#NVmagLive Report
Le 19/07/23 – aux Temple & Carrières du Bon Temps – Junas (30)
18h, c’est dans le temple du village qui abrite les vitraux créés par Daniel Humair que nous nous rendons pour écouter le concert solo au bandonéon de Daniele di Bonaventura. Il commence par l’une de ses compositions avant d’enchaîner deux thèmes d’Astor Piazzolla. Le temple est plein, le silence est profond malgré les nombreux enfants venu écouter le musicien italien. « Le bandonéon n’est pas un instrument argentin comme on pourrait le croire, il a été inventé en Allemagne. Dans mon pays, on l’appelle l’harmonium du pauvre. » nous dit-il dans sa langue maternelle mais en parlant très doucement. Avant de jouer un vieux standard popularisé par Bill Evans. « Quand je joue en solo, je ne prépare pas de liste, c’est vous qui m’inspirez ce que je vais jouer même si vous ne le savez pas » et il interprète une vielle chanson de la campagne des Marches que son père lui a apprise et qu’il joue toujours pour le remercier de lui avoir permis de faire ce métier. Plus d’une heure de musique, d’improvisation qui se termine par une évocation de Charles Trenet et Michel Legrand. Une longue ovation debout conclut ce très fort moment de musique.
21h, dans les carrières encore ensoleillées, le groupe de la batteuse Anne Pacéo s’installe sur scène, les deux chanteuses Cynthia Abraham et Isabel Sörling, le claviériste Tony Paeleman, le guitariste Pierre Perchaud et le saxophoniste Christophe Panzani pour nous faire découvrir leur album « S.h.a.m.a.n.e.s ». Une musique où les voix se mêlent aux tambours pour nous entrainer dans un voyage introspectif. Le chant des trois jeunes femmes peut se faire très percussif sur une trame tissée par le saxophone (ou la clarinette basse) , la guitare et le son du Rhodes agrémenté des multiples effets dont Paeleman a le secret. On ne détaille pas la setlist, on évoque seulement la sorcière inventée par Anne Pacéo qui guérit plus qu’elle ne punit dans le thème « Piel ». qui débute le set et « Wide Awake », ses stances incantatoires qui le terminent. En rappel, sur le devant de la scène, Anne Pacéo tape sur un tom basse, entourée de ses musiciens qui chantent le très approprié « Marcher jusqu’à la nuit ».
Laquelle nuit et désormais profonde pour accueillir Sandra Nkaké et son projet « Scars”. Les cicatrices que la musique peut aider à guérir. Le son de la flûte et la voix de Ji Drû, la basse de Mathilda Hyanes, la guitare de Jérôme Perez ainsi que la batterie de Mathieu Penot favorisant ce « healing ». La voix puissante, chaude et éraillée (selon ses propres termes) de Sandra, ponctuée par les accords de sa guitare raconte sa vie, ses luttes, ses douleurs, ses révoltes mais aussi ses espoirs. La musique peut être blues, rock, se teinter de funk ou d’électro ou d’harmonies tribales. Et si, parfois comme elle le chante, « elle se sent seule avec ses ombres », sa générosité, son enthousiasme et celui de son groupe nous conduisent sur les voix de l’harmonie.
Jacques Lerognon