Sorti le 08/10/1980
Les années 80 viennent de commencer et on sent que musicalement ça ne va pas être la rigolade tous les jours. Le punk est passé par là et le son du moment est froid, métallique et souvent violent ; en un album David Byrne et sa bande vont faire rentrer au chausse-pied toute la black-music dans ce rock qu’on pensait perdu pour la danse. Talking Heads a déjà pondu trois remarquables albums quand ils rentrent en studio (au mythique Compas Point de Nassau – Bahamas) accompagnés du fidèle Brian Eno aux manettes. Leur précédent opus, « Fear of music » avait commencé le métissage mais cette fois c’est bel et bien tout le continent africain et sa descendance afro-américaine qui est convié à la fête.
Dès l’intro de « Born under punches » on est saisi par un son funky tout en restant furieusement rock new-wave. Basse qui slappe, rythmique limite disco, boucle de guitare obsédante, sons bizarroïdes et virevoltants samplés par Eno qui devient, au passage, bien plus qu’un producteur mais un élément à part entière du groupe (il cosigne d’ailleurs la plupart des titres de l’album), ça part dans tous les sens et ça n’est qu’un début. Les titres s’enchaînent sur un rythme toujours plus remuant et des invités notoires viennent apporter leurs touches. Adrian Belew y va de ses solos de guitares bien furieux notamment sur l’obsédant « The great curve » ou sur l’inusable single « Once in a lifetime », et Jon Hassel, embrume de sa trompette envoûtante le titre « Houses in motion » qui ouvre la seconde face du disque. Cette seconde partie est d’ailleurs plus cérébrale et introspective que la première, moins dansante mais toujours aussi moite, l’album d’Eno et David Byrne, « My life in the bush of ghost » est sorti quelques temps avant ce disque et on sent ici cette influence. Le disque s’achève sur un curieux « The overload », façon de boucler la boucle et de dire qu’on a bien dansé mais qu’on est au courant qu’au-delà des océans, là-bas dans la grisaille de Manchester, Joy Division a aussi changé le son de la musique, mais ceci est une autre histoire…
Fred Bini