#NVmagLiveReport
Le 09/11/17 au Forum Nice Nord – Nice (06)
C’est LynX trio qui avait la difficile tâche d’ouvrir le concert avant Christian Scott. Et ils ont fort bien réussi. 45 minutes d’un jazz d’atmosphère qui évoque Pat Metheny mais aussi le regretté Allan Holdsworth avec cette guitare qui sonne comme un violon parfois. Le guitariste Gabriel Gosse fait des pleins et des déliés avec le médiator, avec les doigts sur sa six-cordes ponctués par un batteur, Antonin Violot, énergique et inventif. Dans un tel groupe on aurait pu attendre une basse électrique mais c’est bel et bien un contrebassiste, Bertrand Beruard, qui donne un groove chaleureux à la musique du trio. Courte pause et le quintet de Christian Scott prend possession de la scène pour un long set qui restera dans les mémoires des spectateurs. Bardé de ses habituels colliers et bagues dorés, le trompettiste a rendu hommage au jazz et au cent ans du premier enregistrement de cette musique qui nous est chère. Le jazz a bien évolué depuis 1917, depuis, le dixieland et le New Orleans, mais leur jeu, s’il reste imprégné des racines a intégré les autres musiques actuelles. Outre les compositions du leader, nous avons eu droit à un classique de Art Blakey, “Moanin”. Virtuose, éclectique, Scott ne serait pas aussi impressionnant sans son groupe. Lawrence Fields est aussi à l’aise avec le Steinway que le piano électrique, il en joue même simultanément à plusieurs reprises. La rythmique, Corey Fonville à la batterie et Kriss Funn à la contrebasse on fait merveille, alliant puissance et intensité. Au saxophone, Logan Richardson semblait habité par la musique, les yeux clos, il soufflait dans son alto, à l’unisson avec Scott ou dans quelques chorus à donner la chair de poule. Christian Scott était particulièrement en verve, il nous a raconté son grand-père, un des grands chefs des Black Indians de la Nouvelle Orléans et nous a fait un très beau discours humaniste, égalitaire, nous incitant à regarder les autres avec bienveillance et tolérance. Mais il est revenu ensuite à l’essentiel, le blues, en nous offrant en rappel (très rare nous dit-il) le “Straight No Chaser” de Monk. Le jazz est bel et bien vivant. Un grand merci à la ville de Nice et à Imago Records et Production de nous avoir permis d’assister à un tel concert.
Jacques Lerognon