#NVmagLiveReport
Le 22/07/22 – Carrières de Junas (30)
Sur la place de l’Avenir, en fin d’après-midi, le public de Junas découvre Coccolite, un des groupes phare de la scène émergente du jazz français. Un groupe lauréat du programme Jazz Migration l’année dernière. Le trio joue un jazz teinté de funk et d’électro au groove imparable. Thimothée Robert délaisse fréquemment sa basse électrique pour des synthés posés devant lui. Le batteur, Julien Sérié, use par moments d’un pad en soutien de ses toms. Quant à Nicolas Derand, son clavier Nord Stage lui permet d’aller du piano acoustique à main droite aux pitch d’un vieux Moog à la gauche. Le bassiste est en verve (la chaleur, les cigales ?) il nous commente la plupart des titres avec beaucoup d’humour. On retiendra l’un d’eux « Descente d’acide » pour sa très belle mélodie et le duo entre le synthé et le clavier. Ils n’hésitent pas à la fin de leur set à échanger longuement avec les spectateurs venus les rencontrer.
Malheureusement, la pianiste Rita Marcotulli n’a pu se déplacer à cause du Covid. Mais le réseau et leurs amis des organisateurs ont permis de nous proposer un autre magnifique duo. C’est le contrebassiste Michel Benita, partenaire de longue date, qui jouera avec Andy Sheppard.
Premières notes, premières impressions : Swing et complicité. Le ténor dialogue avec la contrebasse comme dans un vieux club de la 52e rue. Une longue mélopée soutenue par les 4 cordes qui revient sur le devant pour développer sa propre réponse. Grand moment dès le 3e titre qu’ils jouent, leur version toute en délicatesse du “I Want To Vanish” qu’Elvis Costello chantait avec Anne-Sofie Von Otter. Le concert est filmé pour la télévision ce soir, on pourra ainsi le revoir, oui mais on entend aussi le bzzzzz des drones dans le ciel, heureusement, vite, ils prennent de l’altitude et la musique reprend ses droits. Andy prend son soprano, une intimité s’installe entre le duo et le public.
Des spectateurs avides de profiter encore longtemps de cette connivence mais aussi désireux de plonger dans les motifs atmosphériques du Portico Quartet…
Les voilà qui s’installe dans une obscurité propice. Un loop à l’archet puis saxophone. De douces percussions viennent compléter le tableau. Duncan Bellamy, l’un des deux membres fondateurs (avec Jack Wyllie aux sax), semble diriger le groupe. Pas seulement parce que c’est lui qui prend la parole mais aussi parce qu’il donne le ton de leur musique. Il utilise beaucoup de sons synthétiques avec sa batterie mais son jeu sur les cymbales (en bon vrai métal) est tout à fait somptueux et participe grandement à leur image sonore. Les claviers sont presque en retrait. Quand le bassiste épaule sa basse électrique, leur son se fait plus rock avant vite de redevenir hypnotique, répétitif, à la façon de Sigur Rós ou des tintinnabulations de Mike Oldfied.
Bien qu’encore sous l’envoutement, le public finit par quitter les carrières. Certains pour rejoindre le bar où une jam session prend le relais.
Jacques Lerognon