#NVmagLiveReport
Le 27 & 29/09/18 au Théâtre des Bernardines –Marseille (13)
jeudi 27. Andy Emler créait avec son sextet “The Emovin’ Ensemble“, une commande de Claude Tchamitchian, le directeur du festival “Les Émouvantes”. Accompagné par le violoniste Dominique Pifarély, le saxophoniste Matthieu Metzger, le bassiste Sylvain Daniel et le batteur Éric Echampard. Une suite en sept mouvements pour un groupe inédit. Un jazz de chambre moderne, une musique très écrite qui laisse pourtant une grande liberté aux musiciens. Dominique Pifarély au violon ne se gêne pas pour distiller quelques lignes mélodiques (parfois légèrement tziganes) sur les accords du piano d’Andy Emler souriant et concentré. Basse et batterie assurent les cadences mais Sylvain Daniel, médiator dans la bouche s’échappe de temps à autre pour un chorus vibrant sous l’œil (un peu goguenard) de Matthieu Metzger qui n’est pas en reste. Les sept mouvements s’enchaînent finalement trop vite, un peu plus d’une heure et Andy Emler nous présente son quintet et nous laisse seul à méditer ce set d’une musicalité rare.
Samedi 29 septembre, c’est déjà le dernier des quatre jours de ce festival.
Sur le programme, le premier set ressemblait à un challenge et une grosse interrogation. Lé Quan Ninh, “Autour de John Cage” percussions solo. Sur la scène, une grosse caisse posée sur son support à l’horizontale, des cymbales, un archet et une quantité de baguettes mais aussi des objets étranges dans un tel lieu, pommes de pin, galets, une lame de scie circulaire, …. Un triangle avec deux micros qui pointent vers son centre puis une caisse claire et ses instruments contondants. Une improvisation sur la grosse caisse pour débuter, puis Une pièce de John Cage intitulée, “Composed Improvisation for snare drum alone“. Et, la plus passionnante, une composition pour triangle d’Alvin Lucier, “Silver Streetcar for the Orchestra” inspirée du triangle des tramways de New Orleans. On reste perplexe, puis on est envahit par les harmoniques générés par le triangle, captant au passage musique,silence, vibrations. Quand Ninh revient à sa grosse caisse pour une dernière impro, on reprend un peu ses esprits pour suivre le rythme des baguettes, des cymbales frottées à même la peau du tambour, jusqu’au coup de final qui nous libère. On sort lentement de cet instant musical intense.
Le deuxième concert allait changer du tout au tout. Le big band du violoniste Régis Huby pour son projet “The Ellispse“. Un vibraphone et un marimba occupe une grande partie de la scène heureusement assez profonde. La musique de Régis Huby n’est pas classable dans telle ou telle catégorie, jazz, musique classique ou contemporaine. Il y a même des passages que Frank Zappa ne renierait pas. L’écriture est complexe et offre à chaque musicien le loisir de s’exprimer. les soli incendiaires de Marc Ducret, le trio à cordes violon, alto, violoncelle (chacun d’eux branché sur un copieux pedalboard) ou encore le seul cuivre, un trombone. Musique innovante, ambiance conviviale, cadre magnifique. Un festival à taille humaine qui permet aussi une proximité avec les musiciens, c’est rare, on peut après le concert, échanger quelques mots, impressions sur les tables autour de la buvette. . Autre exception, le public, entre un bon tiers et une moitié ont moins de la quarantaine.
Rendez-vous est déjà pris pour 2019.
Jacques Lerognon
Dominique Pifarély & Andy Emler
Sylvain Daniel & Matthieu Metzger
Big Band