Jour 2 Coté Théâtre de Verdure
Le journaliste Ashley Khan propose une interview de Kendrick Scott, le batteur de Charles Lloyd sous la forme d’un blinfold test axé sur…les batteurs! Pas facile de le piéger. ” La batterie n’est pas un simple instrument mais tout un orchestre qui joue ensemble! ” nous expliquera t’il.
Au théâtre de Verdure, scène très dépouillée, deux amplis, deux micros, deux pupitres pour Indra et ses trois musiciens. Un set tout aussi dépouillé qui va à l’essentiel, la très belle voix d’Indra Rios-Moore, une guitare, une contrebasse et un sax ténor. Une teinte très bluesy pour ce répertoire fait de reprises jazz ou pop que la chanteuse introduit longuement avant chaque morceau. On notera la très belle cover du “Money” de Pink Floyd, rendu à son essence même, un riff de blues et une mélopée.
Mais le public attendait d’abord Kenny Barron, une véritable légende pour les amateurs de jazz. Imaginez, il a joué avec Chet Baker, Stan Getz, Ella et tant d’autres. Le voilà donc avec Kiyoshi Kitagawa et sa contrebasse et Johnathan Blake derrière ses futs. Solide trio qui a entamé le set par du Monk pour finir en rappel avec…du Monk mais en nous ayant régalé de reprises de Charlie Haden et de compos du leader dont le très chaloupé “Calypso” qui a fait bouger tout le public debout, sur ses chaises et même une petite fille de 4,5 ans qui dansait toute seule juste devant la scène. Un très grand moment, un peu court mais il y avait Charles Lloyd qui se préparait.
Le saxophoniste avait, certes, la démarche lente du Monsieur de 78 ans qu’il est mais dès qu’il a embouché son ténor on a retrouvé le jeune homme qui jouait avec Coltrane mais aussi Jerry Garcia (Grateful Dead) dans les sixties.
Mr Lloyd était accompagné de trois musiciens d’exception de la jeune garde du jazz étasuniens. Le pianiste aux dreadlocks Gerald Clayton (il était en leader à cette même place en 2013) ainsi que Joe Sanders et Kendrick Scott pour assurer tant la rythmique qu’un indéfectible groove. On entendait de-ci de-là, que certains étaient lassés par ce jazz modal et pourtant quelle beauté dans cette apparente simplicité. Du piano, du saxo ou même de la flute, les notes semblaient aller droit au cœur des spectateurs. En rappel, une superbe ballade initiée au piano puis rendant la main au ténor pour conclure à la nuit.
Des soirées comme celle-là, on en redemande déjà.
Jacques Lerognon
Une soirée mémorable :
Lors des chroniques CD du début d’année, j’aimais émis l’envie de voir sur scène deux artistes : Indra Rios-Moore et Benjamin Clementine. Hasard de la programmation, les deux chanteurs étaient au Nice Jazz Festival le même soir. Benjamin Clementine ouvrit la scène Masséna et là, l’émotion à l’état pur, une sensation extraordinaire vous envahit car en plus de la voix, il y a ce regard, parfois perdu, parfois intense. Ses yeux reflètent l’image de Nina Simone, son allure aussi. Difficile de revenir sur terre. Par chance, Jungle ne me séduit pas et le groupe me laisse ainsi du répit avant Asaf Avidan, le phénomène. Il y a un peu plus de deux ans, le Théâtre Lino Ventura attirait 700 personnes et ce mercredi soir 7000 étaient présents. Tout semble facile lorsqu’on le voit. Son show n’est jamais identique. Toujours plus investi dans sa musique, Asaf est un très grand et le public lui a bien rendu. Difficile de partir et de trouver le sommeil, surtout que je me suis échappé pour admirer Indra, Kenny Baron et Charles Lloyd. Ce 8 juillet sera l’une de mes plus belles soirées musicales et le Nice Jazz Festival ne s’est pas trompé dans sa programmation. Chapeau !