#NVmagLive
Le 24/01/18 à l’Opéra –Nice (06)
L’opéra de Nice accueillait dans une salle qui affichait complet jusqu’au dernier strapontin du paradis, le quintette d’Angelo Debarre, l’un des maîtres actuels du jazz manouche. Pour débuter la soirée, le jeune guitariste niçois Alexandre Lamia, faisait preuve de son immense talent, à 22 ans, seul avec son Ovation pour rendre un hommage appuyé à Al Di Meola. Soutenu par une bande orchestre, claviers, percussions), les yeux clos, laissant ses doigts étreindre ses six cordes. Cinq titres dont le très beau Misterio et, en final, une solide interprétation du double concerto de Piazzolla qui aurait troublé il signor Di Meola lui-même.
Après l’entracte, Angelo Debarre prenait place tout seul sur la scène pour deux morceaux avant d’accueillir le violoniste roumain Marius Apostol, le manouche se fait plus balkanique. Ils étaient rejoints ensuite par le reste du groupe deux guitaristes rythmiques et la contrebasse. Une formation qui n’est pas sans rappeler aux plus anciens le quintet du Hot Club de France de Django et Grappelli. A cinq, ça swingue tout de suite plus. Entre Double Scotch et le Honeysuckle Rose de Fats Waller, l’ambiance monte d’un cran. Le public n’est pas loin de claquer des doigts. Les deux guitaristes rythmiques assurent la pompe avec une efficacité remarquable, 72 accords à la minute, une impeccable assise sur laquelle se posent les soli d’Angelo et Marius. Et même quand une corde -celle de La- casse, la cavalcade continuent sans faillir. L’heure est venue pour Delbarre, d’inviter la vedette de la soirée à rejoindre la scène. Thomas Dutronc, costume gris, chemise blanche à fleurs, mèche rebelle et guitare à la main prend place sur sa chaise. Qu’il quitte vite pour chanter l’un de ses tubes J’aime Plus Paris. C’est ensuite à quatre guitares que les chansons s’enchaîneront. Dutronc n’usurpe pas sa place dans le groupe, son jeu sur le manche est impressionnant même s’il n’atteint pas la virtuosité du leader Angelo. A la demande des musiciens, tout le public de l’opéra se lèvera, certains même danseront. Les fauteuils rouges ne sont pas habitués à de tels débordements de plaisir! On serait resté bien tard à les écouter mais c’est le moment du premier rappel, Minor Swing s’impose avant de conclure sur Les Yeux Noirs, un standard intemporel, venue de la lointaine Russie.
Si ce vénérable bâtiment de l’opéra n’a pas été conçu pour cette musique, il se prête merveilleusement au jazz. Nul doute que grâce à Imago Records & Production et à la ville de Nice, l’on y entendra d’autres concerts aussi mémorable que celui-ci. Le jazz à Nice n’a-t-il pas 70 ans cette année?
Jacques Lerognon
Raangy & Angelo