(Manivette Records)
J’ai une kyrielle de souvenirs avec Massilia Sound System. Je les ai entendus pour la première fois en 1987 à la MJC Corderie. Je me souviens de leur charrette Sound System, de Jali narrant, passionné, l’histoire du hip-hop à la MJC la Frescoule à Vitrolles devant Toko Blaze qui n’était encore qu’un gamin, des concerts de protestation qui avaient lieu devant le Sous-Marin à Vitrolles, le café musique muré par les époux Mégret … et mille autres moments que je n’ai pas la place ni l’envie de raconter ici. Massilia savait secouer la société à l’image du théâtre d’intervention sociale inventé au Brésil. Ce n’est donc pas un groupe qui manque d’intérêt ou qui manquait d’intérêt.
Je suis tourné vers l’avenir et je n’ai aucun regard attendri sur le passé que je trouve toujours inférieur au présent par principe. Entendre un retour sur 40 années que j’ai déjà vécues comme le propose cet album n’a que peu d’intérêt pour moi et file plutôt une grande claque à leur musique qui a mal résisté au temps. Je trouve que leur carrière artistique s’est achevée avec la fin des années 90, après quoi le groupe s’est un peu embourgeoisé avec des prestations sur des grandes scènes mais plus la formule s’étoffe plus elle perd en intérêt. Ayant aussi récolté l’image d’un groupe typique Marseillais à la limite du carnavalesque qui plaisait tant aux médias parisiens, Massilia Sound System ne s’est jamais vraiment mélangé avec le vrai milieu du reggae marseillais dont pourtant ils se revendiquent constamment. Il reste et il restera toujours le sens de la formule et l’humour de Tatou et le flow grave et engagé de Jali, ce qui fait le cachet Massilia, le reste ne sert pas à grand-chose. Cet album reste quand même intéressant pour deux publics, les vieux qui n’aiment pas vieillir et les jeunes qui pourraient découvrir ainsi, une fraction de l‘intérêt de ce groupe qui a réellement su représenter quelque chose.
Emmanuel Truchet
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