Philippe Prohom est un auteur-compositeur-interprète français. Il utilise son seul patronyme comme nom de scène, même si son nom complet est indiqué dans les crédits de ses albums. Prohom désigne également la formation qui l’entoure sur scène. De 2006 à 2011, Prohom est composé de Philippe Prohom lui-même (chant, guitare et programmation) et de Christian Fradin (piano, programmation et chœurs). Ses chansons sont un mélange de rock et de musique électronique. Les titres, certains sombres (« Départ », « Le miroir et moi », « Né à la place d’un autre »), d’autres plus nerveux (« Georges », « Mise en bouche », « Ça oublie d’aimer », « Pas d’idées ») ont des textes engagés, parfois intimistes, parfois aussi teintés d’humour, traitant généralement des travers humains. Rencontre avec le plus étonnant des artisans musiciens…
Qui se cache derrière Prohom ?
Dans la mesure où c’est mon nom de famille je ne me cache pas beaucoup, j’ai plutôt l’impression d’être un livre ouvert à disposition via le net et ses réseaux !!
Raconte-nous ton parcours musical.
Une rencontre hasardeuse avec un orgue électronique et la découverte qu’en appuyant sur une seule touche la musique apparaît. Ensuite la composition de mélodies sur ce même orgue électronique sans avoir la conscience que ce n’est pas donné à tout le monde. Puis des rencontres avec d’autres musiciens passionnés comme moi et peu à peu la certitude que ce sera ça et pas autre chose. Le reste est fait d’errances et de mélanges hasardeux entre mes textes et des musiques que je n’assume pas, jusqu’à ce que tardivement je pose mes mots sur ce mélange électro-rock qui me plaît tant à la fin des années 90. À partir de là, tout va assez vite finalement et j’enchaîne albums et tournées jusqu’à aujourd’hui !
Dans quel état d’esprit as-tu composé « Un monde pour soi » ?
Les compos se sont étalées sur 4 ans mais beaucoup de choses gardées ont été écrites et composées sur les 2 dernières années. Ces textes sortent d’une période très mouvementée pour moi, mais la réalisation de l’album s’est faite dans une période plutôt sereine et sans pression d’aucune sorte. J’ai pu exprimer mes sentiments dans le calme et sans contraintes.
La chanson « Je voudrais que tu sois morte » est accompagnée d’un clip, comment t’es venu l’idée de cet excellent visuel cinglant voir morbide ?
Représenter le poids du souvenir d’une personne aimée en plein et désirée par un corps de femme nue, que l’on se traîne comme un fardeau, s’est imposé. Les réalisateurs (Mitiki) ont sorti l’idée de base ancrée dans le réel pour y mettre un peu d’onirisme et de poésie.
Y a-t-il des artistes (peintres, écrivains, comédiens) qui t’inspirent ?
Je crois que je suis inspiré par tout ce qui m’entoure et donc par rien en particulier. Je suis inspiré par tout ce qui me sollicite émotionnellement. Après je suis un enfant des années 80 et cela s’entend dans mon album. Mais on ne peut pas dire que je suis en plein revival puisque vu de chez moi, j’ai toujours été inspiré par cette période.
J’ai vu que tu avais fait du théâtre, continues-tu ?
Je n’en ai pas fait longtemps et je n’en fais plus. Si j’avais le temps je pourrais y revenir mais c’est un sacré investissement. Récemment j’ai participé à un atelier pour essayer des exercices de lâcher prise que j’utilise parfois dans mes ateliers scéniques. C’est vrai que le fait de remettre un pied dedans m’a donné envie de m’y remettre complètement, mais ce n’est vraiment pas réaliste par rapport à mes contraintes de temps liées à mes activités déjà en place.
Quel regard portes-tu sur l’industrie musicale ?
Quelle industrie ? C’est devenu un radeau pas possible !! Trop d’exposition, trop de groupes qui proposent des choses à peine sorties du local de répétition, trop de choix, trop de gratuité, trop de sollicitations médiatiques et distractives, trop de mauvais choix (financiers et artistiques) de la part des gros labels, trop de galères financières pour les petits, trop de lobbys contre la rémunération de la création, trop d’aliénation culturelle… La musique est toujours une activité, une passion, un engagement, une conviction, une vocation, une évasion, une échappatoire, une libération, un hobby qui peut, par chance, devenir un métier. Mais c’est une industrie à la dérive.
Petit flashback… Comment s’est passé ta collaboration avec Olivia Ruiz sur « J’aime pas l’amour » ?
Je l’avais rencontré à ICP (studio à Bruxelles) quand j’enregistrais mon premier album et elle finalisait l’album de la première Star Academy. Après elle a entendu mon 1er album et a demandé à me rencontrer pour travailler sur son projet, sans faire le lien avec notre première rencontre puisqu’elle ne connaissait pas mon nom de famille. C’est Laurent Balandras qui a organisé cette rencontre et elle a fait : « Ah mais c’est toi ?!!!! » lorsque nous nous sommes retrouvés dans les bureaux de Polydor. Je lui ai fait écouter les maquettes de ce qui devait être mon 2ème album et elle a pris « Enervé ». Puis suite à une discussion je lui ai écrit sur mesure « Pas si vieille ». Collaboration toute naturelle donc et guidée par le plaisir. Après nous sommes restés potes, je lui ai fait faire des chœurs sur un album que j’ai réalisé et elle m’a invité en featuring sur quelques scènes.