PHILIPPE ROBERT

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Exercice périlleux maintes fois pratiqué, la critique musicale peut s’apparenter parfois à un bis repetita. Avec “Musiques, Traverses et Horizons”, les 400 chroniques livrées par Philippe Robert sont en quelque sorte notre histoire. Une chronologie transversale aux multiples références, explorant avec une rare érudition des courants musicaux confidentiels, des disques essentiels ou sous-estimés. Chaque page de ce livre est en quelque sorte une prescription musicale éveillant la curiosité. La singularité de Philippe Robert est d’aller à l’essentiel, de contextualiser ses analyses, particularités que l’on retrouve dans l’ensemble de ses écrits. 

Quel disque a révélé chez toi le chroniqueur et journaliste que tu es devenu ?

Les premiers disques achetés, dans les années 1970, outre des 45-tours des Doors, Creedence Clearwater Revival et Led Zeppelin, ces trois-là le même jour au Prisunic de Juan-les-Pins, ce sont surtout Yoko Ono et King Crimson avant l’adolescence, puis du free jazz et des musiques expérimentales au lycée, d’emblée Albert Ayler et Archie Shepp. Pour tout dire, à l’époque, je ne me retrouvais qu’assez peu dans la presse spécialisée, que pourtant je dévorais. Dans les années 1971-1978, seuls Paul Alessandrini dans Rock & Folk, Philippe Carles dans Jazz Magazine, Jean-Pierre Lentin dans Actuel, Daniel Caux dans L’Art vivant, Laurent Goddet dans Jazz Hot, Méchamment Rock dans Charlie-Hebdo, Hervé Picart dans Best et Pascal Bussy dans Atem représentaient des influences pour moi. Tous étaient des journalistes que les musiques progressives et d’avant-garde n’effrayaient pas. Alors qu’à l’inverse, le journalisme gonzo ne m’intéressait pas vraiment (je classe Yves Adrien et Philippe Garnier à part). Explorer les traverses excitait ma curiosité. Et très vite j’ai fait le lien entre Lou Reed et La Monte Young : j’ai acheté « Metal Machine Music » à sa sortie et ne m’en suis jamais remis (rires). Ce sont mes disques de free jazz, un certain rock expérimental, plus ces journalistes que je viens d’évoquer qui m’ont motivé à écrire. Sauf que l’envie ne s’est malheureusement concrétisée que sur le tard, dans les années 1990, à un moment où les fanzines pullulaient. 

À l’heure du numérique se substitue un retour au livre et à la littérature musicale au format papier, comment vois-tu ce retour en parallèle à la culture du vinyle ?

Pendant des décennies, en France, on a souffert d’un déficit en littérature musicale. Il y avait bien des éditeurs plus ou moins indépendants, mais on peinait à s’instruire sur l’essentiel, sauf à lire des éditions anglo-saxonnes importées. Le jazz, d’ailleurs, était moins pénalisé que le rock, son histoire littéraire étant plus ancienne. On ne lisait qu’au mieux Lester Bangs dans le texte, c’est-à-dire dans Crawdaddy ou Creem, et pour cela, encore fallait-il galérer avant d’y avoir accès, sans quoi on ne faisait que fantasmer des articles précédés des rumeurs les plus folles ! Aussi des éditeurs comme Allia, puis Le Mot et le Reste, ont-ils accompli un travail phénoménal d’initiation, en relai d’une presse dont seuls les hors-séries s’accommodaient des formats longs que nécessite toute mise en perspective. D’où le succès incontestable et relativement récent de la littérature musicale, sans oublier l’attrait du papier et du bel ouvrage. Concernant le retour du vinyle, il n’est guère étonnant même s’il ne s’agit que d’un épiphénomène. Le LP 30 cm est le format noble par excellence, l’équivalent d’un beau livre, et pour peu que la pochette en soit « gatefold » le CD ne peut rivaliser. Cependant, si l’on parle de musique sur support et non de streaming, à titre personnel, je ne l’enterre pas : il y a tellement d’excellents disques des années 1990 et 2000 qui n’existent (n’existeront ?) que dans ce format ! Parfois aussi, sur du matériel de qualité, le son d’un CD est bien meilleur : par exemple, je préfère les disques d’Éliane Radigue, et des musiques électroacoustique en général, au format numérique. Quoiqu’il en soit, les supports phonographiques et papier résistent assez bien, même si j’imagine que tout ceci, à l’échelle mondiale, doit être bien marginal (sourire).

