JAMMIN’ JUAN

0
15

#NVmagLiveReport

Du 06 au 08/11/24 au Palais des congrès de Juan-les-Pins (06)

Cette année, le festival Jammin’ Juan proposait au public et aux professionnels pas moins de 21 showcases sur trois jours.  Nous avons choisi d’évoquer deux coups de cœurs par jour et quelques bonus, choix totalement subjectifs.
Mercredi 6, dans la salle Fitzgerald nous entendons le quartet de Simon Denizart, pianiste né en France mais installé au Québec. Un line-up assez original car à ses côtés outre le bassiste Jonathan Arseneau, il y a un batteur Michel Medrano Brindis et le percussionniste Elli Miller Maboungou. Autant dire tout de suite que son set est coloré et rythmé. Les très belles mélodies sont autant imprégnées du jazz classique que des musiques du monde. Le gros son de basse donne une pulsation et un groove qui enrobe la musique du quartet. Juste après, dans la salle du bas, on découvre, avec grand plaisir, le quartet de la violoncelliste Adèle Viret. Son frère Oscar est à la trompette, le batteur belge Pierre Hurty est aux baguettes et le pianiste tunisien Wajdi Riahi découvert ici même en 2022, à la tête de son trio. Très belle musique, très bleue. Les dialogues du violoncelle avec le piano, tout comme les unissons piano-trompette enchantent le public. Adèle Viret s’offre parfois quelques solos et s’adonne à la walking bass quand besoin se fait sentir d’assoir la rythmique. On imagine déjà un bel avenir à ce groupe et à sa leadeure.
Le petit bonus du jour, encore un quartet, celui du pianistes argentin Pablo Murgier. On retiendra surtout la magnifique performance du joueur de bandonéon Simone Tolomeo. Argentine, tango et bandonéon, le tout dans un jazz moderne et dynamique.


Jeudi 7. Une confirmation et une découverte.
La confirmation, le quartet “Soft Power” du pianiste et compositeur Christophe Imbs. On l’a déjà vu dans cette même salle mais avec une autre formation. Si Joan Eche-Puig est toujours à la contrebasse, Elie Martin-Charrière tient désormais la batterie (et de quelle façon !) et Baptiste Stanek est au ténor. Le piano est toujours flanqué d’une multitude de pédale d’effet que l’on trouve plus souvent aux pieds d’un guitariste. C’est toute la force de ce groupe le son à la fois acoustique et électronique. Des boucles, de la reverb’ alors que les trois autres musiciens sont sagement acoustiques. Dire que l’on entend du rock parfois n’est pas exagéré mais dès que le saxophone prend sa place le jazz est là et bien là! La découverte: le trio de la bassiste et chanteuse équatorienne Helena Recalde. Sa musique d’inspire des airs traditionnels de son pays auxquels elle insuffle quelques influences orientales (celle de son pianiste libanais Fady Farah) ponctués par le drumming nerveux et efficace de l’argentine Vanessa Garcia. Là encore une belle énergie tant dans le chant que dans le jeu de basse électrique façon guitar-hero parfois.
Le bonus du jeudi, le combo breton ‘Ndiaz. Entre jazz et fest-noz. Un accordéon et un étrange instrument venue des années 50, l’electravox. Une musique très dansante qui n’oublie pas de swingue sous l’impulsion du sax et de la trompette.

Vendredi 8, c’est déjà le dernier jour et nous avons encore quelques belles choses à entendre.  Découvert lors de son passage à Mandelieu, le groupe NO(w) Beauty s’impose ici. Les quatre musiciens maîtrisent leur répertoire et les 35 minutes passent très (trop) vite. Le piano d’Enzo Carniel, la trompette d’Hermon Mehari rivalisent dans les solos sans pourtant faire compétition. L’appui rythmique de Damien Varaillon et du batteur Stéphane Adsuar est aussi impeccable que de haute tenue. Cohésion parfaite de ce quartet sans leader revendiqué.  Venue de Suisse les quatre musiciens de Mohs vont d’abord intriguer avec leur jeu électrique mêlé d’électro. Puis envoûter le public avec des ambiances presque planantes. Un sentiment de puissance s’échappe de leur jeu. La guitare d’Erwan Valazza s’allie la trompette de Zacharie Ksyk, tous deux, apaisés ou aiguisés par basse et batterie qui régulent ou enveniment la musique du groupe. Le dernier bonus de cette édition est pour le septet INK “African Roots”. La réunion d’un quintet de jazz avec deux musiciens et chanteurs burkinabés. Si le jazz vient des États-Unis, ses racines sont bel et bien en Afrique. Quand le piano de Pierre-Alain Goualch duotte avec la kora de Drissa Dembele ou le N’Guoni de Losso Keïta la magie opère.
De vrais bons moments que l’on prend plaisir à partager.

Jacques Lerognon

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici