25 ans après la sortie de son premier album « Boire », Miossec a décidé de rejouer ce dernier sur scène tout en y incorporant de nouveaux titres. Un moyen d’offrir une relecture de cet album culte ayant marqué le paysage musical français.
Pourquoi avoir choisi de retravailler et rejouer l’album « Boire » sur scène, après tant d’années ?
Cela me tenait à cœur car c’est mon premier album, celui sans lequel je n’existerais pas. C’était miraculeux d’être parvenu à le faire. C’est un disque qui a fait bouger pas mal de lignes.
Comment expliquer le choix de ne pas le jouer durant tout ce temps ?
J’avais la frousse d’être l’homme d’un seul disque. Sur scène, j’avais envie de ne jouer que des nouvelles choses.
Pourquoi avoir choisi d’ajouter des morceaux inédits dans le cadre de la tournée « Boire, écrire, s’enfuir » ?
L’album « Boire » sera joué tel quel car il était impossible à retoucher. Mais, le fait d’ajouter de nouveaux morceaux durant la tournée était important pour moi car c’est plus agréable de jouer des nouveautés et il faut être dans le présent, être en 2021. Je voulais éviter de faire des soirées rétro.
Parmi les chansons que vous allez interpréter, on retrouve les titres de l’EP « Falaises ! » que vous avez composé avec Mirabelle Gilis. Comment s’est passée la création de ce nouvel opus ?
Mirabelle et moi n’avions jamais évoqué le fait de travailler ensemble. Elle est musicienne et n’avait pas envie de chanter. Mais elle s’est mise à composer, m’a demandé d’écrire des paroles qu’elle a par la suite retravaillées et tout cela s’est fait naturellement.
D’où vient le titre « Falaises ! » ?
C’est lié à l’endroit où je vis, dans le Finistère Nord, et où tout a été fait. En plus, avec le confinement, j’ai tout écrit et enregistré sur place, pas en studio.
Comment avez-vous vécu le confinement sur les plans artistique et personnel ?
Égoïstement, j’ai trouvé cette période incroyable. C’était fou de voir le monde entier s’arrêter, même si c’était dramatique et qu’il semble aujourd’hui reprendre en pire. C’était aussi drôle de réécrire dans des conditions similaires à celles de la création de « Boire ». Cet album a été conçu dans une sorte de confinement économiquement obligatoire pour moi à l’époque puisque j’avais dû retourner chez mes parents et n’avait que peu de moyens. Et des années plus tard, je me suis retrouvé dans des conditions très similaires pour composer « Falaises ! ».
Vous évoquez souvent l’humain et ses déboires, les aléas de la vie. D’où tirez-vous cette inspiration ?
J’aime faire des choses qui renvoient à du vécu, mais pas seulement. Mes morceaux ne sont pas essentiellement autobiographiques. J’essaye surtout d’écrire des chansons sans raconter de conneries, des chansons qui ont du poids. Et mon but n’est pas d’écrire pour une large population. J’écris, et mes textes tombent sur les gens que ça touche.
Donc vous ne souhaitez pas être populaire ?
Je n’ai jamais eu l’idée d’avoir du succès, je n’ai jamais eu de grands hits ni fait de grands zéniths. Et si j’essayais, je n’y arriverais pas. Assez cyniquement, je pense que si je tentais de devenir populaire, je décevrais une partie de ceux qui m’ont suivi toutes ces années.
Malgré tout vous allez jouer sur scène et retrouver le public. Comment appréhendez-vous ce retour en tournée ?
Je raffole des tournées, c’est ma vie. Les gens, les applaudissements sont beaucoup plus fous qu’avant. Tout est plus fou qu’avant.
Quel effet cela fait de jouer dans la salle Juliette Gréco, artiste pour laquelle vous avez écrit et composé ?
Je pense qu’elle serait très heureuse. Elle a beaucoup compté pour moi. C’est elle qui m’a rassuré quand j’ai commencé la musique et que j’avais l’impression d’être un imposteur. On va d’ailleurs jouer un morceau de son mari Gérard Jouannest et le morceau Madame qu’on avait écrit pour elle. Je vais devoir être à la hauteur.
Marie-Ange Galangau
Le 24/11/2021 à l’Alpilium – Saint-Rémy-de-Provence (13) et le 25/11/2021 à la salle Juliette Gréco – Carros (06).
Super article !