#NVmagZoom
Grâce à une musique aussi éclectique que rêveuse, qui vacille courageusement entre le folk, l’indie et l’électro, Jérôme Fagnet alias Broken Back, séduit avec sincérité un public toujours grandissant. Avec un disque d’or, une nomination aux Victoires de la Musique et un nouvel album, les critiques ne peuvent que s’incliner devant le chemin parcouru par le jeune Malouin, qui composait dans sa chambre étudiante il y a encore peu de temps.
Pourquoi Broken Back ?
Mon nom de scène veut dire dos cassé, car je me suis littéralement déplacé une vertèbre il y a trois ans et demi. Cela a été l’élément déclencheur, j’ai été un peu forcé de renouer avec la musique pendant ma convalescence, j’avais besoin d’un exutoire. J’ai donc ressorti ma guitare du placard et j’ai commencé à écrire des textes, pour ensuite les chanter et les enregistrer. Au final, ce qui n’était qu’un moyen d’évasion est devenu une vraie passion, j’ai donc décidé de m’y consacrer pleinement à la fin de mes études.
Tu dis avoir renoué avec la musique.
Oui, j’ai été au conservatoire de Saint Malo pendant plus de dix ans. J’y ai suivi une formation classique et jazz tout en étudiant le tuba. C’est là que j’y ai acquis les bases théoriques et surtout là que l’on m’a transmis l’amour de la musique. Maintenant le tuba a remplacé la guitare dans mon placard, je ne m’en sers plus vraiment…
Tu es breton, pourquoi avoir fait le choix de chanter en Anglais ?
Un des aspects que j’apprécie le plus dans la musique c’est l’écriture, et l’opportunité qu’elle me donne de raconter des histoires et de transmettre des messages. Il y a selon moi une nuance très importante entre écouter et interpréter une musique. Je ne veux pas que mes chansons soient simplement appréciées sur le plan musical, je veux que ceux qui les écoutent, puissent se les approprier. Si une personne écoute mes chansons et que cela l’aide et la rend plus forte, c’est le plus beau cadeau pour moi en tant qu’auteur. Je me suis donc logiquement tourné vers une langue universelle afin de pouvoir partager mes idées avec le plus grand nombre.
Y a t-il des thèmes que tu affectionnes plus que d’autres ?
Je ne pense pas qu’il y ait de messages plus ou moins importants, mes chansons sont assez éclectiques. Par exemple sur « Mild Blood », je parle d’un amour inavoué qui se transforme en une sorte de prison introspective, dans « Young Souls », je parle de la perte de l’insouciance liée au passage de l’enfance à l’âge adulte. Je n’ai pas vraiment de ligne directrice.
Où puises-tu tes inspirations ?
Il n’y a pas vraiment de règles en termes d’inspiration, elle peut venir de n’importe où. Mes chansons peuvent être autobiographiques, d’autres sont des fables, des contes inventés. Ce qui me plaît avant tout c’est de raconter des histoires, le but c’est de s’amuser. En ce qui concerne la composition, j’aime beaucoup construire autour d’une ou parfois deux émotions. Cela donne des mélodies à la fois joyeuses et chaleureuses tout en étant un peu froides.
Ces « paradoxes musicaux » on les retrouve souvent dans ta musique.
Je ne m’en rendais pas vraiment compte au début c’était inconscient, puis à force j’ai compris que j’étais vraiment à l’aise avec cette idée d’émotions contradictoires. J’aime vraiment ça, c’est pour ça que l’on peut les retrouver à beaucoup d’endroit sur l’album. Par exemple le paradoxe de l’auteur-compositeur-interprète qui s’oppose au producteur, ou celui de la musique folk qui s’oppose à l’électro. Musicalement, il y a aussi les oppositions entre des textes froids chantés sur des musiques plus chaleureuses ou des chœurs planant sur des musiques assez percussives. Ces juxtapositions d’émotions ajoutent une touche nostalgique et mélancolique à mes chansons.
Penses-tu à la scène lorsque tu composes tes chansons ?
Cela dépend des chansons, certaines s’y prêtent vraiment et d’autres moins. Quand je sens que la chanson est ouverte artistiquement, je me mets naturellement à trouver des idées autour du titre, pas seulement pour la scène. Dans ces cas-là, au moment de composer je m’imagine déjà la scénographie, les lumières, le clip ou même mes mouvements sur scène. Sur le titre « Got to Go » par exemple, j’avais déjà une vision très précise de comment je voulais l’interpréter.
Quelle(s) collaboration(s) rêverais-tu de faire ?
Pour le moment je n’ai pas de collaborations entamées même si j’ai quelques petites idées. Je sors d’une période de deux ans et demi de composition pour mon album donc pour l’instant je suis plus focalisé sur la tournée ! Mais dans un coin de ma tête, je me prends à rêver d’une collaboration avec LP, je pense que ça serait une belle expérience.
Lucas Leray
Le 06/04/17 au Théâtre Lino Ventura – Nice (06), le 07/04/17 à l’Usine – Istres (13) et le 29/04/17 à l’Espace Culturel André Malraux – Six Fours (83)
Crédit photo : Micky Clément