Malcolm et Angus Young, adolescents déscolarisés, se découvrent une passion pour la musique. Avec l’aide de leur grand frère George, les deux jeunes hommes fréquentent les studios d’enregistrement et grattent leurs premières guitares. Dans ces salles, l’euphorie des premières improvisations va se muer en laboratoire du rock. C’est la naissance d’une idée, le début d’une légende.
Novembre 1973, Malcolm Young cherche un nom à sa néo formation. Dans un monde où l’industrie devient la norme, quatre lettres anodines, sur le capot d’un aspirateur, éclatent aux yeux de sa sœur, Margareth. En français courant alternatif/courant continu, traduit immédiatement l’image musicale voulue par le groupe. Symbole d’une énergie brute mais aussi représentatif de leur amour pour la musique, le nom AC/DC est retenu par le clan Young. Le 31 décembre, les jeunes australiens débutent leur histoire au Chequers Club de Sidney. Durant les premiers mois, la composition du groupe est cependant instable et l’équipe peine à trouver une réelle osmose. En août 1974, après avoir réalisé la première partie d’un concert de Lou Reed, Malcolm Young va même remplacer son chanteur par le chauffeur de salle de cette soirée, Bon Scott. En novembre, lors de l’enregistrement de « High Voltage », premier album d’AC/DC, Malcolm confirme Bon au chant, fait appel à Tony Currenti pour la batterie et engage ses deux frères, Angus pour la guitare solo et George pour la basse. Basé sur des morceaux instrumentaux des frères Young, ce premier album est finalisé en moins de 10 jours et sort en février 1975, exclusivement en Australie. Les retours sont bons et amènent le groupe à réaliser sa première tournée nationale. C’est durant ces dates qu’Angus va adopter son célèbre et iconique costume d’écolier, judicieusement conseillé une fois de plus par sa sœur.
La carrière d’AC/DC est lancée. Après le second album « T.N.T. », salué par la critique et les fans, la popularité nationale du groupe ne cesse de grimper. Cependant, leur notoriété ne dépasse pas encore les frontières. En signant avec Atlantic Records, les Australiens vont enfin pouvoir hurler leur amour de la musique sur des terres inconnues, en participant cette année-là, à une première longue tournée européenne. AC/DC se fait alors remarquer en jouant les premières parties d’Aerosmith ou Kiss. « Dirty Deeds Done Dirt Cheap », troisième production d’AC/DC, est la première disponible à l’international. Une distribution confirmant la popularité croissante du groupe. « Let There Be Rock », premier succès du groupe sur le vieux continent, est même considéré comme un des classiques du rock et fait entrer AC/DC dans une nouvelle dimension. Cliff Williams intègre la formation au sortir de la tournée européenne en lieu et place de Mark Evans, un rôle qu’il ne quittera plus. Lors de la tournée nord-américaine, AC/DC poursuit son ascension de la scène musicale mondiale. Programmé en première partie de nombreux concerts, le groupe vole régulièrement la vedette aux artistes principaux et électrise les foules partout où il passe. AC/DC est dès lors reconnu, inspirant même de jeunes formations comme Iron Maiden. L’album « Powerage » sort à la fin de cette tournée et introduit les riffs hard du nouveau bassiste Cliff Williams. En 1979, après six ans de carrière et six albums, AC/DC marque l’histoire avec : « Highway To Hell ». Plus qu’un simple morceau, elle est la chanson mythique qui saute de plain-pied dans l’Histoire du rock. Connu et chantonné par tous, dépassant les styles et séduisant tous les genres, le titre ne cesse plus d’être passé sur les bandes FM. Le groupe assoit sa notoriété et devient incontournable, mais le 19 Février 1980, Bon Scott perd la vie. Asphyxié par ses propres vomissures au lendemain d’une soirée trop arrosée, le destin stoppe net la bande des frères Young. Se pose naturellement la question de continuer ou pas l’aventure. Avec une nouvelle voix, AC/DC décide de retourner en studio, c’est le début de l’ère Brian Johnson.
On aurait pu s’attendre à un déclin, l’exact opposé se réalise. Au cœur de l’été 1980, « Back In Black » fait entrer AC/DC au panthéon de la musique. Aujourd’hui encore, album de rock le plus vendu au monde, il regorge de nombreux classiques comme « Hells Bells », « Shoot To Thrill » ou l’éponyme « Back In Black ». Incontournable, le disque dissipe surtout une partie des craintes des fans suite à la mort de Scott. AC/DC est à son apogée, collectionnant alors les prix et proposant des shows toujours plus spectaculaires. La suite est presque une formalité. « For Those About To Rock We Salute You » se classe numéro 1 aux USA et la tournée « Cannon And Bell » fait entrer Johnson dans le cœur des fans. La suite, ce sont trois albums entre 1983 et 1985 aux succès plus timides. L’âge d’or du rock envolé, AC/DC reste tout de même la valeur sûre. « Blow Up Your Vidéo », en 1988, marque le retour au premier plan du groupe australien. « The Razors Edge » classe le titre « Thunderstruck » à la 5e place du Billboard Mainstream Rock Tracks. Les années 1990 sont largement consacrées aux concerts. Tournées et spectacles monstres, AC/DC fait lever les foules en masse. En 1991, ils sont à l’affiche de l’édition moscovite du Monsters Of Rock en compagnie de Metallica et Pantera. Le festival devient l’un des plus grands concerts de tous les temps attirant près d’1,5 millions de spectateurs. En 1995, le groupe réalise « Ballbreaker » aux sonorités hard blues rock survoltées d’antan et persiste dans cette direction artistique en signant « Stiff Upper Lip » en 2000. AC/DC se fait néanmoins plus discret en ce début de XXIe siècle. Toujours sur scène, le groupe est surtout félicité par la communauté pour son œuvre. Ainsi des rues sont rebaptisées AC/DC, comme en Espagne et en Australie. Presque dix ans après, AC/DC revient avec « Black Iced », succès de l’année 2009. Récompensé d’un Grammy Awards, le groupe montre qu’il n’a rien perdu de sa superbe. Surtout, le Black Ice World Tour emmène AC/DC sur la route pendant 20 mois, et cumule cinq millions de spectateurs, ce qui témoigne de la fidélité du public et de l’intérêt transgénérationnel suscité par le groupe. Le 16 avril 2014, le site officiel du groupe informe qu’« après quarante ans de vie dédiée à AC/DC, le guitariste et fondateur du groupe Malcolm Young a décidé de faire une pause au regard ses soucis de santé ». Une immense page se tourne. Son neveu, Stevie Young lui succède et fin 2014, le dernier album à ce jour enregistré par AC/DC, « Rock ou Bust », est commercialisé.
Le livre épais, passionnant, captive des milliards de personnes. Rock ou du hard rock, peu importe, AC/DC transcende la musique. Car au-delà des albums, il y a la passion, au-delà de la scène, il y a la communion. Rares sont les chanteurs ou musiciens capables de soulever des foules entières. Des masses, d’adolescents et d’adultes, sans aucune limite d’âge, tous agglutinés, admirant et vibrant avec ces désormais « papys » rockeurs. Aujourd’hui, et malgré la rumeur annoncée du départ de Brian Johnson, AC/DC est un mythe inébranlable. Les temps changent, les morceaux restent et le nom est immortel.
Thomas Bovyn
Le 13/05 au Stade Vélodrome – Marseille (13)
www.acdc.com