Rencontre avec Souad Massi pour la sortie de son album “Sequana”. Poésie, espoir, résistance, douceur et féminité…une bonne manière de commencer l’année.
D’où vient le nom de ton album “Sequana” ?
J’ai écrit la chanson “Sequana” pour mes filles et pour toutes les femmes. Elle parle du mal-être que peuvent ressentir les jeunes filles actuellement et elle les encourage à regarder le bon côté des choses. J’utilise des métaphores pour les inciter à garder espoir. Par exemple, je leur conseille de ne pas regarder les épines de la rose mais plutôt ses pétales. J’ai emprunté le terme “sequana” à la mythologie gauloise. C’était le nom de la déesse associée à la source de la Seine. Dans son sanctuaire, les personnes venaient prier, faire des offrandes et utiliser les bienfaits de l’eau pour guérir.
Ta pochette d’album te représente avec des fleurs posées sur tes yeux fermés, est-ce aussi une métaphore ?
J’ai choisi de mettre des pâquerettes sur mes yeux, car j’aime beaucoup les fleurs sauvages. Je les appelle “les belles résistantes”, car elles poussent malgré les contraintes. Même si elles se font arracher, elles repoussent. C’est alors un symbole de résistance et d’espérance. Leur position au niveau de mes yeux n’est pas une tentative de fuite, mais une volonté de voir ce monde autrement. C’est pour cela que je résiste et j’essaie d’apporter ce que je peux.
Est-ce que c’est ce sentiment d’être “spectatrice” qui est repris dans le clip de la chanson “Dessine-moi un pays” ?
Je me sens impuissante surtout. Dans cette chanson je demande à un artiste-peintre de me dessiner un pays utopique pour que les gens soient en paix. La réalité est autre, beaucoup de personnes doivent quitter leur pays d’origine pour fuir la guerre, la misère. Ils prennent beaucoup de risques pour chercher une vie meilleure et certains meurent sur le chemin. Je sais que ce havre de paix n’existe pas mais j’espère… ce serait un monde meilleur, idéal. Dans cette chanson, je parle également de la liberté d’expression et des personnes qui sont en prison pour leurs idées.
La chanson évoque le thème de la maison et du foyer. Pour les personnes exilées loin de leur pays, penses-tu qu’il est possible de se sentir chez eux ailleurs ?
Dans cette chanson, je ne parle pas vraiment de l’exil. Quand je dis “Dessine-moi une maison”, je parle des personnes emprisonnées, de celles qui se battent pour la liberté d’expression, des détenus politiques. Toutes ces personnes qui se retrouvent en prison et qui sont contraintes de quitter leur pays. Je pense également aux jeunes qui traversent la mer pour avoir une vie meilleure. A celles qui perdent des êtres chers.
Le duo avec Piers Faccini dans la chanson “Mirage” est très réussi. Tu fais régulièrement des duos (Francis Cabrel, Marc Lavoine), comment choisis-tu tes partenaires ? Est-ce à la suite de rencontre ?
Oui, cela se fait souvent au gré des rencontres. En ce qui concerne Piers, je connaissais déjà son travail. J’aime beaucoup son côté humain et le fait qu’il soit toujours dans la recherche. Nous avons discuté et nous avons remarqué que nous avions beaucoup de points communs. Je me suis dit que son univers et sa voix pourraient apporter à ma chanson. “Mirage” est comme Piers, proche de la terre et à la recherche d’un sens à la vie.
Quels sont les trois mots importants pour toi en ce moment ?
La tolérance, déjà. Ensuite, le rêve. Et pour finir le voyage.
Quels sont les projets à venir ?
Tout d’abord, il y a la tournée, d’ailleurs je passe à Marseille ! Ensuite, je commence à travailler sur les prochains titres. Tout cela combiné avec la vie de famille qui comporte elle aussi de beaux projets !
Emeline Martinsse
Le 11/03/2023 au CEPAC Silo – Marseille (13) et le 18/03/2023 à l’Opéra Comédie – Montpellier (34)