LES ÉMOUVANTES (Jour 3)

0
78

 Le 21/09/2204 au Conservatoire Pierre Barbizet – Marseille (13).

C’est déjà la dernière soirée du festival. Deux quintet aux styles bien différends vont se succéder. “Print” de Sylvain Cathala et le groove afro jazz des musiciens de Fabrice Martinez.

Franck Vaillant, le batteur, mène la danse, il donne le tempo, bat la mesure, cingle ses cymbales, remet tout le monde dans la partie et surtout calme le jeu entre deux morceaux comme pour donner un nouveau souffle à ses acolytes. Il est parfaitement soutenu par Jean-Philippe Morel à la contrebasse qui rétabli la pulsion quand, devant, les deux saxophonistes s’évadent dans leur chorus. Sylvain Cathala est le leader et le compositeur. Avec son ténor, il a un jeu rigoureux, réservé qui se conjugue parfaitement -comme en rebond- avec les phrases harmoniques, rythmiques, souvent joyeuses ou tendres de Stéphane Payen. Il joue toujours de son bel et étonnant sax alto droit. Le groupe “Print” fut longtemps un quartet, ils sont désormais cinq avec l’arrivée de Benjamin Moussay et son piano modulaire. Un synthé, un clavier maître, posé sur le demi-queue Steinway. Il mêle et entremêle les sons acoustiques avec ceux électroniques des oscillateurs, modulateurs et séquenceurs de sa boite où câbles, diodes et potentiomètres rotatifs se coudoient. Par moments, au gré des compositions, comme pour souffler sans soufflants, les deux sax laissent place à d’intrigants piano trios. Puis les sons virevoltent de nouveau à cinq jusqu’au coup de baguette final d’un set somme toute stupéfiant.  

Après le traditionnel entracte, Fabrice Martinez va clore ce festival avec son projet “Stev’in my Mind”, une relecture aux teintes africaines de la musique de Stevie Wonder. Comme pour confirmer la pertinence de ce choix, les autorités du pays ont donné au songwriter américain la citoyenneté ghanéenne. Le trompettiste arrive, entouré d’une belle équipe cosmopolite (celle du CD). Le camerounais Raymond Doumbe à la guitare basse (il a joué avec Manu Dibango et Archie Shepp), Romaric N’Zaou, jeune batteur à la technique époustouflante, venu du Congo. Une sacrée rythmique! La franco-italienne Bettina Kee aka “Ornette” aux claviers pour les nappes, les riffs et quelques stravaganza. Pour finir, Julien Lacharme est à la guitare, polyvalent, virtuose, shredder fou, capable de jouer aussi funky que Johnny Guitar Watson puis de passer à un chorus à la Steve Vai avant, dans le morceau suivant, d’accompagner la trompette de quelques lignes de guitare que ne renierait pas le regretté Jeff Beck. Casquette vissée sur la tête, Fabrice Martinez n’a plus qu’à faire vibrer -et de quelle manière- sa trompette et son buggle et revisiter ainsi les mélodies wonderiènne dans les superbes arrangements qu’ils a concoctés. Ça groove dans la salle du conservatoire, le public, debout, en redemande Toute la team revient pour un long rappel où, avec beaucoup d’à propos, le groupe joue une chanson intitulée “No Time”, signée du leader et de Bettina Kee qui nous montre qu’elle chante aussi fort bien.
S’il n’a pas encore tout à fait pris sa place de co-directeur artistique du festival, Fabrice Martinez y a déjà laissé sa marque!

Jacques Lerognon

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici