#NVmagLiveReport
Du 17 au 20/10/18 à Paris (75)
En ce milieu d’Automne, se tenait, à Paris, la neuvième édition du plus que jamais internationalement réputé MaMA (Marché des Musiques Actuelles) Festival & Convention. Une fois encore, la grand-messe annuelle des métiers de l’industrie musicale honora toutes ses promesses. Des chiffres donnant le vertige. 5925 professionnels, 2140 structures, 396 intervenants, 141 partenaires et 589 accréditations médias délivrées à autant de journalistes venus se délecter des nouveautés conceptuelles et technologiques, des conférences données sur de multiples sujets, ainsi que les nouveaux groupes et projets musicaux portés fièrement à bout de bras par des labels venus dévoiler leurs talentueux protégés. Au sein d’un cadre enchanteur, tout avait été mis en œuvre pour que les protagonistes, quelles que soient leurs fonctions, évoluent dans un confort visant à faciliter leur évolution à travers cette haletante odyssée. Devant l’immensité du site, l’application MaMA Festival & Convention 2018 développée par Beepers était bien plus que plébiscitée.
Durant ces trois jours, les participants à cette édition 2018 apprécièrent de croiser le nouveau Ministre de la Culture, M. Franck Riester, venu personnellement sur place la journée du jeudi. Une délégation japonaise de taille était également présente sur le site cette année. Maints sujets et problématiques furent traités au cours de présentations données par des conférenciers internationaux. Parmi les thématiques abordées, “La Place des Femmes dans l’Industrie Musicale”. Côtés avancées technologiques, les ateliers du numérique et de son utilisation dans le monde du spectacle et de la musique, qu’il s’agisse de sa création ou bien de sa gestion, se taillèrent la part belle. À noter également, la sympathique initiative de quelques stands qui organisèrent des apéritifs visant à promouvoir les rencontres. Pas de méprise, si l’ambiance prenait souvent une tournure festive, celle-ci se révélait être, avant tout, studieuse et de gros enjeux commerciaux furent traités, ici, tout au long de la convention.
Résolument tourné vers le support des initiatives et de la création, le MaMA Festival remit, pour sa quatrième année consécutive, le Prix MaMA Invent. Cette année, celui-ci revint à MILA, un outil de rééducation, par la musique, des enfants atteints des troubles de l’apprentissage. De même, Part Time Friends reçut, pour la troisième année d’existence de celui-ci, le Prix Mood Avant-garde.
Côté présence artistique, le MaMA Festival & Convention proposait, cette année encore, une opulente affiche. 156 artistes venus de tous pays se produire aux cœurs de dix salles et lieux atypiques : du simple salon cosy, offrant à trente invités sélectionnés la possibilité de découvrir de jeunes formations au cours de mini-performances au caractère intimiste, à la maxi salle de concert abritant jusqu’à deux mille personnes venus soutenir en masse leurs groupes préférés. Ainsi, lors d’une soirée orchestrée par The Link Productions, les groupes WellBird, Lüt, Hangman’s Chair et Horskh se firent un plaisir d’enflammer La Boule Noire. Quatre noms pour quatre sons bien différents. Wellbird en ouverture de session nous gratifient d’une musique pop indé à l’accent sincère et allégeant. Sans pour autant dénigrer l’aspect ultra technique de leurs compositions, les membres de Wellbird, visiblement très complices avant tout, nous entraînent dans un voyage bariolé de sonorités solaires et aériennes où se mêlent guitares et voix. Derrière eux, ce sont les six norvégiens de Lüt qui prennent le temps de nous orienter vers ce qui allait se révéler être une véritable montée en pression de la salle. Délivrant un hard rock flirtant avec le punk dans ce qu’il a de plus californien, Lüt est un condensé d’énergie folle. Le ton est donné. La tendance rock progresse et lorsque The Hangman’s Chair monte sur scène, la frappe imposée par le metal stoner du combo