Jour 3 Coté Théâtre de Verdure
Une soirée qui commençait par un duo, Gregory Privat et Sonny Troupé Le premier au piano, le second derrière son Ka, une percussion traditionnelle des Antilles. Un dialogue entre les deux instrumentistes comme nous le présentera le pianiste lui-même dès le début du set. Une musique chaude et pas seulement à cause du soleil virulent de cette fin d’après-midi. Une musique où les sonorités caribéennes s’enchâssent dans un jazz moderne aux lignes mélodiques et rythmiques audacieuses. Deux jeunes musiciens à suivre. Deux musiciens que l’on reverra sans l’ombre d’un doute.
On quittait le théâtre de verdure pur suivre une partie de l’entretien du journaliste Ashley Khan avec l’historien Christian Delage à propos des cinquante ans du « Love Supreme » de John Coltrane. Maître Khan aura durant ce festival évoqué deux des figures primordiales du jazz, Billie et John!
Venait l’heure de Brad Mehldau…
Il a certes réinventé, dit-on, l’art du trio. Un jazz très technique, très froid où chaque note des trois musiciens est à la bonne place et à la bonne hauteur mais un peu exsangue. On eut aimé un peu plus d’émotions, on eut aimé que son jazz fût aussi coloré que son très beau pantalon orange (que vous ne verrez pas, toutes photos étaient interdites). Mais si on en juge aux applaudissements fournis ils en ont ravis plus d’un.
La fin de soirée était placée sous le signe du charme. Celui du chanteur Kurt Eilling. Costume beige avec la pochette assortie, chemise blanche, chaussures étincelantes. Et la voix, la voix surtout, langoureuse et puissante. Il semblait parfois vouloir avaler son micro d’un trait!
Parfaitement soutenu par ses quatre acolytes, il enchaine les titres, les reprises desquels, oh surprise, on reconnaitra le « When The Street Has No Name » de U2, transfigurée en une ballade à la Sinatra.
Une soirée bien différente de celle de la veille comme quoi le jazz a de multiples facettes.
Une rapide incursion coté Masséna, nous permit de découvrir le duo Ibeyi, deux jeunes franco cubaines et leur musique électro-ethnique non dénuée de charme.
Jacques Lerognon
Ou le lendemain d’une soirée exceptionnelle.
Difficile de trouver la motivation pour le 9, tant la soirée de la veille fut belle et unique. Au programme : deux découvertes et une énigme avec le concert de Miss Lauryn Hill. Après une très longue absence, une série de déboires financiers, judiciaires, familiaux… la chanteuse, icône des Fugees, reprend la route pour une tournée européenne (une seule date en France). Le public est présent, bouillant, chauffé par un DJ pour préparer l’arrivée de la Star. Tenue colorée, large chapeau sur la tête, après s’être assise sur le canapé rouge, le concert commence. Son mal ajusté, voix fatiguée, ou les deux ? Le concert me déçoit, par contre quel plaisir de la voir chanter, l’énergie toujours aussi débordante. Espérons que ce sera le déclic pour un nouveau départ artistique. Avant, en ouverture, Ibeyi ou les sœurs jumelles : un projet intéressant au carrefour des cultures cubaines, pop… A suivre ! La deuxième découverte était Hiatus Kaiyote, mélange surprenant de neo-soul /math rock. Déçu ? Non, si chaque soir il était possible de toucher le Nirvana, on s’y habituerait, perdant ainsi de sa beauté et… Miss Lauryn Hill est toujours Miss Lauryn Hill.