(Chapter Two Records/Wagram)
La réussite de Tiken est évidente et prend sens ici, et en Afrique, mais pour de très mauvaises raisons. Il fait partie des gens qui, pour moi, tirent l’Afrique en arrière en la rabaissant toujours à un passé qu’il se délecte de faire revivre. Français, on écoute Tiken Jah comme on va à la messe pour s’absoudre du passé colonial de son pays.
On se repaît des difficultés de l’Afrique, alors que là-bas on ne rencontre que des personnes, pauvres ou riches, qui avancent, innovent et se remuent avec une énergie qui mérite mieux que les suppliques pour blancs de M. Fakoly. Artistiquement l’album tient la route, il mixe identité caribéenne et africaine avec plus de maîtrise et de justesse qu’avant, mais son écoute m’insupporte presque et je partage cet agacement avec nombre d’artistes africains qui aimeraient qu’on sorte enfin des clichés repoussants pour faire avancer leur continent.
Emmanuel Truchet