ténor. Le calme semble revenir un instant avant un final qui laisse le public pantois, ébahi mais totalement enchanté.
21h, retour de Claude Tchamitchian mais avec son quartet Vortice. Ce tourbillon, issu des compositions du contrebassiste, nous ramène à l’enfance et à la joie des fêtes foraines populaires et animées. Des tours de manège, des friandises réclamées aux parents mais aussi les frayeurs artificielles du train fantôme. La clarinette printanière de Catherine Delaunay, les saxophones virevoltants de Christophe Monniot et le piano acidulé de Bruno Angelini vont nous accompagner dans ce songe éveillé. Les harmonies du sopranino et de la clarinette emportées par la rythmique bouillonnante de la contrebasse évoqueront à un moment la démarche d’un clown qui déambule de stand en stand. Alors que le passage en solo, à l’archet nous dira la tristesse de la journée de fête qui se finit. Un moment grisant, hors du temps, guidé par ses quatre musiciens aussi fabuleux qu’enthousiasmant.
Jacques Lerognon