S’il y en a un pour qui les musiques du monde finiront un jour par ne plus avoir de mystères, c’est bien Fakear. Depuis sa signature chez Nowadays Records il y a trois ans, le jeune caennais (Théo Le Vigoureux de son vrai nom) poursuit son ascension fulgurante, marquée cette année par la sortie d’« Animal », son premier album. Les temps avancent mais ne semblent pas faire de ravage sur sa musique, toujours aussi planante, voyageuse et multiculturelle. Rencontre avec ce jeune prodige de l’électro, pour qui l’œuvre ne connait toujours aucune de frontière.
Peux-tu nous décrire ta musique en quelques lignes ?
Moi, je la perçois comme l’expression de mes émotions au jour le jour et le mélange d’influences que j’ai eues tout au long de ma vie. Du coup, je ne saurais pas vraiment dire quel genre c’est… J’aurais tendance à dire une espèce d’hybride électro, world, mélangée à des trucs pop. Tant que je ne peux pas mettre une étiquette ou un style sur ma musique, ça veut dire que je reste honnête.
Tu produis une musique aux sonorités orientales, japonisantes… Comment en es-tu arrivé à cela ?
C’est plutôt parce que j’ai trouvé ça joli. C’est une musique qui me touchait et du coup je me suis penché dessus, mais ça aurait très bien pu venir d’Espagne ou d’Argentine. Ce n’est pas la provenance géographique qui m’intéressait mais la beauté du son. Je n’ai pas énormément voyagé, mais ce que j’ai écouté en provenance d’Asie m’a vachement plu. Que ce soit Inde, Chine, Corée, Japon, je mélange tout : je fais de la cuisine avec et je vois ce qui en ressort à l’autre bout. Des fois, il y a des morceaux qui vont sonner très japonais mais avec des samples qui vont sonner anglais, ou africains, etc. Il y a plein de mélanges.
Comment as-tu procédé pour créer ton nouvel album, « Animal », et que souhaitais-tu raconter dedans ?
J’ai procédé un peu comme d’habitude, mais j’ai surtout été lancé et stimulé par la rencontre avec ma petite amie. J’ai voulu y raconter notre histoire d’amour, celle que j’ai vécu l’année dernière – et qui l’est toujours d’ailleurs – car c’est arrivé en plein milieu de la composition de l’album, et ça me prenait toute la tête, tout le cœur, toute mon énergie.
J’ai trouvé que l’album était varié par rapport à certains de tes EPs…
J’essaie toujours de me mettre au défit. Je n’aime pas faire la même chose. Par exemple, après un morceau comme « La Lune Rousse », qui a bien marché, la facilité aurait été de reproduire le même schéma ou essayer de retrouver le même groove, mais je trouve ça idiot. A partir du moment où tu te mets à chercher ce truc là, tu ne vas jamais le retrouver. A chaque fois que je créais un morceau qui me plaisait, je me remettais en question en me disant « bon, maintenant, qu’est-ce que je peux trouver de mieux ou de différent, qui sonne aussi bien ? ». Du coup, j’essaie toujours de trouver quelque chose de différent, mais qui me parle tout autant.
Quelles ont été tes inspirations musicales du moment pour le créer ?
Les trois influences artistiques principales que j’ai eu, c’est Jamie XX, Odesza et Bonobo. En plus de ma copine (rires).
Tu as collaboré avec de nouveaux artistes sur ton cet album. Comment se sont effectuées ces rencontres ?
J’aimais trop ce que faisait Andreya Triana via Bonobo et elle m’avait demandé un remix, donc, déjà, il y avait un lien assez sympa qui s’était fait. Finalement, on s’est vu en studio une journée, donc on a fait « Light Bullet ». Pour Rae Morris, on a le même manager, donc la rencontre qui a été provoquée par ce dernier. Il s’est dit « ben vas-y, pour moi ça collerait bien entre vous ». Il nous a réunit en studio et ça s’est super bien passé.
« Sauvage » et « Animal » sont les noms de te deux dernières productions : que faut-il comprendre par là ?
C’est un peu le message de fond que j’essaie de porter : j’essaie d’encourager les gens à revenir à quelque chose de très naturel, beaucoup plus instinctif que la vie qu’ils peuvent avoir en ville ou derrière des faux-semblants, des apparences, etc. Il faut aussi essayer de s’échapper de ce carcan, de cette société. En tout cas, c’est un mode de vie que j’essaie d’appliquer : j’essaie de rester instinctif, naturel… On est toujours de petits grains de poussière qui font partie d’un écosystème. Nous (les humains, ndlr), on a besoin de lui, mais lui n’a pas besoin de nous. Le message, c’est qu’on fait partie de cette grande famille, il faut s’en souvenir.
Adrien Lévêque
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Crédit photo : Laurène Berchoteau