Non, le rap made in sud n’est pas mort. Non, le rap féminin n’est pas une hérésie. La jeune artiste Ladea échappe à tous les stéréotypes d’un univers rongé par les idées reçues. Sélectionnée aux Inouïs pour représenter la région Provence-Alpes-Côte-D’Azur au festival Les Printemps de Bourges, la lionne prépare la sortie de son premier album, dans un emploi du temps partagé avec ses dates de concerts.
Comment appréhendes-tu ton passage sur la scène du Printemps de Bourges ? C’est la première fois que tu y montes ?
C’est la première fois que je vais à Bourges et je suis super contente d’y aller pour représenter ma région. Je suis aussi très heureuse de l’équipe que j’ai avec moi sur scène, composée de filles, avec une DJ et une batteuse. On apporte « le girl power » ! Je suis très enthousiaste, après de bonnes répétitions, je suis contente de mon show et j’ai hâte de le présenter aux publics. Tout va bien dans le meilleur des mondes !
Comment es-tu tombée dans le rap ?
Avant même le rap, c’est d’abord dans l’écriture que je suis tombée. Elle est très vite devenue une psychanalyse, un psychologue et une décharge d’émotions. Je parlais de mon humeur du jour, ce que je n’arrivais ou ne pouvais pas dire. Progressivement, je suis tombée amoureuse du rap en comprenant que seul ce style était capable de me libérer pleinement.
La société dans laquelle nous évoluons fait donc partie de tes sources d’inspiration ?
Oui c’est certain. Tout ce que je vois et qui se passe autour de moi m’inspire, que ce soit moi qui le vis ou mes proches. Malheureusement, le monde a de quoi faire parler aujourd’hui.
Tu as dû travailler plus jeune, avant ta carrière. Tu prends peut-être plus de recul sur la vie que certains autres rappeurs ?
J’ai toujours travaillé en parallèle de ma carrière, même en ce moment. Ce sont des situations qui inspirent, tu es plongé dans la vie réelle. Je me suis souvent levée le matin pour faire des boulots que je n’avais pas envie de faire. C’est structurant et cela permet aussi de rencontrer beaucoup de personnes qui t’apportent un nouveau regard sur la vie. J’ai connu l’usine, j’ai connu les cuisines, j’ai connu les boutiques, ces métiers qui plus jeune te rebutent mais que tu es obligé de pratiquer à un moment ou à un autre. Je ne pense pas que rentrer en guerre avec certains rappeurs soit utile. Tant qu’ils sont jeunes on peut espérer qu’ils évoluent, mais quoi qu’il en soit, rapper ce que tu ne vis pas ne peut pas durer très longtemps.
Est-ce qu’être une femme, dans le rap, s’avère être un avantage ?
Cela peut l’être. Les professionnels et le public sont plus curieux quand ils découvrent une femme dans cet univers d’homme. Les gens prêtent donc plus l’oreille et cela peut donc être bénéfique. Certains pensent que c’est un désavantage mais de mon point de vue, non.
Durant ta jeune carrière, tu as déjà pu collaborer avec des artistes de renom : Disiz, Orelsan, Vicenzo, Kenny Arkhana. Qu’est-ce que tu retiens de ces expériences ?
Du positif car c’est formateur de rencontrer des artistes qui ne travaillent pas de la même façon que toi. Tu découvres des univers différents avec des figures bien connues du rap. Tu emmagasines ainsi de précieux conseils. Ce sont de belles expériences aussi car tu travailles parfois avec des rappeurs que tu as écouté plus jeunes et avec lesquels tu n’aurais jamais imaginé collaborer.
Qu’en est-il de ton premier album ?
Il devrait voir le jour en octobre. Nous sommes en train de le peaufiner mais j’en suis déjà très contente et fière. En ce moment, ce sont les derniers réglages, j’essaie de l’embellir au maximum malgré le peu de temps qu’il reste. Je vais essayer de tourner les clips également. J’ai hâte que l’album voit le jour.
Thomas Bovyn
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