THIS IS NOT A LOVE SONG

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#NVmagLiveReport

Du 01 au 03/06/18 à Paloma – Nîmes (30)

Voilà 6 années que l’événement existe dans un esprit DIY (Do It Yourself) et participatif, dont la diversité des propositions artistiques sont les points forts de cette manifestation. Cette aventure perdure depuis 2011, depuis l’ouverture de Paloma, où co-existent Tinals, avec une programmation riche tout au long de l’année grâce à la vie de Paloma. Les programmateurs arrivent à satisfaire un public indé souvent difficile à conquérir avec un line-up remarquablement éclectique dans le genre. Un moment quasi intime, où la proximité entre les artistes et le public reste fondamentale.

Bien plus qu’un festival, Tinals est avant tout une expérience humaine et sonore. Il y a une quiétude notable au sein du public qui déambule sur le site, créant une atmosphère ludique au sein de son espace dédié et laisse volontairement le temps aux festivaliers d’aller tranquillement d’un point à un autre et de scènes en scènes. Les ateliers sont proposés par des personnes qui font partie intégrante de l’équipe de Paloma, sur le fil-rouge d’une vie annuelle qui prend forme pendant ces trois jours du mois de juin. C’est un moment de plaisir, de partage et de découverte.

La programmation musicale reste dans un état esprit affiné, pensé par des passionnés pour passionnés. Ce sont pour la plupart des groupes référencés, qui tournent dans le monde entier, avec des styles musicaux accessibles à tous types de public, où des liens familiaux existent entres les groupes, puisque pour la plupart ils se connaissent et sont souvent ravis de se retrouver d’années en années. Il y a une forte volonté de Paloma et l’association Come On People d’arriver à maintenir cette harmonie entre le public, les organisateurs et les artistes.

Tinals a réussi à se stabiliser en terme de fréquentation, qui reste la même que les années précédentes, et ce, malgré les grèves de train et les examens des étudiants montpelliérains, un contexte initialement peu favorable. On comptabilise pour cette sixième édition 16 000 festivaliers ; c’est un festival qui dorénavant arrive à maturité, de grande valeur artistique avec une programmation indie, très marquée par le rock anglo-saxon pour l’édition 2018.

Cette année encore, ils ont choisi de renouveler l’expérience du Patio, un moment assez unique qui permet de voir des groupes dans un contexte différent, dans des conditions spontanées live au cœur du public, où les artistes et le public font corps et qui contraste entre la scène rock de proximité et la Grande Salle, où l’on peut voir ou découvrir des artistes comme : Rhye, Cigarettes After Sex, John Maus, Idles, Sparks et se mettre dans une bulle. Les rendez-vous du Patio reflètent une émotion immédiate du public, notamment avec les groupes Cathédrale ou DYGL ou Black Bones, montrant un engouement indéniable des festivaliers et des organisateurs.

Folle ambiance et franc succès cette année dans la Love Room, avec les deux lyonnaises Nina et Simone et leur blind tests pêchu avec des super cadeaux à la clé, comme par exemple, offrant un moment backstage avec un artiste. Des moments amicaux sur le ton de l’humour, mais qui demandent toutefois de la rapidité et une culture générale pointue en musique.

 

« TINALS offre une affiche plutôt rare dans le paysage des festivals français, et propose un événement fil-rouge ambitieux mais à échelle humaine. »

 

Tinals 2018

 

Jour 1

Le festival débute en douceur avec le groupe Mummy’s Gone sur la petite scène extérieure Mosquito rappelant le style d’Eddie Vedder. On retrouve ensuite l’ex-leader anglais du groupe The Only Ones, Peter Perrett dans la Grande Salle pour présenter son album solo « How the West Was Won ». Se chevauchent trois concerts d’exceptions avec les talentueux japonais DYGL dans le Patio, Nick Hakim avec sa pop psyché soul et sa voix androgyne sur la scène Bamboo et l’incroyable rapper US, Vince Staples sur la grande scène extérieure Flamingo. Il propose une vision unique du hip hop avec son art-rap. Seul, la scène est habillée d’écrans multiples, montrant des scènes chocs sur un ton ironique et décalé : Les Black Panthers, Kurt Cobain, des scènes de vols ou encore du twerk à la limite du vulgaire. Le show est d’une grande puissance.

