CHIEN NOIR

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Jean, alias Chien Noir, est un auteur, compositeur et interprète bordelais. Après deux premiers EPs sortis en 2021 puis en 2022, l’artiste est de retour avec son premier album intitulé « Apollo ». Le chanteur vous invite dans son monde, son style unique mêle des influences variées tant musicales que littéraires et il nous dit tout. Découvrez comment est né chien noir et son apollo. 

Tout d’abord, peux-tu nous dire comment est né le patronyme de chien noir?

Alors d’où ça vient, en fait il y a eu un moment dans ma vie où ce nom là, je l’ai vu un peu partout tu vois. Pour les références on retrouve un poème de Boris Vian qui s’appelle « Je voudrais pas crever » qui m’a servi de modèle notamment pour « Je veux, je veux, je veux », l’écriture de ma chanson. Dedans il dit « Je voudrais pas crever avant d’avoir connu les chiens noirs du Mexique ». Il y a également un pirate dans « L’île au trésor » de Stevenson qui s’appelle « chien noir ». Il y a également eu un moment où j’ai eu une passion pour Churchill, je me suis beaucoup renseigné sur sa carrière, c’est un mec assez complexe et intéressant et très drôle et il appelait sa dépression « chien noir ». Je trouvais ça remarquable. 

« Apollo » est ton premier album, peux-tu nous expliquer le choix du nom pour ce projet ?

Alors « Apollo », c’est un hommage à ma maman. Avec ma mère, quand j’étais petit, l’été on passait beaucoup de temps à observer les étoiles. On avait un livre avec les constellations et on s’amusait à les repérer etc. Elle a beaucoup contribué à mon amour pour l’espace et pour la musique. Quand j’étais petit, je voulais devenir astrophysicien et en même temps je me mettais au piano avec elle. C’est vraiment grâce à elle que je me suis mis à la musique. Et l’année dernière elle est tombée malade, au moment où j’ai écrit « À quoi pensait-elle ». Il y a un dispositif expérimental, médical qui aurait pu la soigner mais dont elle n’a pas pu bénéficier qui s’appelait « Apollo ». Et je me suis dit, c’est un chouette nom d’album parce que j’avais envie de sauver sa mémoire et par la même occasion la mienne aussi. 

Si tu devais résumer à nos lecteurs « Apollo » en quelques mots que leur dirais-tu?

En fait pour moi c’est une sorte de voyage dans le passé, dans mon histoire. J’ai l’impression que plus tu es intime, plus tu écris sur l’intimité et plus tu travaille sur cette forme très personnelle, plus il y a quelque chose d’universel. Et donc « Apollo » raconte ces histoires personnelles, comme la première fois où je suis tombé amoureux avec le titre « Julia ». Tout le monde est déjà tombé amoureux de quelqu’un, d’un jeune homme, d’une jeune femme dans un lieu. Et je crois que tout le monde se souvient à peu près de ces émotions-là. Ce sont de belles émotions à revivre. Moi j’ai passé un an à chercher ces émotions là. « Apollo » c’est un voyage temporel. 

On sent que les inspirations sont multiples, de Michel Berger à The Police, tant dans les sonorités que dans les textes peux tu nous en dire un peu plus ?

Alors je peux te parler de trois artistes qui ont été absolument fondamentales pour l’écriture de l’album : Bruce Springsteen, Jean-Jacques Goldman et Phil Collins. Tout le monde aime et reconnaît la qualité de Jean-Jacques Goldman. Il faisait vraiment des chansons incroyables et il y avait des choix de production qui tendaient vers la musique américaine, un peu à la Bruce Springsteen justement. Cette volonté et cette forme de blues, c’était très important pour l’album. Notamment pour les textes, car moi j’ai toujours écrit de manière très poétique et là je me suis forcé à aller chercher des choses beaucoup plus concrètes. Comme par exemple dans « Les mots qu’il faut », c’est quelqu’un qui n’est pas bien et qui ne sait pas comment parler à son ami. Et ça c’est très Goldman aussi, la justesse des textes c’est ça que je recherchais. Phil Collins a été inspirant pour les sons. On a notamment recherché des sons d’une disquette qu’il utilisait dans un de ses synthés.

