Le 02/03/2025 à La Citadelle de Villefranche-sur-Mer (06).
La venue de Jacky Terrasson dans notre région est toujours un évènement car il s’y fait très rare. Le Trinquette Jazz Club a dû se délocaliser dans l’auditorium de La Citadelle de Villefranche-sur-Mer. Le pianiste ne vient pas tout seul, il est accompagné par le contrebassiste Sylvain Romano et le batteur cubain Lukmil Perez. On descend quelques escaliers, on rejoint nos places dans cette salle qui semble taillée dans la roche du cap. La scène est petite, la contrebasse touche presque le piano et la batterie.
Après le petit discours d’usage, les musiciens rentrent sur scène, s’installent. Le premier accord retenti, on se dit tient cette mélodie je la connais, basse et batterie complètent l’impression. Jacky Terrasson se lance dans sa première impro. Patatras, on entend un clac et la lumière saute. Imperturbable, le trio continue sur sa lancée comme si de rien n’était. Quelques spots s’éclairent, lumière jaune, on revoit le groupe, Sylvain Romano esquisse un sourire. Le set reprend son cours normal. Jacky Terrasson semble dans son monde, une main, un bras s’éloignent du clavier, en l’air, en bas, derrière même, puis reprend sa place. C’est sûr, il n’a pas un jeu académique mais quelle intensité, quelle fougue, quelle invention. Une nouvelle longue intro en piano solo, un regard sous le capot vers le bassiste, qui rentre dans la danse suivit de peu par les baguettes. On reconnait, ou croit reconnaitre, quelques thèmes fameux « Besame Mucho », « Misty », le très swinguant « Solar ». Petit moment surprenant, Jacky se lève et commence à jouer dans le piano, tapant les cordes de ses deux mains, aussitôt imité par Sylvain Romano sur sa contrebasse et bien sûr Lukmil Perez avec les mailloches sur les toms. 21h24, le pianiste attrape le micro et s’adresse enfin au public, il nous fait écouter le chant d’un oiseau exotique qu’il a capté sur son téléphone. Son ingénieur du son a fait quelques édits et Jacky Terrasson s’est inspiré de ses six notes pour sa composition intitulée avec humour Edit (piaf)! Pour chacun des morceaux qu’il a joués, Jacky Terrasson s’empare du thème, de la mélodie, il l’expose puis le destructure pour le faire sien à charge pour ses deux compères de le suivre, de l’accompagner sans même toujours savoir où ils vont. C’est typiquement le cas du morceau final (on ne le sait pas encore). On reconnait le riff du « Come Together » des Beatles, « One thing I can tell you is you got to be free ». Le trio nous entraine quelques minutes dans la musique de John Lennon, très beau solo de basse, retour du riff puis Jacky Terrasson se lève, c’est fini.
Merci Messieurs.
Jacques Lerognon


