#NVmagLiveReport
Du 20 au 22/10/17 au Palais des Congrès – Juan-les-Pins (06)
Jammin Juan était organisé en deux parties, des showcases et des rencontres informelles en matinée et après-midi pour les professionnels et les concerts du soir pour le grand public, nous y reviendrons. Dix-huit groupes, sur deux scènes, ont donc pu se produire devant des journalistes, des organisateurs de concert ou de festivals (certains venus de Quebec, de Belgique ou même de Bretagne) ainsi que des agents et producteurs. Nous ferons ici, un rapide tour subjectif des formations nous ayant surpris, convaincu ou passionné.
Vendredi 20 octobre
Macha Gharibian en trio est la première à s’installer sur la scène Méditerranée. Pianiste délicate, elle envoûte par sa voix chaude, tant en anglais qu’en arménien, dans titre évoquant une sorte de psaume. Un peu plus tard, Gauthier Toux nous donne un avant-gout de son concert du soir. Un trio très équilibré, des compostions raffinées qui font la part belle à un jazz intimiste. Du côté de la salle Fitzgerald (Ella, bien sûr) on retrouve le quartet de Sébastien Chaumond, bien connu des azuréens mais qui a fait impression à ceux qui le découvraient. Son bebop est impeccable et pour tout dire confortable. Dans la même salle, plus tard, le trio marseillais Tie Break sera plus inventif, plus expressif, un jazz vitaminé qui fait la part belle aux improvisations du piano de Cyrille Benhamou soutenu par une belle paire rythmique. En toute fin d’après-midi, le duo de Vincent Jourde sax soprano & Joffrey Drahonnet, guitare, étonne par leur musique d’une grande richesse harmonique.
Samedi 21 octobre
Dès 10h30, pas vraiment une heure pour un concert mais le contrebassiste Merakhaazan est fin prêt. Son set est impeccable, mêlant virtuosité et technique à une inventivité créative surprenante, même quand on l’a déjà entendu auparavant. Seul avec sa contrebasse à 5 cordes et ses boites d’effets, il invente un univers musical allant du baroque à l’électro en passant par le swing. Une véritable claque de bon matin! A peine le temps de traverser le bâtiment pour assister à la prestation du trio de Damien Groleau, issu de l’école de Didier Lockwood. Sans réinventer le classique piano, basse, batterie, leur musique dégage une impression de sérénité servit par des compositions d’une grande qualité mélodique et harmonique. En fin de matinée, la claque du Jammin, le set de Tom Ibarra, jeune guitariste d’à peine 18 ans qui connait son Pat Matheny par cœur mais qui se garde bien de singer le maître. Ses compères du sextet sont aussi le fleuron de la jeune garde du jazz. Respect.
L’après-midi débute avec le quartet du violoniste Scott Tixier. Le jeune français, propulsé par son ainé Jean-Luc Ponty, a acquis une solide expérience à New York où il vit. Soliste accompli, il laisse cependant de la place à ses trois musiciens pour un set vivifiant d’un jazz éclatant, moderne qui n’a pas oublié ses racines. L’accordéoniste cannois Frédéric Viale joue dans deux formations ce samedi, on apprécie plus la seconde dans le Roccaserra Quartet. Moins brasil, plus folklorique, plus latine que latino, avec le mandoloncelle de Jean-Louis Ruf-Constanzo et le violon de l’italien Sergio Caputo. Intéressant showcase du groupe luxembourgeois Pol Belardi’s Force. Jazz électrique, groovy, plus jazz contemporain que jazz rock malgré une rythmique puissante. Pour finir, le quartet du jeune pianiste italo-suisse Lorenzo de Finti. Une formation acoustique, les compositions du leader sont magnifiquement servies par le trompettiste cubain Gendrikson Mena très souvent lyrique. Le batteur Marco Castiglioni et le contrebassiste Stefano Dall’ora assurant une pulsation irréprochable. Une suite pour Jazz 4et selon les propres dires du pianiste où le piano et la trompette peuvent jouer ostinato ou en contre point. Leurs trente minutes furent bien trop courtes.
Une conclusion s’impose à l’issue de ce long weekend à Juan, le jazz est encore bien vivant et d’excellent jeunes musiciens sont déjà prêts à prendre la relève.
Jacques Lerognon
jammin.jazzajuan.com/
Gauthier Toux & Remi Bouyssière