#NVmagLiveReport
Du 07/03/19 au 10/03/19 à Anthéa – Antibes (06)
“To stomp : verbe anglais signifiant piétiner, taper du pied”.
Réputée pour la qualité des prestations données entre ses murs, le complexe culturel Anthéa, fleuron médiatique de la ville d’Antibes, ne faillit, une fois de plus, pas à sa réputation. En programmant le collectif britannique Stomp, le Théâtre Anthea misait sur une valeur sûre. Les mille deux-cents sièges de la salle Jacques Audiberti, pris d’assaut pour l’occasion, ne démentiront pas cette réalité. Aussi, lorsqu’à 20h30 précise, le rideau de la scène s’ouvre, c’est un décor post-apocalyptique qui se dresse face au public, contrastant délicieusement avec l’ambiance feutrée de la salle. Et c’est d’entrée de jeu le numéro des balais qui émerge doucement. Les huit jongleurs-acrobates de la troupe, six hommes et deux femmes, vont alors, à l’instar d’un orchestre minutieusement dirigé, intervenir un par un, débarquant sur scène habillés de vêtements néo-militaires et cyberpunk. Là, humour, précision, rythme et agilité vont se mêler en une palpable complicité. Les balais frappent et brossent le sol, les techniciens de surface improvisés deviennent, malicieusement, musiciens d’un instant. La magie prend tout de suite. Derrière les visages de néo-clowns, l’œil du spectateur finit par deviner les corps athlétiques qui évoluent avec une grâce exacerbée dans cet environnement où, chaque détail, semble issu du recyclage. Tout au long des deux heures de spectacle, le matériel du quotidien se déroule et se voit être dénaturalisé par un protocole de transformations, successives et, à chaque fois, inattendues. Pelles, journaux, cadis de supermarchés, éviers en Inox devenus colliers, tout y passe. Si ça peut être empoigné d’une manière ou d’une autre, alors ça fait l’affaire ! La poésie est manufacturée à son summum. Les membres de Stomp, par le biais de la mécanique de leurs corps, parviennent à composer l’espace en transfigurant ces objets. La collusion effectuée entre les chairs vivantes et la matière inerte révèle la seconde nature présente dans le tout qui nous entoure. Durant tout le spectacle, l’énergie, insufflée en début de show, voyage de la troupe vers le public d’où elle rebondit immédiatement, amplifiée, pour retourner vers l’équipe. L’union devient totale lorsque l’un des artistes invite l’assistance à taper des mains en rythme afin de souligner le tempo. Une prestation sublime et unique en son genre.
Aurélie Kula