Justement les clins d’oeil en terme de sonorité sont surprenants, c’est le cas avec « Ton coeur » qui nous rappelle « Le paradis blanc » de Michel Berger. J’ai moi même mis les deux titres en même temps et j’ai été agréablement surprise par cette similitude revisité façon « moderne ». 

Je suis content que tu me dises ça, parce que oui il y a une volonté de ça. « Le paradis blanc » je trouve que c’est une très grande chanson qui m’a marqué durablement en étant petit. C’est marrant parce que « Ton coeur » c ‘est la chanson la plus vieille. J’ai écrit le texte en 2019 par-là. Et je n’arrivais pas à savoir comment la produire. Un jour en tombant sur un son d’un vieux synthé des années 80 qui s’appelle un emulator, qui est un synthé utilisé par Depeche Mode, Michel Berger etc.. Et ce son de harpe je me suis dit on dirait « Le paradis blanc » de Michel Berger. Je me suis mis à chanter le texte de « Ton coeur » dessus et là je me suis dit c’est ça que je veux faire. Je voulais faire un mélange avec quelque chose de très moderne, notamment avec de l’auto-tune. En fait « Ton coeur » c’est Michel PNL Berger (Rires).  

Peux-tu nous confier quel est ton top 3 d’« Apollo » et nous dire pour chaque titre pourquoi celui-ci ?

Pour moi il y « Olvido ». C’est une des chansons qui m’a permis de boucler la boucle de mon album et qui donne du sens à celui-ci. C’est une chanson qui m’a été inspirée par un livre de Erri de Luca qui s’appelle « Tu, Mio ». J’ai senti dans ce livre qu’il y avait une sorte de capsule temporelle, des vieilles choses à aller chercher . Ensuite, il y a « Je veux, je veux, je veux », parce que c’est un message de conviction avant tout envers moi même. En fait, j’ai le droit de vouloir des choses même irréalisables qui vont plus loin que ce que le monde nous offre parfois. Et là où je suis hyper content c’est que cette chanson a une belle vie en radio notamment. Et en troisième je dirai « Le souffle »; C’est une chanson que j’ai écrite avec une amie que j’aime énormément. Pour moi dans le souffle il y a cet amour que je porte pour cette amie qui est vraiment une artiste formidable et ce qu’on a voulu dire, cela raconte le fait de se construire. 

Tu me parlais tout à l’heure de poésie, et moi justement j’ai découvert plus particulièrement ta plume sur l’album « Panorama » de Christophe Willem avec le titre « Au temps pour nous » qui est très touchant. Comment vient l’inspiration poétique pour les autres ?

Merci beaucoup, c’est super gentil ! En fait, ce que je fais c’est que quand j’écris pour quelqu’un d’autre je commence à me dire que c’est un peu comme si j’écrivais pour moi. Et ceux qui viennent me chercher en général ils viennent pour ça, pour cette forme de poésie. Pour le coup Christophe quand je lui ai écrit « Au temps pour nous » c’était une chanson avec une histoire très personnelle. Il y a trois ans j’ai retrouvé une personne que j’aimais énormément il y a 10 ans. De là est venir l’histoire de « Au temps pour nous ». Ça a été super car Christophe est quelqu’un de formidable, très intelligent et très tendre. Finalement, il a mis quelque chose de complètement différent dedans. « Au temps pour nous » c’est lui et son public, le « nous » et je trouvais ça super. Donc quand j’écris pour d’autres, j’essaye de faire les choses à ma façon et c’est un vrai confort. J’écris pour moi, mais avec les frontières des autres. 

Tu débutes ta tournée à Paris le jour de la sortie d’« Apollo », à quoi ton public doit-il s’attendre en terme de scénographie et de setlist ?

Alors pour la setlist, j’ai fait le choix de vraiment partir à fond sur l’album. On joue tout l’album, ainsi que quelques titres des anciens EPs qui sont les plus importants pour moi. J’ai deux musiciens avec moi qui sont formidables, un guitariste et une claviériste-chanteuse. Les deux sont vraiment excellents. On fait le choix de faire un set assez fort, qui sonne assez fort, un peu à l’image de l’album avec plus d’énergie que dans les autres EP’s. J’ai vraiment hâte de partager tout ça sur scène.

Clara De Smet

chiennoirdencre.fr

Photo : Frankie Allio

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