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Déjà connu avec le groupe Massilia Sound System, puis Oai Star, l’artiste Marseillais au grand cœur Gari Greu, arrive avec son nouvel album « Barka ». A travers des chansons pleines de sens et d’espoir l’homme enchante et ravit son public. Ses nombreux voyages en Afrique l’ont inspiré autant que ses rencontres et son histoire. Gari Greu affirme que cet album vient au bon moment dans sa carrière. « Barka », est donc l’album qui dit merci aux personnes qui l’ont suivi et qui le suivront encore.
Comment vous sentez-vous face à la sortie de votre nouvel album « Barka » ?
C’est toujours pareil, j’ai un peu le cœur qui bat et les mains qui tremblent, mais ce n’est que du bonheur. Même si le quotidien d’un artiste est de regarder des vues YouTube et de compter des écoutes streaming, j’essaie de prendre un peu de recul avec tout ça, et de le vivre comme un artiste de cirque. La musique est presque devenue une course, ce n’est que des classements, des comptes, nous essayons d’acheter des vues pour que les programmateurs s’y intéressent, ça devient cela notre métier. La sortie du disque, est vraiment ce moment où j’espère que quelques cœurs vont être remplis, où certaines vies vont être sauvées, ou ça va faire du bien à d’autres, ça peut en faire rire certains. La réalité médiatique, je suis obligé de la laisser un peu de côté.
Comment s’est déroulée la création de ce nouvel album ?
J’ai réalisé mon premier album solo en 2012, depuis entre le Massilia, le collectif 13, Oai Star et les différentes choses qu’on m’a proposé, je n’ai pas trop eu le temps et de faire la suite, même si j’écris des chansons un peu tout le temps. Cet album est le fruit de sept années d’écriture. J’ai plusieurs tiroirs, j’ai mon tiroir de chansons pour Gari Greu, j’ai mon tiroir de morceaux qui « déchirent » pour Massilia ou pour Oai Star. Selon les envies, selon le moment, il y a des chansons qui vont dans l’un ou dans l’autre. Et là, le tiroir de chansons de Gari commence à être bien plein. C’était le bon moment, et puis Massilia avait décidé cette année de réfléchir à la suite et de se mettre un peu en retrait, c’était le moment propice pour faire la suite.
Pourquoi avoir le choisi le titre « Barka » ?
Il se trouve que je me suis retrouvé en Afrique pas mal de fois depuis sept/huit ans, parce que j’ai travaillé avec un homme qui s’appelle Tartare, un écrivain qui fait partie du milieu du théâtre de rue. J’ai fait un spectacle avec lui en 2013 quand Marseille était capitale Européenne de la culture. A l’époque on travaillait sur un spectacle qui s’appelait « Yes Papa », lui devait lire des textes et moi je devais chanter les textes qu’il avait fait. C’était un travail au préalable, la rencontre entre le grillot et le chanteur. Depuis sept ans, nous avons continué à travailler ensemble, nous avons créé pas mal de chansons. Je suis allé en Afrique, parce qu’il habite en Afrique au Burkina. « Barka » cela veut dire « Merci » au Burkina. J’aimais bien ce mot, c’est un mot que l’on utilisait souvent là-bas. Cela permettait de dire merci à pas mal de personnes. Évidemment de dire merci à Tartare pour cette aventure, merci à Marseille de m’avoir façonné comme je suis, moi l’enfant des années 70, un peu Africain, un peu Algérien, un peu Arménien, un peu Italien, merci à Massilia, et merci à la vie de m’avoir permis d’avoir une vie passion, une vie d’artiste. Je me fais du bien en faisant du bien aux gens. J’en suis conscient à 50 ans surtout quand je vois mes amis qui vont au travail en faisait grise mine. Moi je vais au studio le sourire aux lèvres depuis vingt ans, c’est aussi quelque chose dont je suis conscient. Tu écris des chansons et quand tu regardes la société tu as pas mal d’empathie au bon d’un moment pour ceux qui rament et qui galèrent. Tout ça se sent dans ton travail, inévitablement. Même si je ne suis pas un curé, je me dis que je me dois de créer des chansons qui vont te recharger le cœur, qui vont te donner envie d’y retourner le lundi matin.
« Barka » nous pouvons dire que c’est votre album, mais c’est aussi un album entre amis, l‘amitié c’est important ?
C’est surtout une affaire de travail collectif, une aventure collective. C’est ce que j’aime dans ce métier, nous sommes dans un bus, nous retrouvons pleins de personnes dans un projet commun où tout le monde met sa pierre à l’édifice. C’est galvanisant et ça prend le pas sur tout, plus que sur le chemin artistique personnel. Même quand je fais un album solo, durant sept ans, c’est le fruit aussi de rencontres, de chemins croisés avec « La Rue Kétanou». Avec Guizmo, nous travaillons en permanence ensemble, nous échangeons régulièrement. Nous avons des vies d’artistes communes, nous apparaissons sur tous nos albums respectifs et nous sommes tout le temps en mouvement ensemble. Et je pense que le Collectif 13 l‘air de rien, depuis 2014 nous avons formalisé quelque chose qui nous aide tous. Tryo, Kétanou, Massilia, Pied de la Pompe, In Extenso, Hakim et Mouss. Ce n’est pas une famille, mais ce sont des gens qui ont le même regard sur leurs fonctions d’artistes, leur manière d’adoucir le quotidien.