Il est quasiment impossible de rentrer dans la Grande Salle pour le concert des légendaires Sparks. Se produisent au même moment les punks anglais Warmduscher, les cowboys à l’arrache. Nous sommes au climax de la soirée, simultanément jouent The Rustyn’s, Flat Worms et la tête d’affiche de la soirée : Beck. Superbe prestation remplie d’énergie positive, avec des rythmiques sautillantes et acidulées, des mélodies accrocheuses, une présence scénique unique. Bien évidement c’est l’euphorie générale sur le titre « Loser ». Se poursuit la soirée avec le groupe Moaning, post punk US et la troublante apparence du chanteur qui paraît extrêmement jeune. Il déploie une fougueuse énergie sur scène, petite réserve au niveau de la justesse de sa voix. Dans le Patio on retrouve les sombreros du groupe Black Bones dont l’énergie est fraîche et allègre au charme communicatif. Dans la Grande Salle place à la performance de Insecure Men avec leur pop anglaise, Bayonne et son ambient US et la légende écossaise The Jesus and Mary Chain qui sortira une compilation de 21 singles pour la première fois en vinyle le 6 juillet prochain.

 

 

Jour 2 : La conquête des nouveaux publics avec les après-midis gratuites

 Tinals essaie de toucher un public diversifié et plus familiale qui attise la curiosité des riverains, avec une programmation engageante : House Gospel C., Cathedrale, Francobollo et les cannois Mcbaise. La soirée débute avec l’épatante performance de l’américain John Maus dont le rendu est si singulier. Il se dégage une émotion brute et sauvage voire viscérale, tout en étant paradoxalement aérien, mélodique et poétique. Un quartet surprenant, un concert qui prend aux tripes, John Maus se frappe violemment la tête et sur le torse tout en poussant sa voix sur de belles envolées presque féminines, sur des arrangement pop, coldwave. Jolie performance de l’américaine Mattiel, aux sonorités rock, folk, soul, blues et qui sentent bon l’Amérique. Au même moment les jeunes californiens The Buttertones décoiffent le public avec son rock’n’roll tout droit sorti d’une série B 50’s-60’s ou d’un polar des années 40 ! Emmené par le charismatique Richard Araiza, le groupe nous propulse donc dans une BO imaginaire où surf, doo-wop, rockabilly, garage et rock’n’roll font excellent ménage. De retour à la Grande Salle, sublime prestation du groupe Rhye dont la musique est enivrante et enveloppante et donne la sensation pendant quelques instants où le temps s’arrête dans une beauté inouïe. S’en suit le concert des jeunes et dynamiques Superorganism, un concert fantasque high tech et un curieux mélange. Les membres du groupe font preuve d’un certain stoïcisme sur scène. A l’extérieur c’est au tour du groupe folk Father John Misty dont les arrangements sont d’une extrême finesse. Connu pour ses prolifiques albums de folk sous le nom de J. Tillman, l’ex-batteur et choriste des Fleet Foxes a sorti cette année son troisième opus qu’il présente sur la scène Flamingo. Sur la même scène une heure plus tard, les frenchies Phœnix débutent leur concert avec le titre « Goodbye Soleil ». Ode à l’Italie avec leur album « Ti Amo » dont les cœurs lumineux décorent la scène. L’ambiance est à son comble, fabuleux moment de partage entre les musiciens et le public sur des titres comme « Lisztomania », « J-Boy » ou encore « Too Young ». Le Public s’enflamme lorsque Thomas Mars se mit debout à chanter en plein milieu du public, qui le porte à bout de bras, un instant mémorable pour tous les festivaliers, dans une ambiance chaleureuse. Interlude punk et déjantée avec le groupe suédois Viagra Boys où la chaleur du sud met à l’aise le chanteur, qui n’hésite pas à retirer son tee-shirt et exhibe ses tatouages. Cette deuxième soirée se termine par l’excellentissime concert de Ty Segall and The Freedom Band (composé de Charles Moothart, Emmett Kelly, Ben Boye, Mikal Cronin) qui n’est pas à sa première représentation à This Is Not A Love Song. C’est toujours un régal de le voir sur scène avec son énergie éclatante, il présente son tout dernier album « Freedom’s Goblin » sorti en 2018.

