JAZZ à JUNAS : PIERS FACCINI – MAMMALS HANDS

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#NVmagLiveReport

Le 21/07/22 – Carrières de Junas (30)

Ce jeudi débute par une interview du chanteur anglais Piers Faccini, après ses balances. On pourra la lire à la rentrée dans Nouvelle Vague. On le retrouve sur scène, peu après 21H avec tout son groupe «Shapes of The Falls». Côté jardin, (même s’il n’y a que les murs des carrières) l’altiste Séverine Morfin et la violoncelliste Juliette Serrad, au centre Piers et sa Guild électrique, côté cour Malik Ziad au guembri et mandole et le batteur italien Simone Prattico. Folk anglais, musique du monde, voyage intime, ode à la nature. On arrive vite au titre phare de ce nouveau projet, la magnifique chanson « Dunya » que Piers Faccini chante d’abord en arabe avant de retrouver sa langue maternelle. Simone Prattico se fait plus percussionniste que batteur pour accompagner le son de la basse artisanale produite par le guembri. Les voix susurrées autant que chantées de l’altiste et de la violoncelliste se superposent aux sons de leurs cordes frottées. Faccini nous invite à redécouvrir le 1/4 de ton qui a disparu de notre musique mais qui est encore bien vivace au Maghreb comme en orient. C’est Sévérine Morfin qui, avec son alto, nous fait entendre ses modes passés mais pas dépassés. Changement radical, quoique, avec le morceau suivant, guitare et harmonica, blues du sud qui, par d’infimes variations, rejoint les harmonies berbères. Plus tard, un duo guitare (avec beaucoup de réverb) et les balais qui frottent la caisse claire mais bientôt les autres les rejoignent pour faire repartir le thème vers d’autres contrées. La mandole électrique de Malik Ziad sonne comme un oud ou comme une mandoline du sud de l’Italie au gré des chansons. L’heure tourne vite hélas, les musiciens s’échappent vers le backstage mais reviennent vite pour un rappel pour le plus grand plaisir du public nombreux.

Le temps de se désaltérer, il fait encore bien chaud, c’est le moment d’accueillir le trio du Norfolk, Mammal Hands. Très peu de lumière sur scène comme pour nous préparer à ce jazz « ambiant » que joue le groupe. Le batteur bricole le synthé posé non loin de sa charleston, puis le son de la clarinette basse (filtrée) de Jordan Smart surgit de la pénombre. Nick Smart égrène quelques notes sur le Steinway. Le climat de cette fin de soirée est posé. Si l’électronique s’en mêle, elle reste toujours tapie derrière les (vrais) instruments. Le ténor remplace la clarinette dans la bouche de Jordan Smart, une puissance contenue qui pourtant finit par s’échapper. Une musique dense, souvent répétitive, qui créé comme une hypnose dans laquelle il est bon de se laisser aller. Nous avons le droit à un nouveau morceau, pour l’instant encore sans nom, de leur prochain album. Ils ne changent pas de style. Jesse Barrett nous offre par deux fois de longs solos sur sa batterie qui participent à cet envoutement que l’on ressent de plus en plus profondément. Rendons ici hommage aux techniciens du son dont la qualité du travail nous permet de profiter pleinement de toutes les subtilités de cette musique dont certains diront plus tard « c’est un peu du Michael Nyman sous acide ». Et le batteur, croisé peu après la fin du concert, appréciera cette comparaison avec un sourire non feint.

Jacques Lerognon

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