FFF

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Le 22/07/17 au Mas des Escaravatiers – Puget sur Argens (83).

#NVmagLiveReport

FFF accouche de son premier album Blast Culture en 1991. Ce dernier fait l’effet d’une bombe, la France souffrant en ce début des 90’s d’une crise de manque de Funk clairement revendiquée. La Fédération Française de Funk fait une entrée fracassante dans l’univers musical Français.

Au départ parrainé par l’immense Georges Clinton qui vient même apparaître dans le premier clip, le groupe formule une promesse claire : représenter le Funkadelic hexagonal et fonder les bases d’une grande famille Funk en France. L’énergie de Marco Price à la voix et un Funk coloré, explosif et électrique nous crèvent les tympans et nous éblouissent la rétine. Le groupe va gagner ses galons sur scène mais aussi en produisant de très bons albums. Hélas le succès en France leur monte un peu à la tête et ils se mettent à l’esprit de conquérir le monde anglo-saxon. Leur deuxième album composé en Anglais est dédié à cet objectif mais c’est sans compter sur une concurrence qu’ils avaient peut-être mal évaluée, en effet les US et même la scène anglaise regorgent de groupes qui ont des lignes de basse Funk dans les veines pour un style musical qui ne recueille pas le même intérêt de la part du grand public anglo-saxon qui entend du Funk de grande qualité depuis 30 ans. S’ajoute à cela un album un ton en dessous du premier qui dilue l’identité du groupe dans un anglais que d’autres maitrisent bien mieux. En 1996 le groupe reprend ses esprits et sort FFF un excellent album écrit en français et reprend des forces. Vierge arrive en 2000 et le ton change un peu. Sur cet album, que j’avais déjà chroniqué pour Nouvelle Vague (il y a 16 ans !) le ton change et ce sont des chansons plus calmes qui me touchent davantage comme Alice qui décrit une histoire d’amour passionnée et métissée qui me touche au plus haut point. Le groupe va ensuite entrer en léthargie jusqu’en 2007 où ils se font remarquer au Solidays avec une énergie intacte (Une vidéo live de Barbes traine sur Youtube). Depuis 2013, le groupe survit et produit de temps à autres de bons concerts avec une modestie nouvelle et bienvenue. Marco Prince viendra même se rappeler à la mémoire des fans français en participant avec beaucoup d’à-propos et de compétence au télé-crochet La Nouvelle Star.

En 2017 que reste-t-il de cette épopée ? Le concert programmé le 22 juillet au Mas va répondre à pas mal de mes interrogations et c’est avec beaucoup de curiosité que je me rends à Puget sur Argens. Premier constat le lieu est rempli et la foule décidément très patriotique semble ne pas avoir oublié cette fédération Française qui a enflammé leur jeunesse et la mienne !

Dès l’apparition des musiciens sur scène on constate que l’équipe est quasi complète avec le renfort d’une choriste/tromboniste. Bien évidemment les faciès ont un peu vieilli mais très modérément que cela car nous le savons tous la musique conserve. Dès les premières notes on retrouve la douche électrique Funk que nous connaissions. L’énergie est bien palpable et le groupe n’a rien d’un rassemblement de vétérans qui vient chercher d’ultimes cachets tirés d’une recette éculée qui vit encore dans l’esprit des fans aux tempes grisonnantes. L’authenticité reste d’actualité et chacun reprend sa bruyante place dans le dispositif scénique FFF. Bien sûr depuis les années 90 j’ai vu des centaines de concerts, notamment les plus grands groupes Funk, et l’émerveillement n’est pas du même niveau que quand j’ai vu FFF la première fois en 1992.

Cependant FFF tient la promesse d’une Fédération Française de Funk et tient sa place avec brio en représentant toujours en matière d’ampleur sur scène le top du Funk hexagonal. Marco se donne au public comme au premier jour mais avec plus de maitrise et les musiciens saturent ce joyeux bordel de tout ce qu’ils peuvent, surtout du bon riff de guitare bien métallique. J’aurais personnellement préféré un ensemble plus délié et moins rempli pour laisser le groove Funk mieux respirer mais la respiration ne fait pas partie du style FFF et la liesse dans le public légitime le choix du groupe. Bien sûr les français de FFF n’ont pas le sens de l’ordre des musiciens américains comme le Funkadelic ou la scène bien que surchargée de talents trouve mystérieusement une place mieux déterminée à chacun et propose un ensemble plus lisible et entrainant … mais on a parlé de Fédération Française, non ? Le groove est pourtant bien présent et l’ensemble, jeu de scène y compris évoque souvent Raoul Petite de la grande époque, avec un soupçon de qualité musicale en plus pour ces derniers.

Il n’en reste que Marco reste un showman exceptionnel et un très bon chanteur, à défaut d’être un grand ou un excellent chanteur, quand on a vu les grands chanteurs Soul-Funk américains. Le plus important est que l’esprit du groupe demeure tout comme sa fière revendication d’une France métissée des quartiers populaires à laquelle j’adhère à 100%. La prestance et la finesse d’esprit de Marco sont une habitude et ses références au petit Bamboula qui sommeille tout au fond de nous m’a semblé très à propos pour ce concert qui propose une musique noire pour un public tout à fait blanc et plutôt propret qui m’a fait, je dois le reconnaître un peu tiquer. La foule exulte et le concert emporte le public.

En conclusion on peut dire qu’FFF ce n’est pas du souvenir, loin de là mais de l’énergie et de la conviction à l’état pur … Longue vie à cette Fédération qui devrait, avec des concerts comme celui du Mas, recruter de nouveaux licenciés en nombre, le Funk et son esprit militant, léger et déluré en même temps nous manque !

Emmanuel Truchet

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