Quand on parcourt tes précédents ouvrages, on perçoit dans Musiques, Traverses et Horizons un condensé de ton travail réalisé depuis plusieurs années, la chronologie d’un siècle de disques oubliés : comment s’est fait le choix des 400 albums que tu y chroniques ?

Tu as raison de l’évoquer, ce livre constitue une synthèse, une réécriture totale de ce que j’ai pu faire, avec de nouvelles directions aussi, notamment en matière de rock indépendant de la fin du siècle précédent, ou bien encore de musiques ethniques et du monde, africaines, indiennes et brésiliennes notamment : des choses comme Spacemen 3, Felt, Daniel Johnston, Television Personalities, Os Mutantes, Egberto Gismonti, les Pygmées Aka ou Alain Daniélou. Plus d’un siècle de musiques est parcouru, de 1902 à 2020, des plus anciens enregistrements de la magnifique anthologie Goodbye Babylon au groupe italien My Cat Is An Alien, des premiers rouleaux au disque compact puis retour au vinyle, de la poussière au digital, de l’alpha à l’oméga… Il est toujours difficile d’opérer un choix. Tous ces disques ne sont d’ailleurs pas forcément mes favoris. Ils n’ont pas été choisis selon ce critère, mais afin de raconter une histoire, tracer un chemin fait de traverses, dessiner une cartographie souterraine, tisser des liens et les contextualiser. Des amis musiciens qui savaient combien ce livre a été composé (dans sa mise en pages, dans son articulation entre un album et un autre, entre une page de gauche et une page de droite) m’ont fait remarquer qu’il paraît avoir été écrit en stéréo : effectivement, ce n’est pas un hasard que Jackson C. Frank se retrouve en face de Terry Callier, Harry Partch de John Jacob Niles, ou Charlemagne Palestine en face de La Monte Young… Dans le cinéma, les frères Lumière et Méliès ont chacun ouvert une voie : les premiers, celle de la prose et donc d’un certain réalisme ; le second, celle de la poésie, de la magie. De la même manière, tu peux raconter la musique du XXe siècle en partant des enregistrements de terrain des Lomax (ils seraient les Lumière de la musique) et de L’Art des bruits futuriste de Russolo (un équivalent de Méliès en quelque sorte) : les premiers débouchent sur l’idée de « singer-songwriter » chère au folk-rock ; le second sur les musiques psychédéliques abstraites, électroacoustiques, industrielles, etc. L’idée est de laisser les balises scintiller au loin (Elvis, Beatles, Rolling Stones, Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Miles Davis, John Coltrane), de proposer une expérience offerte en partage plutôt qu’une « discothèque idéale » de plus, ou même une « anti-discothèque idéale », cela dit sans vouloir offusquer qui que ce soit (rires)…

Au travers de ce livre, on a toujours l’impression d’apprendre quelque chose, des anecdotes, des références livrées comme des secrets : comment as-tu acquis cette érudition ?

(Embarrassé) À peu de choses près, cela fait 50 ans que j’écoute de la musique quotidiennement et lis à son sujet, que je m’immerge, m’interroge. Toutes ces années, j’ai envisagé la musique comme un voyage, avec la curiosité comme moteur. Le reste n’est que mémoire des choses vécues ou rapportées, puis mises en perspective au fil du temps.

La singularité de ton ouvrage est de mettre en lumière des disques obscurs : est-ce une démarche volontaire pour éviter la redite de chroniques déjà publiées par d’autres journalistes musicaux ?

