LA GRANDE SOPHIE

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La Grande Sophie, mutine et amoureuse des mots, apporte son regard chargé d’espoir sur “La vie Moderne”. Un chouette retour à l’essentiel avec un guitare-voix folk laissant place à la douceur de l’imaginaire. Rencontre.

Ton nouvel album s’appelle “La vie moderne”. Est-ce que ce titre nous donne ta vision de la vie moderne ?

C’est le regard que je porte sur une époque. Je n’ai pas choisi ce titre-là au hasard, il rappelle ma position. En ce moment, j’ai l’impression de faire un grand écart entre deux mondes : celui d’avant le Covid, où j’ai connu les quatre pistes pour enregistrer, et le monde présent, où tout peut se faire avec son smartphone. Je pointe des choses qui me paraissent étranges. Par exemple, nos corps qui se transforment car nous avons la tête baissée vers nos portables. Moi aussi je suis assez geek, mais je me dis souvent qu’il faudrait mettre des temps de pause et continuer à se regarder les uns les autres. Il ne faudrait pas rester dans un monde virtuel. Pendant le confinement, j’ai eu peur que tout passe à travers les portables, chacun chez soi. J’apprécie le monde de la scène avec un face à face direct au public, des regards, des odeurs. Je pointe donc des choses qui me dérangent, mais dont je suis aussi consommatrice.

Ton album a douze titres, il débute par “Ensemble” et finit par “Une montagne de souvenirs”. As-tu choisi l’ordre de tes chansons comme un cheminement ?

Alors là, les personnes qui écoutent les albums n’imaginent pas à quel point le choix de l’ordre des chansons est une prise de tête et fait l’objet d’une réelle réflexion ! J’avais envie de commencer par “Ensemble” car c’est la chanson qui a donné naissance à la couleur de l’album : un guitare-voix assez folk. J’ai écrit cette chanson le premier jour du confinement, pour donner de l’espoir ; espoir qui se retrouve dans l’album tout entier. La conclusion avec “Une montagne de souvenirs” est un cheminement en lien avec toutes les photos que je conserve dans mon smartphone. Nous avons tous des milliers de photos que nous conservons sans les tirer. J’ai décidé de tirer les miennes avec la technique du cyanotype, qui appartient au 19ème siècle et qui fait appel aux UV du soleil. C’était amusant de faire un pont entre les époques. Face à tous ces souvenirs, je me suis demandée ce que j’allais en faire. Je ne voulais pas partir dans la mélancolie, mais plutôt en faire une force pour mon futur…encore un espoir !

Dans une ancienne interview, tu as dit que pour toi le choix de la pochette d’album est très importante car elle permet d’identifier un artiste. Que veux-tu donner à voir de toi sur ta pochette d’album ?

Nous sommes dans une société qui passe par l’image. Une image va nous attirer, nous toucher. La photo de mon album me représente sans maquillage et fait partie d’une série au cours de laquelle je faisais un autoportrait par jour. Pour la pochette j’ai choisi la photo du premier jour. Avec les outils numériques, j’ai ensuite modifié le regard pour qu’il interpelle.

Te montrer sans maquillage n’est-ce pas comme ton album, revenir à quelque chose de simple et de dépouillé ?

Oui, j’essaie. Dans mes albums je veux toujours aller à l’essentiel. Il faut faire attention dans le processus créatif à ne pas toujours rajouter des pistes supplémentaires. Mon co-réalisateur m’a aidé à travailler dans ce sens et j’espère que tous les sons de cet album sont complémentaires et laissent de la place à ma voix.

Si je te dis que c’est un album dont les paroles font du bien, est-ce que cela te fais plaisir ?

Oui et j’ai besoin de l’entendre. J’espère qu’il donne de l’espoir même s’ il aborde des thèmes plus sombres. J’espère aussi que c’est un album qui laisse beaucoup de place à l’imaginaire. C’est pour moi une grande forme de liberté qui ne peut nous être enlevée et nous permet de nous évader. Les titres “Sauvage”, “Les pouvoirs de la fiction” et “Un roman” traitent de cet imaginaire. Voilà l’espoir et l’imaginaire font du bien aux gens !

Est-ce qu’il n’y a pas aussi la thématique du temps qui passe ? Est-ce inquiétant ce temps qui passe ?

(Rires) Mince, je me suis dit que dans cet album je ne parlerai pas du temps qui passe… et pourtant ! J’ai essayé, mais c’est un thème récurrent chez moi. Je ne peux m’empêcher d’en parler.

Dans ton titre “L’escalier”, le temps peut aussi être un allié. Cette chanson donne du baume au cœur, en rappelant que les mauvaises périodes passent aussi.

Oui, elle peut évoquer les moments bas de la vie que nous traversons. Pour moi, elle renvoie à mon métier, qui peut être cruel avec le temps qui passe. C’est un métier très jeune, dans lequel les années passent très vite et on essaie de vous pousser vers la sortie. J’affirme ma position, comme cet album qui fait le lien entre deux époques, en donnant un avertissement à la génération qui arrive, car nous passons tous par là dans ce métier.

Est-ce que le retour à la guitare est un retour aux sources ?

La guitare fait partie de ma vie. C’est un personnage qui m’accompagne depuis mes 9 ans. J’ai écrit ma première chanson à douze ans. Quand je suis stressée, triste, je la prends, je la mets autour de mon cou et elle me détend. Je pose mes doigts dessus et je m’évade. Elle me fait du bien.

Dans ton processus de création, c’est donc toujours la musique avant les paroles ?

Oui c’est plus ça… enfin c’est les deux. Il y a des phrases qui sortent et j’enregistre des petits bouts quand ça vient. Si une phrase revient, je me dis qu’il faut que j’écrive une chanson avec. Je choisis alors un angle pour l’aborder, les mots pour m’amuser.. Il y a des chansons qui s’écrivent facilement et d’autres qui mettent des années.

Si tu devais me donner tes trois mots du moment ? 

(Rires) Mince, moi je repère toujours les mots que je n’aime pas.  Celui que je n’aime pas en ce moment et que tout le monde emploie c’est “typiquement”, mais j’ai des listes de mots préférés dans mon téléphone, ceux que je rencontre et qui m’amusent. Alors le premier c’est “ufologue”, une personne qui étudie les extra-terrestres. C’est un mot drôle à dire, un peu fou. J’aime aussi en ce moment le mot “mutine”, une femme espiègle. J’adore également le mot “chouette”, même si on me dit souvent que c’est désuet.

Quels sont tes projets pour la suite ? 

La tournée, mais aussi plusieurs projets d’écriture.

Emeline Martinsse

Le 23/03/2023 au Rockstore – Montpellier (34), le 24/03/2023 au Théâtre Jules Vernes – Bandol (83) et le 25/03/2023 au 6MIC – Aix-en-Provence (13).

www.lagrandesophie.com

Crédit photo : Jules Faure

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