#NVmagLive Report
Le 28/11/18 à l’Opéra Garnier – Monte-Carlo (MC)
Les quatre dimensions de John McLaughlin ont un invité de marque pour cette soirée à l’opéra Garnier de Monte-Carlo, le chanteur indien Shankar Mahadevan, une institution en Inde, un peu moins connu dans nos contrées.
Un très long set, plus 1h30, en forme de rétrospective, toute la carrière de McLaughlin y passe, de son passage dans Mahavishnu Orchestra à Shakti, en passant par ses périodes solos ou ses jams avec Paco de Lucia et même ce 4th dimension qui le suit depuis une bonne dizaine d’années. Du jazz fusion, dans tous les sens du terme. Le groupe est à son top niveau. Le bassiste, Etienne M’Bappé, profite qu’il a cinq cordes à sa basse pour doubler certains chorus de McLauglin qui n’est pourtant pas manchot sur un manche de guitare. Il nous offrira aussi un solo au lyrisme romantique sur un thème très lent de Pharoa Sanders, “The Light at the Edge of The World“. Suivra un hommage à de Lucia toujours en électrique puis un titre que McLaughlin annonce comme triste, sad, “Gaza City” mais que sa guitare et la frappe à la fois subtile et musclée de Ranjit Barot rendent plutôt mélancolique. Le guitariste de 76 ans n’a rien perdu de sa virtuosité, il nous le démontre dans presque chaque morceau sans pourtant “en faire des tonnes” dans la vitesse ou les doigtés acrobatiques. John Mclaughlin joue presque tout le temps en son clair, avec juste un peu de reverb’, sans ampli, la guitare semble directement connectée à la console. Shankar Mahadevan chante dans presque tous le set, des mélopées, des percussions vocales parfois soutenu par celles du batteur. Vers la fin du set, Gary Husband, délaisse ses claviers pour rejoindre une deuxième batterie, pour un duo à quatre baguettes et deux grosses caisses (très sollicitées) avec Ranjit Barot sous le regard amusé du guitariste et du bassiste. Le groupe passe en mode rock, McLaughlin s’approche de son pédalier pour enclencher la distorsion et finir en beauté, en énergie. Au moment de quitter la scène, McLaughlin fait tomber sa superbe guitare de son stand, heureusement plus de peur que de mal, le rappel nous prouve que celle-ci fonctionne encore à merveille sous les doigts du génial guitariste.
Jacques Lerognon