Pouvez-vous nous décrire votre relation avec les membres du Massilia Sound System ? Comment a-t-elle évolué ?
La relation a évolué depuis une dizaine d’année, maintenant que Massilia n’est plus au centre de notre vie artistique, nous gérons la rareté de Massilia, nous nous voyons moins, mais cela reste une relation de tous les instants galvanisante. Nous avons envie de nous y remettre, mais au bout d’un moment quand un groupe a 30 ans de carrière, que nous avons fait 10 albums, tu es obligé de gérer la rareté. Tu n’as pas envie de te répéter, de prendre ton public pour un imbécile. Revenir avec Massilia au niveau discographique c’est amener une pierre à l’édifice. Notre relation est géniale.
Avez-vous prévu des évènements pour cette année ?
Nous faisons régulièrement des concerts de soutien, cet été avec Moussu T, Hakim et Mouss nous serons en tournée. Nous partons en juin et juillet parce que nous sommes en train de créer un spectacle qui s’appelle « Pas d’arrangement », ce sera un mélange avec Massilia et la famille Toulousaine « Les Motivés ». C’est toujours en mouvement nous essayons de créer des choses nouvelles et de ne pas être dans une consommation inutile. Les concerts de Massilia sont intenses, le public est acteur et s’il n’a pas bien répété et s’il n’est pas en forme, la soirée va être ratée. Nous sommes en mouvement tout le temps, j’ose espérer que l’on va arriver à se connecter et donner un futur discographique à Massilia. Nous mettons la barre haute, il nous faut la bonne idée, ne pas faire un disque de plus de reggae marseillais, il faut que l’on ait une variable supplémentaire pour que l’on s’y mette. Et tant mieux, il faut une exigence artistique parce que quand tu regardes ta discographie, tu es content d’avoir été exigeant. Nous avons un peu géré notre discographie en la caressant en lui faisant du bien.
Est-ce qu’il y a des chanteurs qui vous ont influencé tout au long de votre carrière et qui vous ont inspiré ?
Plein ! Il y a vingt ans j’aurais dit Joe Strummer, il m’a éveillé à la conscience politique, à la puissance et à la capacité que peut avoir un artiste à s’exprimer, à chroniquer l’époque et à donner des codes, souvent aux plus jeunes, et je suis sensible à cela parce que ça été mon cas. Depuis que j’ai mûri, quand je regarde Charlie Chaplin, ou des personnes qui n’ont jamais fait de concessions, qui n’ont jamais baissé leurs pantalons devant l’argent ou devant les puissants et qui ont un succès phénoménal. J’ai un rapport à la musique et à l’art qui est primal. L’art je ne l’intellectualise pas à chaque fois, c’est quelque chose qui me frappe le ventre, le cœur et le moment. Le morceau de texte qui craint des années 90 s’il arrive au bon moment, il va me faire sauter en l’air. Aujourd’hui dans le moderne, j’aime bien mon ami Demi Portion rappeur de Sète, un peu école Massilia. Il parle de son quartier, de sa condition et petit à petit il fait agréger du public, il grandit, il créé son festival, il devient incontournable, par ses actions par sa passion, j’adore cet homme.
Comment vous voyez-vous voyez dans dix ans ?
Je me trouve en meilleure forme physique qu’à 40 ans, là j’en ai 50. Sûrement, parce que je m’alimente mieux, je suis plus « safe », je fais du sport. Donc j’imagine à 60, que j’en aurais 30 ! Ce sera pareil dans dix ans, mon métier m’oblige à me remplir intellectuellement pour écrire des belles chansons, et physiquement pour assurer les concerts et ne pas être trop fatigué. Ces deux variables, sont sympathiques.
Olivia Maldonado
Le 07/03/20 au Rockstore – Montpellier (34), le 20/03/20 au Cargo de Nuit – Arles (13), le 27/03/20 à la Moba – Bagnols-sur-Cèze (30), le 30/04/20 au K’Fe Quoi – Forcalquier (04), le 08/04/20 à l’Espace Tisot – La Seyne-sur-Mer (83) et le 30/05/20 à L’Usine – Istres (13).
« Merci à Marseille de m’avoir façonné comme je le suis, moi le minot des années 70. Un peu Algérien, un peu Arménien, un peu Italien et merci à la vie de m’avoir permis d’avoir un métier passion, une vie d’artiste. »
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