 

Jour 3

Dès l’après-midi, les concerts gratuits accessibles à tous avec les groupes Fabulous Sheep, Triste Cool Loheem, Rollin Blackouts Coster F. et Park Hotel (qui jouera à deux reprises ce dimanche). Nous avions réussi jusqu’à présent à passer entre les gouttes, lorsqu’il se mit à pleuvoir pour le début du concert de Deerhunter : aussi bon dans les brulots punk lo-fi mais jamais brouillon, que dans les mélodies crève-cœur. Dans la Grande Salle les texans romantiques et sensuels, avec la dream pop reconnaissable et saisissante de Greg Gonzalez de Cigarettes After Sex, avec un show extrêmement minimaliste et envoûtant, où l’on retrouve les titres phares « Nothing’s Gonna Hurt You Baby » ou « K. ». Au même moment où se produisent Park Hotel et Urza Furman. Puis, les très attendus The Breeders attaquent leur concert sous la pluie sur la grande scène extérieure Flamingo. En 2018, les sœurs Deal reviennent avec un nouvel album « All Nerve » chez 4AD et pour l’occasion viennent partager avec le groupe tous ses classiques 90’s. C’est l’occasion de découvrir sur scène les nouveaux titres avec tout le dynamisme et l’humour que l’on connaît du groupe. Elles sont communicatives avec le public, ce qui rend l’interaction très plaisante malgré la fine pluie.

Incroyable concert des anglais Idles, adeptes du non-conventionnel, du hors piste total, Idles a le souffle profond et la passion au poing. Souvent, les deux guitares se cambrent, la basse crache et les batteries mordent. Joe Talbot est un punk explosif aux paroles intenses, nourri par une mélancolie impétueuse partagée par les autres membres du groupe. The Black Madonna clôturera le festival dans la Grande Salle pendant que Dead Cross s’exécute avec poigne sur la scène Flamingo avec l’unique concert métal. Retrouvez en live le projet punk du batteur Dave Lombardo (Suicidal Tendencies, ex-Slayer) avec le chanteur Mike Patton (Faith No More, Mr Bungle, Fantômas, Tomahawk), le bassiste Justin Pearson (The Locust, Retox) et le guitariste Mike Crain (Retox), qui sur scène est un vrai nectar.

 

Aurélie Kula

thisisnotalovesong.fr

© Aurélie Kula

 

 

 

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Aurélie Kula
Aurélie rejoint l'équipe de Nouvelle Vague en 2013, en tant que rédactrice. Après plusieurs contributions, elle intègre le bureau du journal au sein duquel elle effectuera les missions liées à sa nouvelle fonction de secrétaire de rédaction pendant plusieurs années, ce qui l'amènera à couvrir beaucoup de concerts et de festivals, comptes rendus et interviews d'artistes de renoms et internationaux. Aurélie est en charge du "Son du jour" sur la page Facebook de Nouvelle Vague, publié tous les jours à 13h. Amatrice de jazz, IDM, dream pop, néo classique et de punk rock (en gros FIP), elle est aussi une grande collectionneuse de vinyles. Ses autres passions sont, à ce jour, la photographie, la littérature, la basse, les arts martiaux et le yoga. A présent, elle travaille en tant qu'assistante de production pour l'influenceur Nota Bene, youtuber spécialisé dans la vulgarisation de l'Histoire et le Gaming.

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