JAZZ à JUNAS – Samedi

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#NVmagLive Report

Le 22/07/23 – place de l’Avenir & Carrières du Bon Temps – Junas (30)

La dernière journée du Festival Jazz à Junas est souvent la plus festive. Celle de la 30e édition ne fait pas exception, le Minots Jazz Gang, le Sacre du Tympan, et Kutu sont au programme.

18h, les cigales et plus d’une trentaine de jeunes apprentis musiciens vont se succéder sur la scène de la place de l’Avenir. Ils ont suivi le Minots Jaz Camp pendant une semaine et présentent au public, parents, amis, le résultat de leur expérience avec leurs professeurs bienveillants Samuel, Guillaume, Elsa et Bozo, Du slam, du rap, des poèmes, des chœurs mais aussi un étonnant thème de Don Cherry, arrangé pour sax alto, flûte, cor en Fa (french horn) et percussions. La relève! Mais surtout beaucoup d’émotions pour ces gamins dont, pour la plupart, c’est la première approche d’un spectacle vivant.

21h, l’espace est bien occupé sur la scène des carrières, 14 musiciens du Sacre du Tympan, entraîné par leur leader, chef d’orchestre, arrangeur compositeur, le bassiste Fred Pallem. Ils fêtent avec nous leur dixième album « X ».  Une musique ample, joyeuse, chatoyante. Une rythmique puissante, batterie, percussions, basse électrique pulsée par quatre soufflants, électrisée par une guitare qui vient autant du rock que du jazz. Un quatuor à cordes rajoute quelques éléments de douceur, de malice en pizzicati. On voyage aussi avec « 62 satellites », « Mysterious Traveller » ou « Odyssée ». Fred Pallem aime la musique de film, il rend hommage à l’un de ses compositeurs favoris François de Roubaix. Un big band, du jazz moderne et inventif, des impros supersoniques et en final « Bitches in Marbella » qui célèbre Miles Davis (Bitches Brew) et Frank Zappa (Peaches en Regalia). Les fans du moustachu se régalent, le thème est joué presque note pour note avant d’être trituré par Guillaume Magne sur sa six-cordes en folie et le trombone de Daniel Zimmerman sur un velouté de cordes et d’archers. Sacré Pallem!

23h. Les cinq membres de Kutu sont là. Du violon Théo Ceccaldi lance la machine à bouger. Du jazz revenu d’Afrique. L’Ethiopie à Junas. La basse de Vincent Ceccaldi, les claviers de Nirina Rakotomavo et la batterie du pétulant Cyril Atef assurent le groove. Hewan Gebrewold nous ensorcelle de sa voix chaude et d’une intensité rare. Prévoyante, l’organisation a retiré les trois premiers rangs de chaises. Dès le deuxième morceau, le bout de piste improvisé est envahi par les danseurs qui se trémoussent. Même les photographes se contorsionnent en rythme pour pouvoir cadrer les musiciens. Totalement pris dans la transe, le violoniste parcourt la scène, use de son instrument comme d’une guitare, fait les chœurs avec la chanteuse d’Addis-Abeba. Ça rap, ça funk, ça pulse. Les chorus de violon répondent au riff puissant de la basse. Et pourtant si on danse, on saute, on se déhanche, les textes eux s’inspirent de la tradition azmari: politique, féminisme, lutte sociale.
Les pierres des carrières, qui pourtant en ont vu et entendu depuis l’époque gallo-romaine et en trente ans de festival, se souviendront longtemps de ce final explosif.

On ne peut terminer la chronique de ce festival sans remercier tous les bénévoles qui œuvrent dans la bonne humeur pour que tout se déroule de la meilleure façon. Et, à l’heure où l’on part se coucher, certains doivent encore démonter les barnums, les pompes à bières, ranger les chaises et trier les sacs poubelles.
Rendez-vous en 2024.

Jacques Lerognon    

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