(Apple Records, Capitol Records)
Sorti le 22 Novembre 1968
Un double album éponyme à la pochette blanche, comme son titre l’indique. Cela n’annonce rien d’original. Difficile de faire plus sobre et banal. Et pourtant… Impossible de ne pas voir le double blanc apparaître dans un classement des plus grands albums de tous les temps. Enregistré dans une atmosphère détestable, et successeur de l’immense “Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band” (dont la pochette est nettement moins discrète), il n’était pas évident d’imaginer son importance dans l’histoire de la musique. Heureusement, la productivité hallucinante bien connue des scarabées et leur volonté de travailler avec acharnement ont pris le dessus sur les nombreuses tensions qui régnaient dans les studios. On pourrait même supposer que ces désaccords ont aidé le groupe à rendre l’album si spécial. En enregistrant majoritairement chacun de leur côté et n’étant pas du tout en phase les uns avec les autres, les Fab Four ont finalement donné presque malgré eux naissance à ce chef-d’œuvre dont l’éclectisme est inégalable. En plus d’un retour aux sources purement rock ‘n’ roll, traditionnel et moins psyché, on y retrouve du jazz, de la country, des ballades folk, du ska, et même d’autres registres insoupçonnés. L’incroyable Helter Skelter sonne comme du hard rock avant l’heure. Et que dire de Revolution 9, réalisé par John Lennon et Yoko Ono? Cet ovni terrifiant inspiré par Edgar Varèse pour lequel Lennon s’est battu seul contre tous, car personne n’en voulait. Sa façon de contrer encore ce qu’il appelait “les chansons de mamie” de Paul McCartney. Grosse ambiance. Mais malgré toutes ces fausses notes au niveau de l’entente au sein de l’équipe, “The White Album” sonnera toujours juste à nos oreilles. Incontournable, pour l’éternité.