Directrice de production de la salle de concerts du Petit Duc à Aix-en-Provence (13). lepetitduc.net
Chanteuse et musicienne du groupe Vis à vies.
Ta personnalité, ton parcours ?
Très dense… sur les planches dès l’âge de 3 ans, danseuse professionnelle à 11 ans, je crois que j’ai tout fait du métier d’artiste et de production… à part composer car j’ai à mes côtés le compositeur Gérard Dahan. Il écrit un répertoire de chansons sur mesure pour la chanteuse et musicienne que je suis devenue. Pour les textes, j’ai toujours apprécié partager les mots afin de les ouvrir au monde; entre autres, à mes côtés l’auteur Pierre Grosz qui a beaucoup apporté à notre répertoire ou encore Jean-François Bourdet et Gérard. Depuis bientôt 10 ans ma vie d’artiste est en alternance car je me suis prise de passion pour l’aventure de la salle de concert Le Petit Duc, et surtout pour des artistes de tous horizons ! Nous avons ici pour vocation d’accompagner la création et depuis 2020 cela est devenu encore plus précieux. De là, notre apport avec notre chaîne web du Petit Duc, atypique pour une petite salle, permet de retransmettre en direct les concerts de la saison. Chaque captation est donnée gracieusement aux artistes afin qu’ils constituent des outils de communication, indispensables. Cette chaîne permet aussi de toucher un public isolé, empêché, éloigné, parfois même à l’étranger; un complément pour la salle qui affiche souvent complet ! Pour ma personnalité. Toujours plus passionnée, curieuse et récompensée de tous ces partages.
Ta playlist:
– Album : “Hope” du Kevin Norwood Quartet, en jazz… pas seulement parce que Le Petit Duc l’a produit mais, c’est un artiste tellement généreux, une voix qui se remarque. Il n’y a pas tant de voix masculine en jazz. Également “Korrespondens” de Eskelina. Une jolie plume en français pour une suédoise à la voix envoûtante. Là aussi une artiste que nous avons accompagnée avec le soutien de la SPEDIDAM.
– Film : “En corps” de Cédric Klapisch ou encore “Yesterday” de Danny Boyle.
– Livre : “L’homme qui voulait être heureux” de Laurent Gounelle.
– Concert : Ça va être dur de choisir car j’assiste à tous les concerts du Petit Duc, alors je botte en touche en vous révélant ce qui me touche dans un concert : la sincérité, la générosité, l’audace sans fanfaronnerie, l’écoute et les regards qui circulent entre musiciens. Et même quand cela évoque des choses difficiles et sombres, que le public ressente aussi un moment privilégié d’harmonie, une bulle de bonheur et un sentiment d’humanité partagée.
Ta plus grande émotion musicale ?
Il y en a beaucoup mais si je ne dois n’en citer qu’une, c’est la dernière création de Mandy Lerouge “Del Cerro”. Elle a mené une véritable enquête dans l’histoire, dans les partitions, la bibliothèque personnelle mais aussi les carnets de composition d’Antoinette Pépin. Il s’agit de la co-compositrice qui signait sous le nom de “Pablo Del Cerro” au côté d’Atahualpa Yupanqui.
Ton espoir pour le futur ?
Comment dire ? L’espoir, en ces temps sombres, plus que jamais il faut le préserver, mais en le nourrissant. En aiguisant notre attention au monde, à ce qui s’y joue. Garder en tête ce qui est “essentiel” pour l’humanité : l’amour et la bienveillance entre les gens, les peuples. Agir en conscience. J’ose ces mots qui ont un sens (re)fondateur pour espérer un monde meilleur. Si l’art – en général et pas seulement la musique – ne peut pas tout faire, je pense qu’à plus d’un titre il peut y contribuer. Il participe entre autres à l’éveil de la sensibilité qui en est un ressort précieux. En ce qui concerne la musique, elle est partout, ce qui est souvent appréciable ; mais malheureusement, aujourd’hui elle est exploitée abusivement par les GAFAM. Il est par exemple important d‘y résister. La musique est universelle. Elle peut faire tant de bien. Et je repense à cette danseuse étoile atteinte d’Alzheimer, totalement mutique et isolée qui, à plus de 90 ans, retrouve le geste fluide et inspiré de la chorégraphie, juste en écoutant la musique du Lac des Cygnes. Si le monde devenait amnésique, il pourrait se reconstruire juste en écoutant, voire en jouant de la musique ! Alors il ne serait fait que de belles choses. On peut rêver.