À quoi sert un ouvrage de plus sur les Beatles ? Quel biais singulier adopter afin d’aborder une énième fois le sujet ? À quoi bon une sélection discographique générale de plus ? Mon premier livre en solo sur le rock était sous-titré « un itinéraire bis » : à la fois « un » parmi tant d’autres possibles, mais surtout un pas de côté, une alternative aux productions soi-disant majeures. Raconter la musique au travers de ses réalisations phonographiques représente ce que je préfère : j’aime la perspective générale qu’une telle démarche permet, c’est ma raison d’écrire, en parallèle d’entretiens menés afin de vérifier jusqu’à quel point ce que j’avance tient debout. Il m’ennuierait d’envisager ce travail en faisant fi des trésors oubliés, en validant l’histoire officielle déjà bien rabâchée. Dans la presse déjà, Les Inrockuptibles par exemple, j’écrivais sur les musiques expérimentales : oui, je choisis volontairement des disques certes négligés, voire obscurs, mais tous dignes d’intérêt quand ils ne sont pas tout bonnement superbes. Il suffit de lâcher prise pour les apprécier dans leur diversité.

Justement, dans les trois volumes de Agitation Frite, tu t’es entretenu avec les acteurs de l’underground en France, on y trouve pléthore de musiciens, de fondateurs de labels, de plasticiens, de fanzines, preuve en étant que la scène hexagonale est prolifique : comment perçois-tu la continuité actuelle des auto-productions, des canaux de distribution indépendants ? L’underground existe-t-il toujours selon toi ?

 Certains auteurs, concernant l’underground français, bornent leurs recherches aux années 1970, actant d’une fin des utopies synchrone avec le « no future » punk. Ce n’est pas mon cas. Outre que je préfère ne pas croire à l’écroulement des utopies, l’underground français me semble toujours vivace. Peut-être est-il seulement moins visible, et les amateurs moins nombreux ? Concernant la presse underground hexagonale, il existe un véritable lien entre Atem hier et Revue & Corrigée aujourd’hui. En matière de musique, moult projets passionnants auto-produits voient encore le jour. D’immenses musiciens ont certes disparu, comme Jacques Thollot et Ghédalia Tazartès, mais d’autres, plus jeunes, se révèlent très actifs, même si la pandémie enlise certaines initiatives. Souffle Continu et Metamkine veillent au grain. La programmation de Sonic Protest élargit les horizons. Des petits labels comme La République des granges accomplissent un travail salutaire. L’underground existe toujours, et perdurera tant qu’il se réinventera, tant économiquement parlant qu’en créant ses propres espaces d’expression, physiques ou virtuels cela importe peu.

Dans Agitation Frite, on peut lire avec délectation des chroniques au sujet de Pierre Henry, Jean Dubuffet, Areski ou encore Heldon… Est-ce que selon toi la décennie 80 en France souffrait d’une certaine aporie ? Quels artistes français actuels apprécies-tu ?

Que les choses soient claires : je n’ai jamais considéré quelque décennie que ce soit comme plus pauvre qu’une ou plusieurs autres, je n’entretiens aucune nostalgie, et ce qui ne saurait être que générationnel m’ennuie. D’un point de vue global, sans se limiter à la France, les années 1980 furent riches en innovations. Ce qui n’a pas empêché qu’elles soient longtemps et à tort décriées, montrées du doigt, quasi fustigées comme décadentes d’un point de vue artistique. Les réhabiliter, d’une certaine manière, fut en partie le sujet de mon livre Post-Punk, No Wave, Indus & Noise. Le troisième volume de Agitation Frite, puisque tu en parles, recense et commente par affinités plus de 650 groupes et artistes français, toutes générations confondues. Un coup d’oeil à cette sélection suffit à démontrer la richesse de la scène française des années 1980 : Ilitch, Ruth, Ptôse, Fall Of Saigon, Alésia Cosmos, Mathématiques Modernes, Stabat Stable, Hellebore, Look De Book, Virgule IV, La Sonorité Jaune, Gutura, Nini Raviolette… Ne serait-ce que ceux-là, ce n’est pas rien !   Quant aux années 2000, elles sont au moins aussi intéressantes. Aujourd’hui, pour répondre à ta question, j’apprécie particulièrement ce qui gravite autour d’un groupe comme France. Des choses comme Sourdure, Toad, Tanz Mein Herz, Jéricho, La Baracande, Le Verdouble, qui tous renouvellent singulièrement les musiques traditionnelles d’ici au contact de l’avant-garde, avec Outside The Dream Syndicate, le fameux disque de Faust et Tony Conrad, en ligne de mire. Et puis La Morte Young avec un « r », un super-groupe rassemblant les gens de Sun Stabbed, Nappe et Talweg, aux influences allant de la scène néo-zélandaise gravitant autour de The Dead C pour les uns, au black metal de Striborg pour les autres. Par ailleurs, j’aime beaucoup le travail de Delphine Dora.

