Label, boutique, lieu de diffusion musicale, Lollipop est surtout un élément central du microcosme musical marseillais, né presque par hasard, dans les années 90.
Dans les années 90, Stéphane fait partie d’un groupe qui veut sortir un CD de 6 titres, dont il souhaite prendre en charge la sortie. Sans assumer l’auto-production, il s’invente un label : Lollipop. C’est pourtant bien le label qui persiste plutôt que le groupe : Stéphane décide de le monter et sort en premier projet une compilation internationale réunissant 24 groupes (sans mails à l’époque, imaginez le boulot). Suscitant de bonnes critiques presse et l’intérêt d’un distributeur, la compil marque le début de Lollipop, estampillé rock, pop, garage. Le projet se développe vite et facilement, jusqu’à sortir 5 ou 6 disques par an. Le magasin de disques éponyme ouvre ses portes en 2006, mais intervient rapidement la crise du disque. Subissant d’énormes pertes à peu près en même temps que l’ouverture du magasin, Stéphane se retrouve face à déficits et dettes importants, jusqu’à devoir mettre en pause le label, 5 ans durant. Lorsque les Cowboys from Outta Space expriment leur désir de sortir un album chez Lollipop, l’Autre Distribution propose au label, endetté, d’avancer le pressage. Il peut alors reprendre son activité, avec une périodicité de sorties bien moindre (environ une l’an).
Lollipop, c’est aussi un lieu de concerts hebdomadaires et gratuits en centre ville – véritable soutien à la scène rock, pop, ou parfois folk, jazz ou chanson – sélectionnés par Stéphane. Il attire un noyau de fidèles mélomanes en recherche de découvertes, et en pleine confiance envers les choix de programmation. La sélection de disques en vente dans la boutique est d’ailleurs également le fruit des appréciations de son représentant, avec une ouverture tout de même à quelques passerelles vers la musique du monde, le blues ou le jazz, si tant est qu’elle soit qualitative. Aujourd’hui, le magasin compte entre 6 et 7 000 références. Le prix du vinyle ayant augmenté et sa proportion d’acheteurs diminué, l’activité reste tout de même fragile. Dans ce centre ville qui se gorge de nouveaux commerces dont les fameux formats hybrides café-fripe-disquaire-bar à chats (déclinable à l’infini), soutenir les acteurs passionnés originels de la culture musicale phocéenne semble indispensable.
Lucie Ponthieux Bertram