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Le 21/03/19 dans le cadre du Nice Jazz Festival au Conservatoire Régional – Nice (06).
Il est 19h30 quand s’ouvrent, avec un léger retard, les portes du Conservatoire. C’est sur sa scène, ce soir, que l’un des plus grands saxophonistes se produit, Kenny Garrett, dans le cadre de son projet “Do Your Dance”. Une heure plus tard, la première partie débute avec une collaboration entre la chanteuse MAE et le groupe niçois J-Cat. Un joli avant-goût entre soul et électronique. L’heure de l’entracte sonne, tandis que le public s’impatiente, un public probablement de la première heure comptant un nombre faible de jeunes dans la salle. Après une vingtaine de minutes, le quintet arrive discrètement sur scène, le pianiste, le contrebassiste, le batteur ainsi que le percussionniste, suivant leurs pas le saxophoniste légendaire à l’allure simple et élégante. Tous saluant la salle avec politesse avant de faire résonner leurs premières notes. Un léger problème technique oblige le musicien à quitter la scène le temps de quelques minutes, il donne le signal à ses compères qui improvisent avant le retour du jazzman qui reprend aussitôt avec un naturel déroutant. S’enchaîne des morceaux vibrants. Chaque musicien donne l’impression de jouer indépendamment tout en s’harmonisant, avec magnificence, avec tous. Chaque note s’envole, percutant chaque coin de la salle pour exploser en étincelles. Aux antipodes des concerts de jazz très carrés, les prestations de Kenny Garrett se veulent intimistes. Émerge un duo entre batterie et saxophone quand soudain les caisses se taisent pour laisser émaner l’amplitude du souffle, l’artiste nous offre près de 6 minutes de solo. Il ne perd ni sa puissance ni sa passion, c’est avec frénésie qu’il enchaîne les notes, les changements de tonalité. Un voyage de plusieurs secondes avec un ténor, tandis que la salle reste silencieuse et admirative. Au-delà de ses capacités musicales hors normes, Garrett nous prouve à l’âge de 58 ans qu’il reste une bête de scène, amoureux de son art comme de son public. Deux heures de compositions sans relâche et là deuxième semble destinée à convier le public non seulement à écouter mais à participer et à ressentir toute la beauté de cet univers, aux influences diverses où résonne liberté et fougue. Allant du saxophone à la trompette, chantonnant et improvisant du scat entouré de ses musiciens talentueux, le virtuose nous transpose dans son monde coloré, enchanté où deux mots règnent : amour et générosité. L’entièreté de la salle est debout, tapant dans ses mains ou dansant tandis que le musicien nous offre en dernier morceau son classique « Wayne’s Thang » de 1995. Après avoir présenté à deux reprises ses musiciens remarquables, le groupe danse autour du batteur qui improvise des sonorités africaines. Batteur qui, semblant infatigable a bluffé son public, par sa justesse et sa rapidité. Se termine ce fabuleux moment, de passion et d’énergie par les remerciements de chacun.
Romanne Canavese