(Columbia)
Sorti en novembre 1957
Après avoir enregistré «Birth Of The Cool» entre 1948 et 1950, avec la participation de Gerry Mulligan et de Gil Evans, Miles Davis réitère sa collaboration avec ce dernier pour l’arrangement et la production de l’album orchestral «Miles Ahead» sur le label Columbia. Et malgré les obligations contractuelles de Miles avec le label Prestige, l’album sort en 1957. Le groupe variant selon les sessions d’enregistrement, on notera la présence d’Art Taylor à la batterie, Lee Konitz au saxophone alto, Paul Chambers à la contrebasse et Miles Davis, de façon inédite, au bugle. «Why’d you put that white bitch on there?». Tels étaient les premiers mots de Miles Davis au directeur de Columbia George Avakian en découvrant la couverture initiale de l’album en 1957, présentant une femme et un enfant blancs sur un voilier. Par la suite, elle est remplacée par une photographie de Miles en train de jouer de la trompette. Une pochette moins propice à l’évasion mais plus en adéquation avec le tempérament de l’artiste.
Dans l’histoire du jazz, «Miles Ahead» semble à part. L’errance artistique du trompettiste dans les années 1950 va découler d’un changement profond de l’individu. Accro à l’héroïne et à la cocaïne, Miles va débuter un sevrage bénéfique pour la suite de sa carrière. Miles Davis est enthousiaste à l’idée de travailler à nouveau avec le grand Gil Evans, faisant partie des rares artistes considérés par le musicien, et la qualité de la production s’en ressent naturellement. L’album est sans doute le plus mélodieux dans la discographie de l’artiste avec un continuum sonore qui fait la particularité de ce disque. Les ballades «My Ship» et «Miles Ahead» ainsi que les compositions d’Ahmad Jamal pour «New Rhumba», Dave Brubeck pour «The Duke» en hommage à Ellington et Gil Evans pour «Blues for Pablo» en mémoire au peintre espagnol font de cet album un chef d’œuvre.
Théo Monsch
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