METRONOMY

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Avec sa pop alambiquée et cérébrale, Metronomy se place dans la lignée de Talk Talk et Prefab Sprout. Son leader, Joseph Mount, prend un malin plaisir à composer des morceaux qui évoluent entre chansonnette et symphonie. Avec une touche d’électro et un sens affirmé de la mélodie.

Votre dernier album a été enregistré dans un studio analogique. Vous avez fait ce choix parce que cela correspond à votre idée de la musique ?
Non, en fait ma vie musicale a beaucoup été assistée par la technologie digitale. La première fois que j’ai fait de la musique j’étais batteur dans un groupe et on enregistrait sans cesse sur des cassettes. Alors que quand j’ai commencé à faire ma propre musique, je travaillais sur des ordinateurs et j’utilisais des outils digitaux. Je suppose que je voulais faire au moins un album uniquement analogique, un album joué par des musiciens et sans aucune aide digitale. C’est une sorte de concept, de réussite. Si vous possédez un vinyle de « Love Letters », vous constaterez que le procédé pour transcrire la musique est totalement analogue. C’est old-fashioned et tout le monde s’en fout un peu, mais dans quelques années ce ne sera plus possible (ou du moins très difficile) et donc je voulais le faire au moins une fois, avant qu’il ne soit trop tard.
J’ai lu dans une interview que composer et chanter étaient devenus pour vous moins douloureux qu’avant. Le processus est-il plus facile maintenant ?
Oui, c’est devenu plus naturel pour moi. Je pense que beaucoup de ceux qui deviennent chanteurs ou musiciens, prennent les devants de la scène, ont passé leur jeunesse à se produire avec leur groupe et à apprendre sur le tas. Et donc quand ils obtiennent un contrat pour un album ils sont déjà des artistes accomplis. Alors que dans mon cas, j’étais batteur et j’ai appris à chanter bien plus tard. Au fil des albums vous pouvez remarquer que mon chant est devenu plus assuré. J’ai l’impression de savoir maintenant de quoi je suis capable, je comprends ce que je fais bien, ce que je peux faire de bien, je suis beaucoup plus relax.
Votre chanson « Reservoir », avec sa petite mélodie entêtante, me fait penser à quelque chose qui vient de l’enfance, avec une touche de nostalgie.
C’est intéressant, il y a quelque chose dans la musique de Metronomy que les enfants apprécient. Je pense que ce sont certaines mélodies. Si vous faites écouter à un enfant un disque de Kraftwerk par exemple, il y a également ces sons particuliers qui sont un peu enfantins et qu’ils aiment. Mais pour moi ces sons existent dans une dimension électronique. Je n’essaie pas d’être enfantin ou enjoué mais plutôt froid et électro (rires). Mais c’est marrant, je veux dire c’est intéressant ce genre de choses. Maintenant que j’ai des enfants, j’aime voir quel genre de musique leur parle le plus. Je paris que si on faisait écouter tous les styles de musique à des enfants de 0 à 8 ans, ils vont toujours préférer la musique électronique. Je pense que c’est parce qu’il y a ce côté très simple.
Votre musique n’est pas pop au sens classique, je la trouve plutôt expérimentale. Quelles sont vos influences musicales ? Les Beach Boys par exemple? Est-ce que ce groupe a compté pour vous ?
Le genre de musicien que j’aimerais être est un musicien qui fait des choses intéressantes et stimulantes. Je pense qu’il faut toujours avoir des chansons séduisantes et mémorables avec de bonnes mélodies. Mais j’aime aussi le genre d’artistes qui sont expérimentaux. Tous les artistes que j’aime comme les Beach boys, les Beatles, Krawtwerk, Prince ou Outkast le sont.
Vous aimez Prefab Sprout ?
Oui, je n’en sais pas beaucoup sur eux mais j’ai écouté quelques-uns de leurs singles, mais oui ! Et aussi Talk Talk. J’aime la pop expérimentale mais accessible (pas de l’expérimental comme Laurie Anderson). Je me suis intéressé à la musique et ai eu envie d’en faire en partie parce que j’avais entendu qu’on pouvait combiner des idées intellectuelles avec de la bonne musique ; et c’est très excitant de s’essayer à ça.
Le clip de votre chanson « Love Letters » a été réalisé par le talentueux Michel Gondry. L’avez- vous choisi parce que son univers est proche du votre?
En fait, c’est plutôt lui qui nous a choisis. Nous voudrions toujours choisir Michel Gondry (rires), mais il ne fait pas beaucoup de clip vidéo. Il voulait en faire un et par chance il nous a choisi. Quelques une de ses meilleures vidéos ont été réalisées la fin des années 90 et début des années 2000, et donc beaucoup de musique que j’aime, je les ai aimées grâce à lui. Musicalement, j’ai été influencé par les artistes avec qui il a travaillé, comme Björk, The Chemical Brothers… Son style a beaucoup influencé mes principes de beauté, ce que j’aime. Donc cela marche bien entre nous. J’espère vraiment pouvoir refaire un clip avec lui. Parce que le résultat est très bon.
J’aime beaucoup votre chanson « The Bay». Je pense qu’elle est devenue une sorte de classique de la pop. Est-ce que vous avez tout de suite su en la composant et en l’enregistrant que c’était une chanson spéciale ?
Quand j’enregistrais « The English Riviera », ça a été la chanson la plus difficile à finir. Quand on enregistre certaines chansons qui sont très dures à terminer, on fini par se dire qu’on va laisser tomber. Mais avec celle-ci je savais que ça pouvait, quelque part, devenir une excellente chanson. Il y a donc pleins de versions différentes avec pleins d’idées différentes de « The Cay ». Ça n’a été qu’au moment du mixage de l’album, la toute dernière étape, que nous avons rajouté quelque chose au refrain et qui a fait que cela a subitement « marché ». C’était enfin devenu la chanson que j’avais en tête ! Paradoxalement, pour « The Look », tiré du même album, quand les employés de la maison de disque sont venus l’écouter, ils ont tout de suite pensé que c’était un hit. Mais moi je n’entendais pas ce qu’ils entendaient, je ne lui trouvais rien de spécial. C’est la magie des chansons populaires, comme par exemple la chanson « Royals » de Lorde. Les meilleures chansons pop sont celles pour lesquelles personne n’a d’attentes, celles qui surprennent tout le monde. Et je préfère que cela se passe comme ça, plutôt que d’essayer de faire un hit.
Vous avez fait beaucoup de remixes par le passé. Est-ce que vous continuez à en faire ?
Non, je n’en fais plus. Je n’en ai pas vraiment l’envie actuellement. Peut être si Beyoncé en fait la demande … (rires). Je le ferai par plaisir, dans de bonnes circonstances.
Quels sont les futurs projets de Metronomy ?
On termine une longue tournée et nous allons faire une grande pause, d’autres albums. J’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de potentiel. Au fur et à mesure des sorties d’album on devient de plus en plus connus et je pense qu’il y a de plus en plus de possibilités. J’aimerais essayer de réaliser ce potentiel et de voir là où il m’emmènera.
Savez-vous déjà quand vous aller créer votre prochain album ?
Normalement l’année prochaine. Mais il n’y a pas de plan précis. On va se concentrer sur la pause pour le moment. (sourire)

 

Philippe Perret
www.metronomy.co.uk
 
Crédit photo : Phil Sharp

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