«Marseille, ville rock», l’expression n’est pas usurpée. Et bien que nombre de tournées (The Kills, Queens of the Stone Age …) évitent la cité phocéenne et son public fauché, les amateurs de déflagrations soniques peuvent avoir leur dose plusieurs fois par semaine, du fait des nombreuses associations d’activistes. Panorama de ce qui se passe dans les caves, où règnent la sueur et l’électricité.
Raisonner en terme de scènes, a ses limites, en effet les publics s’entrecroisent et on peut très bien passer d’un concert hardcore avec Wake the Dead au Molotov ou Canine à la Salle Gueule à du post-punk avec Catalogue à la Machine à Coudre, du surf ambient de Johnny Hawaïï aux Demoiselles du 5, du folk/drone de Moondawn au Grim ou de la noise par Conger! Conger! à l’Embobineuse ou Fillette à Asile 404, du cold punk de Miss Parker au Poste à Galène, le rock 60’s de Doc Vinegar et les Types Arty au Lollipop, sans oublier un concert sauvage de Pirate Punk sur la Plaine.
Certains festivals font le lien, c’est le cas de l’incontournable B-Side de l’association In the Garage qui mêlent les genres tant que c’est « indé », et les salles (ce sont les premières à avoir programmé à Marseille des groupes comme Thee Oh Sees). Phocea Rocks aligne chaque année dans sa Rue du rock une vingtaine de groupes locaux, du folk/gospel de Mr Thousand & Ramirez au stoner de Moon Râ. Ils ont recensé plus d’une centaine de groupes d’obédience rock dans le département.
La scène garage punk illustre cette vivacité. Portée par nombre de collectifs et labels (Crapoulet, Relax-o-Matic, Fat Kids, Rat Pop …), elle a su renouveler son public, notamment en laissant les premières parties à des jeunes groupes, qui ont ensuite à leur tour montés leurs assos et organisés des concerts. Machine à Coudre et Salle Gueule sont leurs lieux de perditions favoris, avec le disquaire Lollipop comme base. Placés sous la figure tutélaire des vétérans Cowboys from Outerspace, les groupes couvrent toutes les générations, des Keith Richards Overdose aux Diplomacy Parker, en passant par Tommy & The Cougars, la Flingue et autres Sun Sick.
Continuons la visite guidée. Le label Microphone Recordings regroupe la scène Pop/folk classieuse autour de Oh Tiger Mountain, Kid Francescoli, et autres Husbands. Niveau metal, à côté des figures de proue comme Dagoba ou ETHS, un des principaux activistes demeure Trendkill, label et organisateur de concerts, qui a ses habitudes au Korigan et au Jas’Rod. La scène indus/noise n’est pas en reste, avec Kill The Thrill qui fait trembler les murs d’amplis depuis 1989. Squattant des lieux comme l’Embobineuse, rassemblée autour du festival Strie-Dents du label Katatak, elle rassemble des groupes comme Nitwits, Binaire, *25*, la Coupure …
L’inventaire à la Prévert peut continuer avec le mur de son psyché de Quetzal Snakes, le punk nihilisto-berurier de BlahBlah, le rock méditerranéen de Mutacion Nacion, le free punk d’Ed Musdhi, le rock français psyché de Reliques, le folk de No Country, les vidéos Captations à l’arrachée de Penny Green-Shard, l’asso post-punk Désordre Nouveau, les concerts indie rock en appartement d’Humeur massacrante, le punk humoristique de Malin, sans oublier les vétérans comme le cabaret de Leda Atomica et les opérettes rock de Quartiers Nord ….
Enumérer des groupes ne sert à rien, si ce n’est se fâcher avec ceux qu’on a oublié. Pour avoir une idée de l’effervescence de la scène, parcourir un Vortex ou l’agenda www.liveinmarseille.com demeure la meilleure solution pour ensuite aller se griller les tympans.
On ne peut conclure un tel article, l’histoire du rock étant par excellence celle des groupes qui splittent remplacés par des jeunes cons qui décident de prendre la gratte après avoir vu un documentaire sur Motorhëad. Elle s’écrit surtout au quotidien, dans ces salles sombres, portée à bout de bras par des activistes pour qui DIY n’est pas un slogan mais une éthique et une pratique.
Mystic Punk Pinguin
www.laplateforme.audio