#NVmagLiveReport
Le 14/07/18 à La Pinède Gould, Juan-les-Pins (06)
Après l’avant-première plutôt pop-rock de Lenny Kravitz, le 58e Jazz à Juan prend son véritable départ en ce 14 juillet.
Le soleil descend lentement sur l’horizon quand le quartet d’Eli Degibri arrive sur scène. Le saxophoniste revendique une influence, une parenté, avec la musique d’Hank Mobley. Un jeu ténor ondoyant, jamais agressif, du hard bop cool si on ose le terme. Il joue ses propres compositions extraites de ses précédents albums ou certaines du prochain à venir bientôt, ou même d’un suivant pas encore enregistré. Un des morceaux Don Quichotte n’avait jusqu’à peu pas encore de titre officiel. En costume cravate malgré une chaleur non négligeable, le leader ne se dépare pas d’un sourire pétillant tout au long du set. Son groupe est composé de jeunes musiciens israéliens. Tamir Shmerling à la basse et Eviatar Slivnik à la batterie et la très belle prestation du pianiste Tom Horen, particulièrement en verve, sa main droite vivace parcourant presque toute l’étendue du clavier dans de très beaux soli. Un court rappel où Degibri joue sur son soprano, un morceau au tempo très lent, aux sonorités orientales, qui nous amène jusqu’à l’heure du feu d’artifice.
Après un bouquet final aussi grandiose que sonore, c’est l’heure pour André Manoukian de prendre place derrière le Steinway. Une petite impro, une main sur le clavier et l’autre directement sur les cordes. Puis il prend le micro pour nous narrer la première de ses Histoires de Tonton Manouk avant d’accueillir ses musiciens, le violoncelliste Guillaume Latil, le batteur Pierre Alain Tocannier et le saxophoniste et flûtiste Hervé Manoukian. Il alterne ensuite les morceaux musicaux et les petites anecdotes où il nous raconte, sa vie, ses amours, ses emmerdes (avec les chanteuses surtout) mais aussi comment est né le jazz à Paris en 1792 ou l’origine du Cake Walk des noirs américains du temps de l’esclavage. Nous aurons droit aussi à une passionnante leçon de solfège sur les tonalités majeures et mineures puis sur la différence entre la musique occidentale et orientale tant dans les gammes que dans les rythmes. Chacune étant illustrée d’un exemple sur le clavier ou avec le groupe. C’est sur la partie orientale qu’il axe principalement ses compositions, ses morceaux. De très belles mélodies surtout quand Hervé Manoukian, délaisse ses saxophones pour le duduk, cette flûte arménienne (en abricotier, à double anche, apprend t’on). Ces mélopées prennent encore plus de profondeur avec l’accompagnement du violoncelle. Des instants émouvants et mélancoliques que l’humour du pianiste ne laisse jamais perdurer trop longtemps car il a encore beaucoup de choses à nous raconter.
Mais l’heure tourne et celle du rappel est arrivée.
Jacques Lerognon