L’évocation du terme “post-rock japonais” ne suscite que deux réactions distinctes: l’une est perplexe, interloquée, voire moqueuse, imaginant de suite un théâtre Nô avec sumos jouant une musique inaccessible, l’autre, mieux informée, est curieuse, les yeux brillants, salivant et jubilant d’avance. Car effectivement, une fois sur place, point de shakuhachi en vue et les jamisens ont bien été remplacés par des guitares électriques. Les visages enfouis sous leurs coupes d’emo kids, deux guitaristes incessamment arc-boutés accompagnés de leur batteur et leur bassiste/violoncelliste/vibraphoniste nous embarquent dans un voyage composé d’une poignée de morceaux proprement épiques, méticuleux et poignants. Frustration intense quand le quatuor file à la japonaise sans rappel mais satisfaction assouvie d’avoir pu voir ce groupe si rare qui n’a véritablement rien à envier aux Mogwai et autres Godspeed You Black Emperor lors de cette date unique en France à la MJC Picaud de Cannes. Un grand moment.