(MP/Pias)
Dans le sillage de leurs homologues anglophones, les Rival Sons, Greta Van Fleet, Jet et autres Wolfmother, Warren Mutton (chant, guitare) et Kevin « K20 » Grosmolard (batterie et chœurs) ont su profiter du retour de flamme du rock vintage pour lancer leur grosse cylindrée sur l’autoroute du rock’n’roll. Le duo qui compte déjà à son actif trois albums depuis 2014, recycle à sa façon l’héritage laissé par Led Zeppelin, les White Stripes et Black Keys. Ce nouvel opus nous renvoie comme ses prédécesseurs aux années 70, époque où les groupes rock tenaient le haut du pavé. Batterie martelée, orgues, riffs de guitares soniques, le tout porté par une voix suraiguë déchirante, comme noyée dans les vapeurs de blues et d’alcool fort. Tout vrai amateur de rock’n’roll devrait apprécier ces 12 nouvelles chansons. Disons le tout net : avec leurs guitares entre electro et hard rock d’un autre temps, leurs arrangements vocaux harmonieux, les deux complices sonnent à part dans le paysage audio actuel. On trouve ici l’intensité émotionnelle de la voix proche de celle de Dan Auerbach, des refrains à glacer le sang, des éclairs noirs telluriques dans ces riffs de guitares aussi dramatiques que plombés. Voilà une musique brute, remplie de fureur et de passion, une musique autant faite pour bikers nostalgiques que pour jeunes ados en quête de ce rock vintage organique d’un autre temps.
Sur « Striped » illustré par cette pochette blanche aux marbrures noires, tout est fait de chair et de sang. Tout est vrombissant, aussi chaud bouillant que la braise. Les titres sont puissants joués avec le cœur et les tripes, à l’image de ce « The Fool », ce « All The Way » particulièrement nerveux ou carrément électrique comme ce magistral « On The Run ». Ici c’est un enchevêtrement de guitares qui vrillent dans tous les sens, de roulement batteries en syncopes, de cymbales ouvertes. Une bande son où règne la folie électrique comme on l’entendait dans les 70’s. « Striped » nous emmène en voyage dans la 3eme dimensions avec ces riffs de guitares rehaussés d’une une belle texture électro psychédélique. Des chansons comme « Pleasure Found » ou « Zebra » avec sa construction en escalier et ses parties musicales qui se succèdent les unes aux autres, témoignent d’une esthétique architecturale à vous donner le vertige. La nouveauté, c’est ce contraste de styles et d’écriture totalement inédit avec des titres electro rock « Don’t Let Me Go » au refrain entêtant à la Simple Minds, un instrumental psychédélique « The Wise » et des ballades où l’on imagine déjà les futurs milliers de portables allumés sur «Bottle For Two », « Wheels Of Fire » et « Dancing Alone». Autant de romances oniriques où le groupe prend une réelle dimension. Quand la voix ténorisante de Warren Mutton monte vers les cimes, parfois poussée jusqu’au point de rupture, le son distordu de la guitare fusionne aux frappés des toms pour se prendre dans une spirale vertigineuse dont il est impossible de sortir. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu ce mélange de force et de lyrisme. Cet album est une véritable onde choc qui emporte tout sur son passage.
Jean-Christophe Mary