parisien ne laisse aucun répit. Les quatre ténors du genre ne sont pas venus pour faire dans la dentelle. Le couperet tombe finalement avec Horskh, en place pour déployer sa musique metal indus. Une batterie acoustique couplée à un très gros son techno et une voix d’une clarté surprenante. La vague est irrépressible. Dans un style beaucoup plus velouté, le show très privé, concocté par Rock in Loft au théâtre de La Cible, offrent la possibilité de savourer des mini concerts. Sorte de “speed-listenings” au cours desquels des groupes tels que Vanished Souls ou Paranoïd, se dévoilent, sans fausse pudeur, sur une scène circulaire évoquant les effeuillages sensuels pratiqués dans les salons de la vie nocturne parisienne. L’ambiance est détendue. Les coupes de champagnes circulant entre chaque prestation donnent à l’auditoire le sentiment de baigner dans le luxe. La musique est de très bonne qualité et les regards s’accrochent longuement entre les artistes et leur public. Sur les planches de La Cigale, c’est Gaël Faye qui électrise littéralement l’atmosphère. Flanqué de ses deux musiciens, le jeune franco-rwandais récite un rap ensoleillé, aux textes engagés et enrobés d’une vraie poésie. L’assemblée est réellement sous le charme et le son incroyablement assourdissant des applaudissements entre chaque titre ne laisse aucune ambiguïté quant à la place du chanteur dans le cœur de ses fans. Le public s’enflamme littéralement lors du featuring de Flavia Coelho. Un clin d’œil nostalgique à Mario Bros avec quelques notes nous replongeant immédiatement fin des années 80. De retour à La Boule Noire, avec l’incroyable prestation du duo The G. Le rock ultra énergique des deux jeunes frères n’a rien à envier aux piliers expérimentés du genre. La Nouvelle Zélande nous enchante de la présence d’Estère au Backstage By The Mill, musicienne géniale aux multiples casquettes. La musique électronique, mélangée avec de nombreuses sonorités originales, se met au service d’un concert vivant et hypnotique. Estère, véritable petite fée colorée, rebondit entre ses différents instruments, danse à la limite de la lévitation et chante à la perfection. Un envoûtement. La FGO servit de refuge aux amoureux de rock psyché avec You Said Strange. Des guitares langoureuses sur des morceaux longs et pénétrants. Les amateurs de sons originaux y trouveront également leur compte avec la superbe démonstration des musiciens poètes de Temenik Electric, un rock aux consonances orientales, l’envie de bouger se fait ressentir dès les premières notes. Découverte sensationnelle, Thom Artway. Thom nous fait l’honneur d’une démonstration de ses talents de parolier guitariste lors d’un passage en France. En provenance de la République Tchèque, le jeune chanteur et son groupe se fondent à la perfection dans le décor du Carmen. La pop britannique, interprétée par celui qui commença sa carrière en tant que chanteur de rue, est comparable à celle de Cold Play avec un rien de synthétiseur en plus. Show carré et son réglé avec une grande précision, un très agréable moment passé en la compagnie d’un garçon dont on entendra très certainement rapidement parler.
Si l’accent était résolument mis sur le son pop et ses déclinaisons, de nombreux styles musicaux virent leurs couleurs défendues par des interprètes internationaux tout au long des trois soirées, hip-hop, metal, rock, électro, jazz, classique, afro folk, etc… 5522 pass, disponibles sous la forme un jour ou trois jours, furent ainsi délivrés. L’attrait plus que jamais grandissant du public, essentiellement parisien il est vrai, pour la culture musicale, laisse présager de très beaux jours à ce festival hors normes qu’est le MaMA. Une bien belle façon de diffuser un message à ceux et celles qui, pour des raisons quelles qu’elles soient, souhaiteraient voir se taire les voix de l’Art et de la Culture.
Aurélie Kula
Merci pour ce compte rendu aussi détaillé qu’agréable à lire. On s’y croirait!