Dans cet hyper-centre qui se lisse à mesure qu’il attire, le rockeur de la Plaine peinerait parfois à retrouver ses marques, sans d’indéfectibles lieux chers à l’âme punk phocéenne. L’Intermédiaire, acteur incontournable de la scène alternative, déverse sur la place centrale des riffs électriques une grande partie des soirées de la semaine, dans un esprit d’ouverture et de simplicité inspirants.
Lorsque Anaëlle reprend la salle, en 2015, le projet bat bien de l’aile. Son désir est de revenir aux origines : un lieu de concert live. “Avec la disparition de la Machine à Coudre, Marseille se retrouve orpheline de salle de cette taille là, qui puisse accueillir des projets à petite notoriété et qui puisse être ouverte aux groupes locaux”. Une décennie, d’énormes travaux de la place, une épidémie et des cars de néo arrivants plus tard, l’énergie du lieu est immuable, et à l’image de la petite équipe. “Je n’ai pas d’effort à faire, je suis une enfant de Marseille, je sais que le lieu me ressemble”. Les valeurs sont claires : du collectif, de l’ouverture, de la simplicité, et une politique d’accessibilité tarifaire. Ainsi, l’affiche, au-delà des progs extérieurs, se veut éclectique – on peut y entendre du jazz manouche, de la cumbia, du hip-hop… Et bien sûr, beaucoup beaucoup de rock, punk, post punk, esthétiques chéries par l’équipe.
Absolument autonome et quasiment non subventionnée (hors dates exceptionnelles), l’Inter fait partie de ces lieux qui se font et survivent seuls, la (nouvelle) terrasse lui permettant de souffler un peu en été. Dans le bar, un grand réaménagement de l’espace scénique a été effectué l’an passé, améliorant grandement les conditions d’écoute des concerts, tandis que la construction d’un sleeping pour les artistes termine tout juste.
En décembre, l’Intermédiaire sortira, en partenariat avec Lollipop, une compil des quatorze groupes de rock marseillais qui bougent, toujours dans cette idée de soutien aux jeunes artistes, et de dépasser les clichés pour montrer ce que Marseille a de très rock depuis toujours dans les tripes.
En attendant, on vous conseille fortement d’aller vous (ré)imprégner de l’ambiance cathartique de la petite salle, à peu près n’importe quel soir.
Lucie Ponthieux Bertram