Après le stoner, qui a réhabilité un pan du heavy rock et du metal, il y a un renouveau de la musique psychédélique, mais aussi du punk. Penses-tu que la musique subit un revival cyclique ? Comment vois-tu l’influence de la musique d’outre-Manche sur les productions en France ?

Dans mon esprit, revival et renouveau ne désignent pas la même chose. Autant j’apprécie le second, autant le premier me laisse indifférent. Les choses ne sont passionnantes que dans leur surgissement, même si la plupart des réalisations intéressantes sont liées au sein d’un même geste et ne s’inscrivent pas forcément en rupture comme on le lit souvent. Tout revival me paraît participer d’une reviviscence douteuse (le jazz en fournit d’excellents exemples), être contraire aux possibilités qu’offrent les décloisonnements, alors que le renouveau, qui par essence n’a rien de figé, constitue ce qui enrichit un courant musical à partir d’influences extérieures. Ainsi, le folk a su se nourrir du jazz et des musiques psychédéliques. Tandis que le metal s’est renouvelé en incorporant des éléments issus des musiques d’avant-garde minimales, ce que le drone doom (puisque c’est ainsi qu’on l’appelle) d’un Sunn O))) démontre aisément. Ceci n’ayant rien à voir avec Wynton Marsalis revisitant la musique de Miles Davis avec application, mais sans grande inspiration. Est-ce que ce qui se passe en Angleterre influence les productions française me demandes-tu aussi ? Concernant France et La Morte Young dont je viens de parler, si l’on élargit à la sphère anglo-saxonne plutôt que de se cantonner à la seule Albion, je dirais oui et non : ces musiciens ont certes écouté Tony Conrad, le Velvet Underground et Sonic Youth, mais ils les régurgitent à leur main. Le son du Velvet est devenu une influence majeure, incontournable, un point de départ pour beaucoup de groupes. Il n’y a rien de mal. Les groupes néo-zélandais des années 1990 sont parvenus à sublimer tout ça. Tant qu’on n’est pas dans le copie conforme, rien de honteux. On peut considérer qu’un groupe français comme Sister Iodine part de Sonic Youth pour arriver à quelque chose d’abouti qui lui appartient en propre.

À la différence de nombreux critiques musicaux, tu ne te cantonnes pas à un genre et n’opposes aucunement un courant à un autre : est-ce que le jazz a ouvert chez toi cetéclectisme, permettant des connexions avec la musique dans toute sa globalité ?

Probablement, oui. D’autant plus que j’ai entrepris ma découverte du jazz à l’envers, sans me soucier de sa chronologie historique, en commençant par m’intéresser au free (qui était de mon temps) avant de découvrir des formes plus classiques ; free jazz qui m’a emmené vers l’improvisation libre et d’autres avant-gardes, tels John Cage, La Monte Young et Taj Mahal Travellers. Les expérimentations sur le son me captivaient. À la fin des années 1960, AMM, formation essentielle en la matière, faisait occasionnellement des premières parties pour la première mouture de Pink Floyd. La Monte Young, au travers de John Cale qui avait sévi dans une de ses formations (le Dream Syndicate), influençait le Velvet Underground. Tout se tenait et le free jazz m’ouvrait les oreilles à ces expériences séminales. En parallèle j’écoutais du rock, aussi bien Zappa que Tim Buckley, Klaus Schulze que 13th Floor Elevators. Du krautrock, du Rock In Opposition… Aussi l’arrivée du punk-rock ne m’a-t-elle guère parue révolutionnaire, au point de lui préférer post-punk et indus. Comme le disait Genesis P-Orridge (Throbbing Gristle), les trois accords de base du punk-rock, c’était encore trois de trop !

Travailles-tu sur un nouvel ouvrage consacré à la musique, voire sur une nouvelle production musicale avec Thurston Moore par exemple, ou d’autres musiciens tels les frères Opalio de My Cat Is An Alien ?

