RAPHAËL IMBERT ET KARROL BEFFA, le 11 août 2016
C’est toujours avec le même plaisir que je franchis la porte de la villa Domergue pour aller écouter du jazz, d’une part, la maison, le parc sont si beaux et d’autre part, la programmation est très intéressante car nous sommes loin de celles dictées par des contraintes financières. Une ouverture, mi-jazz, mi-classique avec ce duo saxophone et piano. Inutile de présenter Raphaël Imbert, bien connu des amoureux de jazz de la Méditerranée. Je vous invite à vous documenter sur le cursus de Karrol Beffa, si vous ne le connaissez pas, pour comprendre, ou tout au moins essayer de comprendre, son approche musicale et apprécier à sa juste valeur ses performances. Un son d’une rare pureté, aucunes fioritures superflues, juste l’essentiel où chaque note tape dans le mille. Après trois morceaux (nous retrouvons cet esprit dans leur disque « Libres »), place à l’improvisation sur des thèmes donnés par le public. L’une fut extraordinaire : « gymnopédies et flamenco » où les deux musiciens nous firent partagés l’élégance et la beauté musicales qui sont les leurs, sans oublier l’improvisation sur un air de Bach. Une belle soirée devant un public conquis (le concert affiché « complet »), de très bon augure pour la suite. Un seul regret : le saxophone a étouffé un peu le piano, cela aurait si merveilleux de pouvoir en profiter pleinement.
ERIC SÉVA, le 12 août 2016
Pour cette deuxième soirée, un invité s’est fait remarquer : la fraîcheur, mais vu l’énergie sur scène, nous n’eûmes pas froid. Le quartet d’Eric Séva était à l’affiche, composé de son leader aux saxophones (Baryton et soprano), David Zimmermann (trombone), Bruno Schorp (contrebasse) et Matthieu Chazarenc (batterie), une formation de très grande tenue. Dès le premier morceau, « Folklores Imaginaires », le ton est donné : nous aurons un jazz dynamique, métissé de qualité. Le concert s’articula sur les morceaux des deux derniers albums, « Folklores Imaginaires » et «Nomade Sonore », parfois réarrangés pour être adaptés à ce quartet. Je ne connaissais pas ces musiciens et ce fut une très belle découverte. Après la soirée de la veille avec Raphaël Imbert, le saxophone était de nouveau à l’honneur, ainsi que le trombone car David Zimmermann fut bluffant. Un concert comme je les aime : de la très bonne musique devant un public heureux et nombreux.
LAURENT COULONDRE, le 13 août 2016
Formule plus classique pour ce troisième soir de Jazz à Domergue avec Laurent Coulondre, trio piano/contrebasse (Jérémy Bruyère)/batterie (Martin Wangermée). Tout auréolé de la Victoire du Jazz (catégorie «Révélation») nous eûmes un superbe concert qui s’est bien entendu articulé autour du dernier album « Schizophrénia ». Les amoureux cannois de jazz avaient pu apprécier en juin lors du Midem ce pianiste jonglant avec une dextérité féérique entre le piano et l’orgue Hammond. Le trio de Laurent Coulondre nous a entraînés pour notre plus grand bonheur dans son monde onirique, allant de la douceur de « Ballade Sous Les Pommiers » à la folie envoutante de « Shizophrénia », sans oublier la prestation de la chanteuse Laura David, invitée pour une chanson . Un concert en deux sets qui passa à une vitesse incroyable tant sa musique nous a séduits. Point noir : je reste toujours surpris par le manque d’éducation d’une partie du public (pourtant mûr et bien élevé en apparence) qui dès la dernière note courra vers la sortie à la quête certainement d’une illusion perdue, laissant Laurent Coulondre et ses musiciens, incrédules devant un tel spectacle et ne sachant pas s’ils devaient remonter sur scène pour le rappel. Pour clôturer cette déplorable anecdote, nous avons retrouvé une grande partie de nos pressés attendant finalement la navette pour encore de longues minutes.
MARJORIE BARNES, le 15 août 2016
Après trois soirées surprenantes et très haute tenue, quatrième et dernière (déjà et malheureusement) de Jazz à Domergue avec un concert, plus classique de la chanteuse Marjorie Barnes, accompagnée d’une très belle formation hollandaise, Equinox. Une voix suave sous la magnifique voute étoilée du jardin de la villa, qu’elle ait des accents blues, soul ou jazz, cela ne peut que séduire. Une merveilleuse façon de clôturer ces quatre jours de festival. Je pense que les organisateurs peuvent être heureux de la fréquentation car peu de chaises sont restées vides, preuve qu’il y a une belle place sur la Côte d’Azur pour des soirées jazz estivales, d’autant qu’aux mêmes dates (dommage, surtout que maintenant c’est le désert musical) avait lieu de Festival de Saint Jean Cap Ferrat. En tout cas, un grand coup de chapeau car dans ce cadre intimiste et exceptionnel, nous avons pu admirer quatre formations, rarement programmés dans les festivals importants. A l’année prochaine et pensez à suivre ce festival.