(Sorti le 24/11/2008
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C’est après avoir traversé une période douloureuse et mouvementée, faite de déceptions sentimentales et de grands tourments, que le rappeur Kanye West annonce le plus gros virage artistique de sa carrière. Dans un contexte emplis de tristesse et de désarroi, il sort cette année-là un album aux allures de thérapie : « 808’s & Heartbreak ». Une œuvre qui, avec du recul, va s’avérer être l’une des plus novatrices et influentes des années 2000. Une pochette minimaliste, paradoxalement chaleureuse et sans vie, abrite un album pop et synthétique, aux mélodies d’influence R’n’B aussi mélancoliques qu’auto-tunées. Sur cet opus, fini les flow rapides et les lyrics arrogants posés sur des beats mouvementés, Kanye a tourné la page et n’est pas une seconde nostalgique de l’époque où il sortait des bangers efficaces comme « Stronger ».
L’album est essentiellement constitué de titres chantés sur des instrumentaux mécaniques, secs et épurés, une première. Il y aborde des thématiques qui tournent autour de la sensibilité et la fragilité d’un homme à fleur de peau, fait encore rarissime à l’époque, dans un genre musical connu pour faire rimer crédibilité avec puissance et virilité. Ainsi avec « 808’s », Kanye ouvrira la voie à une nouvelle génération de rappeurs sans complexes et ouverts d’esprits ; prêts à user de l’auto-tune comme d’un véritable instrument au service de l’art (et non plus un simple gadget destiné aux mauvais chanteurs). En témoigne aujourd’hui des poids lourds de l’industrie comme Young Thug ou Future, qui admettent sans hésitation l’influence qu’ont pu avoir sur eux des titres comme « Love Lockdown » ou « Heartless ».
Lucas Leray