Un nouvel ouvrage ? Présentement, non, bien que cela fasse des années que je songe à une somme sur le psychédélisme sous toutes ses formes et latitudes, c’est-à-dire autre chose qu’un livre en quadrichromie de superbes pochettes de disques exclusivement anglo-saxons couvrant la période 1966-1974. Aborder les liens entre jazz et rock, et vice-versa, m’intéresserait aussi. Et pourquoi pas un livre sur le jazz britannique, des gens comme John Surman, Ian Carr, Trevor Watts, Elton Dean, Mike Osborne, Harry Miller… Encore faut-il que ces sujets intéressent un éditeur ! Puisque tu les évoques, les trois disques que j’ai co-produits avec Thurston Moore et Lee Ranaldo, tous deux de Sonic Youth, ont correspondu à une occasion dont j’ai énormément appris. A priori, c’est du passé. Avec My Cat Is Alien par contre, qui est un groupe cher à mon coeur, c’est l’avenir, toujours. Il y a déjà eu trois disques fantastiques en collaboration avec Joëlle Vinciarelli. J’en espère vivement la suite !

Tu as un planning bien rempli, quelles sont tes autres activités quand il te reste un peu de temps ?

Tant de choses m’intéressent autant que la musique ! Le cinéma, la littérature, l’art contemporain, les voyages… Une fois encore, tout est lié : John Carpenter et la musique, Paul Bowles et les Maîtres Musiciens de Jajouka, Andy Warhol et le Velvet Underground… New York et Tanger… 

Tu as créé ton propre label Numéro Zéro Audio en référence au fanzine dans lequel tu as commencé à écrire, enregistreras-tu prochainement un disque solo ?

Un disque de moi, veux-tu dire ? Tout seul, je ne m’y aventurerais pas, car je ne suis pas musicien bien que j’ai participé à quatre disques en tant que tel sans savoir jouer d’un quelconque instrument, essentiellement des disques de Magic Band Of Gypsys et The Strange Strings Ensemble. Certes, utopiste ou pas, l’idée que nous soyons tous des créateurs en puissance me fascine depuis longtemps. De manière concluante, Musica Elettronica Viva, Nihilist Spasm Band, Jean Dubuffet et L’Orchestre Inharmonique de Nice l’ont faite leur. Idéalement entouré, c’est ce à quoi je me suis livré dans le cadre d’expériences collectives éditées par Up Against The Wall, Motherfuckers!, label que je co-dirige également, tout comme feu-Numéro Zéro Audio que tu évoques. Que ces pressages privés en co-production puissent avoir une suite me ravirait !

Question bonus : quel serait le disque ultime que tu emporterais avec toi si tu devais t’exiler ? Et ton livre de chevet ?

En aucun cas je ne souhaiterais n’emporter qu’un disque ou même mille ! Tu ne te rends pas compte, si je devais me lancer dans une énumération de ce qui me touche, un numéro entier de Nouvelle Vague n’y suffirait pas ! (Rires)… Pour jouer le jeu, trichons un peu et disons six disques : White Light/White Heat (Velvet Underground), Blasé (Archie Shepp), Five Leaves Left (Nick Drake), Trilogie de la Mort (Éliane Radigue), Strange Strings (Sun Ra and His Astro Infinity Arkestra) et Trickles (Steve Lacy)… Mais comment laisser de côté Tim Buckley, La Monte Young, Love, Miles Davis, John et Alice Coltrane, Alexander Spence, Linda Perhacs, Chris Bell, Townes Van Zandt, Gene Clark, Karen Dalton, Loren Connors, Richard Youngs ou My Cat Is An Alien et des milliers d’autres ! Un livre de chevet ? Tu persistes ! (Rires) Un essai ? De la philosophie ? Un roman ? De la poésie ? De la bande dessinée ? Un livre d’art ? Je dirais tous les ouvrages possibles de la Beat Generation et Thomas Pynchon ! À rebours de Joris-Karl Huysmans, Le Mont Analogue de René Daumal, l’intégrale du Grand Jeu, un bouquin d’Yves Adrien, le Manifeste aux paupières de jupes des poètes électriques et un précis de dynamitage… Quoique l’édition originale de Soir bordé d’or d’Arno Schmidt, farce-féérie pour amateurs de crocs-en-langue, ferait l’affaire: il les contient tous ! Au final, m’immerger dans ce livre en écoutant Trickles pourrait suffire ! 

Franck Irle

 

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