« SPECIAL MARSEILLE » FESTIVALS

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La subtile alchimie des festivals
Fragilisée par la hausse des cachets d’artistes, l’économie des festivals demeure en équilibre précaire. Si on leur reconnaît le statut de leviers touristiques pour le territoire, après 2013 Marseille reste d’abord spécialiste des naufrages (Aires Libres, Believe, Fête du Panier et cette année Rock Island). Passage en revue de ceux qui maintiennent le cap.

Les favorisés
• Pour ses quinze ans à l’été 2015,  Jazz des 5 Continents a ajouté “Marseille” à son nom pour signifier sa nouvelle ambition. Avec un budget qui a bondi à 1,875 million d’€ (principalement financé par la Ville), l’objectif est clair : concurrencer les messes azuréennes comme Juan ou Nice. Le point fort : la diversification des lieux (Parc Longchamp mais aussi Criée, Mucem et Théâtre Silvain) et l’affirmation de la dimension métissée du jazz. Prochaine édition du 20 au 26 juillet. www.marseillejazz.com
•  Alors que Marsatac réclame depuis des lustres ce site que la Ville s’obstine à lui refuser, il n’a pas fallu autant d’efforts au Delta pour décrocher les Plages du Prado. Pour sa première édition le 27 juin dernier, et devant un public étudiant qui demeure sa cible principale, l’organisation déployait un esprit potache (animations “sportives” à l’américaine) avant un show électro rentre-dedans. Il faudra hausser le niveau artistique pour aspirer à faire partie des grands. www.delta-festival.fr
Le 24/06

Les résistants
• Après des turbulences en 2014, Marsatac annonçait en 2015 l’arrivée imminente de nouveaux investisseurs nationaux au côtés de l’association Orane. Mais il faudra attendre un peu pour la mutation XXL du festival de musiques actuelles. Il reviendra à l’identique à la Friche, les 23 et 24 septembre (plus quelques dates la semaine précédant) avec un vendredi hip hop et un samedi électro fourni en signatures internationales. Le renouveau attendra 2017. www.marsatac.com
• Raccourcie sur une semaine, plus axée sur ses têtes d’affiches, la Fiesta des Suds a progressivement évolué pour endiguer l’érosion naturelle des publics et la baisse des financements. Le rendez-vous métissé résiste bien avec de grosses affluences (IAM en 2014, The Dø en 2015) même si un autre danger la menace : la fin du bail du Dock des Suds en 2017 (lire sur Latinissimo dans ce N°). www.dock-des-suds.org
• Mimi est le plus ancien des festivals aujourd’hui installés dans la ville (première édition en 1986 !) mais certainement pas le plus conventionnel avec ses artistes repoussant les limites de l’inouï : rock asiatique, expérimental afro, avant pop, arab-techno, électro-acoustique… Ses quatre soirs sur l’île du Frioul incitent au renouvellement des publics. Du 6 au 10 juillet. www.amicentre.biz

Les débrouillards
• B Side est farouchement indépendant. Nourrie par le rock le plus débridé, l’association In The Garage ne fait pas de concessions pour sa programmation : que des coups de cœur ! Les signatures rock psyché, électro barrée et pop abrasive nomadisent dans les petites salles (Machine à Coudre et Embobineuse en tête). La prochaine édition devrait être reportée à l’automne pour ne pas pâtir d’une période mai/juin où se sont imposés This is not a love song (Nîmes) et Yeah (Lourmarin). www.inthegarage.org
• Créé en 2013 par de valeureux activistes marseillais pour palier à l’absence de rock dans la Capitale de la Culture, l’esprit festival Phocea Rocks survit aujourd’hui dans la seule Rue du Rock. Se basant sur les réseaux locaux et les artistes du cru, l’asso investit en septembre la rue Consolat pour la livrer aux décibels d’une vingtaine de groupes jouant (gratuitement) dans les salles ouvertes sur la rue ! Généreuse initiative  qui a su gagner la confiance des institutions et l’adhésion du public. www.phocearocks.com

Les nouveaux
• A Contra Luz est la bonne surprise de ces deux derniers étés sur le mode « festival électro à taille humaine ». Sans subventions (le festival est adossé à l’économie de deux sociétés d’événementiels) le festival entend équilibrer valeurs sûres et découvertes (Solomun, The Avener, Recondite ou De la Soul en 2015) dans une esthétique éclectique « accessible mais jamais commerciale » assure Dominique Léna, un des organisateurs : «dans cette musique on aime la dimension de renouvellement». Le succès public devrait s’amplifier cette année : du J4 (en travaux cet été) A Contra Luz passe aux plages du Prado les 22 et 23 juillet « pour attirer de nouveaux publics hors Marseille et passer un cap ». www.acontraluz.fr
• Relifteur cette année d’Avec Le Temps, InternExterne (lire dans ce N°) a lancé l’an dernier L’Édition en co-production avec le tourneur parisien Talent Boutique. La philosophie de l’événement : proposer des concerts d’artistes pointus (Ghost Culture, Ibeyi) dans des lieux atypiques (Château Borély, Théâtre Silvain, musées, bateau) pour privilégier la cohérence artistique . « Trouver sa place dans le calendrier régional est le plus difficile assure Fabien. Obtenir les autorisations, un soutien de la Mairie ? Rien n’est jamais gagné mais dans le paysage marseillais tout reste ouvert». Du 25 au 29 mai. www.ledition-festival.fr

Hervé Lucien

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