La Mesón fête cette année ses dix ans d’existence. Cette petite salle de concert marseillaise (environ 80 places), aux allures de bar-cabaret, propose chaque année, de septembre à janvier puis de février à juillet, des concerts autour des musiques du monde, des musiques improvisées et du jazz mais aussi des cartes blanches ou des soirées flamenco. L’endroit fait aussi office d’espace de résidence et de répétition et même de label.
Avant de devenir une salle de concert, le lieu a hébergé pendant douze ans un centre culturel espagnol puis servi les huit années suivantes de salle de danse flamenco, tenue par La Rubia, une célèbre danseuse sévillane. « Les murs étaient trop chargés d’Espagne et de cette histoire pour que l’on n’en tienne pas compte. Et comme nous ne sommes pas Espagnols, nous avons gardé un mot espagnol mais en le francisant avec un la devant », confie Sarah Lepêtre, fondatrice de La Mesón. Dans la langue de Cervantes, « el mesón » désigne une auberge où l’on peut manger, danser, boire voire plus. « Cela nous correspondait bien et mesón se rapproche aussi de maison en français, avec cette idée de chez nous ». Le flamenco est encore à l’honneur entre ces murs tous les premiers samedis du mois lors des soirées tablaos, qui mêlent dans une atmosphère conviviale chant, danse, guitare et percussions. Et comme La Mesón est aussi une école de flamenco comptant plus de 200 élèves, les plus confirmés d’entre eux ont l’occasion de dévoiler leurs talents en première partie d’artistes professionnels, souvent issus de la population gitane régionale mais aussi parfois venus de Séville ou Madrid. En fin d’année, La Mesón organise aussi des spectacles en extérieur : sur la place des Danaïdes, au Palais Longchamp, dans les mairies du 9e, dans les parcs…
Outre les spectacles de flamenco, la salle invite à se produire environ tous les quinze jours des musiciens de renom s’illustrant dans les domaines les plus divers : musiques du monde, jazz, musiques improvisées, hip-hop, slam voire même rock. Mais pas de hard rock : « on est une petite salle et ce serait compliqué pour les voisins ». La programmation musicale fait notamment la part belle aux cartes blanches, c’est-à-dire des soirées où la sélection des invités est confiée à des artistes, des programmateurs radio ou des journalistes. Une carte blanche qui se fait généralement sur deux ou trois soirs, avec un temps de résidence la semaine d’avant. « Nous essayons de mettre l’artiste un peu à nu, en lui faisant faire des solos, des rencontres ou des créations. Et nous réalisons avec lui nos fantasmes les plus fous ». Depuis 2013, La Mesón organise également Global Local, l’after de la Fiesta des Suds, où se croisent artistes locaux et internationaux. « Exporter notre esprit dans un grand lieu, c’était un vrai défi. Nous sommes arrivés à mettre notre patte là-dessus, à savoir bien manger, communiquer et créer. C’était génial ».
Parallèlement aux activités concerts et spectacles, la salle propose également ses services de production et d’édition aux artistes via son label La Mesón Editions. « Nous ne travaillons pour l’instant qu’avec deux artistes mais nous faisons vraiment tout à 360° ». Qu’il s’agisse de la production du disque, la tournée en France et à l’international, la communication, le management, la recherche de dates, la recherche de financements, l’édition ou encore les visuels. Pour cela, le label peut compter sur de nombreux partenaires extérieurs tels que distributeurs, tourneurs, attachés de presse, chefs de produit… Seul critère de sélection ? « Le coup de foudre ». Enfin, La Mesón c’est un espace de résidence et de répétition pour les artistes. A partir de 9h du matin, les répétitions s’enchainent avec les cours de flamenco, des résidences d’artistes pour des créations ou pour du coaching. « C’est comme un mini-centre culturel, ça vit tout le temps. C’est vraiment un espace de travail : il y a un bon piano, des miroirs, une ambiance parfaite pour créer ».